DUBAÏ – Un nouveau livre affirme que les milliers d'Iraniens qui se rendent chaque année à Dubaï pour obtenir des visas américains se font questionner sur des sujets politiques sensibles relatifs à leur pays d'origine.

Les responsables américains au consulat à Dubaï chercheraient à recruter des sources potentielles parmi ces Iraniens souhaitant voyager aux États-Unis. Le livre, Dubai: The Story of the World's Fastest City, cite des sources diplomatiques affirmant que le consulat est utilisé pour effectuer la collecte de renseignements, étant donné qu'il n'y a plus d'ambassade américaine formelle à Téhéran depuis 1979.

Selon l'auteur Jim Krane, le volume d'information recueilli par le consulat est tel que la Central Intelligence Agency (CIA) aurait fait pression pour que le Département d'État ? influencé par des considérations budgétaires ? ne ferme pas la mission. «[Les gens de] la CIA voulaient la garder ouverte à cause de la valeur des renseignements qu'ils obtenaient […] Elle est importante pour eux car ils n'ont pas d'agents à Téhéran bénéficiant de l'immunité diplomatique», écrit M. Krane.

Les responsables liés aux services de sécurité du consulat ont refusé de commenter les allégations lorsqu’ils ont été contactés le 30 septembre. Un porte-parole officiel de la CIA a également décliné tout commentaire. Jim Krane estime que les questions principales posées aux demandeurs de visas concernent le programme nucléaire iranien et les attitudes face au gouvernement.

L'auteur affirme que d'ex-employés du consulat lui ont dit qu'on demandait aux sources «utiles» de revenir à plusieurs reprises afin d'en extraire un maximum d'informations, et c'est seulement après coup qu'une décision était prise quant à l'octroi du visa.

La communauté iranienne de Dubaï s'élève à 200 000 membres, dont beaucoup sont impliqués dans les échanges commerciaux volumineux entre l'Iran et les Émirats arabes unis.

La Grande Époque a contacté deux résidants iraniens qui ont fait la demande de visas américains. Ils affirment ne pas avoir été questionnés par des responsables du consulat. Tous les deux ont préféré garder l'anonymat.

Un porte-parole de l'ambassade iranienne à Abu Dhabi a affirmé ne pas être au courant de cette affaire.