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Un dépassement nécessaire

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque
18.10.2009
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  • Le Groupe de poésie moderne(攝影: / 大紀元)

MONTRÉAL – Du 13 au 31 octobre, le Groupe de poésie moderne, et son énergie légendaire, présentera un ensemble de textes courts créés par Benoît Paiement et Bernard Dion, dans une mise en scène de Robert Reid pour la pièce De l’impossible retour de Léontine en brassière. Pour s’entretenir avec La Grande Époque, un comédien présent dans la compagnie depuis 14 ans : Christophe Rapin.

La Grande Époque (LGÉ) : Vous abordez la vie de Paul-Émile Borduas à l’intérieur de l’histoire théâtralisée d’une comédienne trop vieille pour jouer Léontine en brassière. Comment traiter d’un sujet documentaire dans cette fiction?

Christophe Rapin (C.R.) : La partie documentaire est complètement fictive. On prétend traverser la vie de Paul-Émile Borduas, mais le contenu est issu du Groupe de poésie moderne. On nomme les évènements réels de sa vie, de son combat pour faire valoir son travail, sa peinture, le Refus global, etc. Par contre, on recrée un contexte complètement imaginé par le Groupe de poésie moderne.

LGÉ : Quelles est le propos et le sens de la pièce De l’impossible retour de Léontine en brassière?

C.R. : La pièce parle beaucoup de l’implication et de la voie artistique. Il faut aller plus loin pour répondre à des défis artistiques. La notion de dépassement est nécessaire pour atteindre un résultat artistique. Il y a beaucoup de confusion aujourd’hui entre le culturel, l’artistique, le divertissant. Même moi, comme artiste, j’ai parfois du mal à m’y retrouver. Qu’est-ce que je fais finalement, qu’est-ce que je fais vraiment? Au sein d’un même projet, je peux me dire, ouais, c’est du divertissement, mais en même temps, il y a une qualité artistique. Est-ce que je suis seulement dans l’artistique? Non, je suis dans le culturel aussi, car on parle de société. Ces notions se mêlent entre elles. Elles sont très présentes dans le spectacle.

LGÉ : Vous jouez beaucoup sur les différents niveaux de langage. Comment ceux-ci sont-ils intégrés?

C.R. : Souvent, c’est directement dans l’écriture. C’est rarement plaqué par les acteurs. C’est dans l’écriture parce qu’on fonctionne d’une manière très formelle aussi. On s’en tient beaucoup à ce qui est sur la page : les mots, la ponctuation. On essaie de révéler ensuite une musicalité, une rythmique, dans un travail de chœur, mais le niveau de langue, lui, vient directement du texte. On a des codes qui se développent et aussi des découvertes. L’intérêt des niveaux de langage est d’en faire des collisions. Nous avons par exemple un langage soutenu et il se glisse un mot très québécois dans la phrase : «Tous ça pour arriver nul paw (part).»

LGÉ : Vous appuyez votre mission théâtrale sur le plaisir de dire, mais vous accordez au mouvement une grande place en chorégraphiant chaque mot. Comment coordonnez-vous mouvement et mot dans le processus de création?  

C.R. : La base du travail se fait assise, à table avec les textes, longtemps avant de les mémoriser. On trouve une musicalité, un rythme, un travail de chœur. On double la ligne, on coupe le mot et l’autre continu, etc. Il y a tout ce travail qui se fait à table. Ensuite, la mémorisation suit cette rythmique. On prend l’espace du plateau et le corps réagit à ces rythmes en fonction de la situation et des impulsions. Ce mouvement est exploité en fonction de la technique de biomécanique de Meyerhold. C’est quelque chose d’extrêmement séquencé selon un contre-mouvement, un mouvement principal et des arrêts qui pourraient faire penser par moments aux films du cinéma muet.

LGÉ : Dans le groupe de poésie moderne, les interprètes ont pour qualité commune d’être très créatifs et de prendre une part active au projet. Comment vous organisez-vous avec le metteur en scène?  

C.R. : C’est parfois très cacophonique, car chacun apporte son bagage créatif. Mais on fait des choix. C’est de l’ajustement permanent. Il faut que Robert Reid, le metteur en scène, tranche. Il ne peut le faire si les propositions sont faibles. Notre travail sur le plateau est de lui proposer des impulsions. Comment j’utilise l’espace et mon rapport avec les partenaires. Le travail en ce sens est motivant mais, par contre, très long. Il en va de centaines d’heures de répétitions. À un moment donné, on calculait que pour régler une minute de spectacle, ça nous prenait six heures de travail. C’est exponentiel!

Un bel exemple de persévérance et d’expérience vous attend à la salle Jean-Claude-Germain du Théâtre d’Aujourd’hui.

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