Le MI5 admet coopérer avec des pays peu scrupuleux

Écrit par Damian Robin, La Grande Époque
20.10.2009
  • Jonathan Evans, directeur général des services secrets domestiques britanniques(Stringer: MARK WAUGH / 2007 AFP)

BRISTOL – Le chef du MI5, service britannique du renseignement intérieur, a admis la semaine dernière que son agence coopérait avec des pays pratiquant la torture. Il a assuré que cela était nécessaire pour protéger les citoyens britanniques dans la foulée du 11-septembre.

Bien qu'il ne puisse s'exprimer directement concernant de récentes allégations, Jonathan Evans, le directeur général du MI5, a déclaré que son service avait opéré dans des pays où les pratiques et normes sont «très loin des nôtres». Il a fait ces remarques durant un évènement privé à l'Université de Bristol dans le cadre du centenaire de l'organisation.

«Maintenant, après huit ans, nous avons une meilleure compréhension de la nature et de l'étendue des capacités d'Al-Qaïda», a-t-il mentionné. «Mais nous n'avions pas cette compréhension durant la période suivant immédiatement le 11-septembre.»

«Nous avons vu près de 3000 personnes tuées aux États-Unis, dont 67 étaient britanniques. Nous étions au courant que le 11-septembre n'était pas la finalité des ambitions d'Al-Qaïda. Et il y avait la réelle possibilité que des attaques similaires fussent en planification et possiblement imminentes.»

«Nos ressources en renseignement n'étaient pas adéquates pour faire face à la situation, et la racine du problème du terrorisme se trouvait dans des endroits du monde où les normes et pratiques des services de sécurité locaux étaient très loin des nôtres.»

Il a affirmé qu'Al-Qaïda avait planifié d'autres attaques de grande envergure après l'écrasement des deux avions dans les tours jumelles du World Trade Centre à New York et qu'ainsi la recherche de renseignements n'était pas qu'une «simple question théorique».

«Les détails de certains de ces plans ont été dévoilés lors de l'interrogation de détenus par d'autres pays, y compris les États-Unis, dans la période suivant le 11-septembre. Des enquêtes subséquentes sur le terrain, y compris au Royaume-Uni, ont confirmé ces allégations», a-t-il expliqué.

«À mon avis, nous aurions manqué à notre devoir si nous n'avions pas travaillé prudemment avec des liaisons étrangères qui étaient dans une position pour fournir des renseignements qui pourraient protéger ce pays d'une attaque.»

Cependant, il n'a pas défendu les sévices commis par les agents américains, y compris les cas de simulacre de noyade de suspects comme le présumé cerveau des attentats du 11-septembre, Khalid Sheikh Mohammed.