Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Égaux seulement sur le champ de bataille

Écrit par Joan Delaney, La Grande Époque
10.11.2009
| A-/A+

  • Des aînés et des vétérans autochtones entrent dans le cimetière canadien no 2 au mémorial de Vimy, en France.(攝影: / )

Ces autochtones qui ont combattu pour la liberté de l'Europe, mais qui n'avaient pas le droit de vote au Canada

Tom Longboat avait tout à perdre lorsqu'il s'est enrôlé en 1916.

Un Onondaga de la réserve Six Nations Grand River en Ontario, Longboat était un champion du monde en course longue distance. Il avait gagné le marathon de Boston en 1907 dans un temps record et, deux ans plus tard, il avait triomphé au championnat du monde de marathon au Madison Square Garden à New York.

Sa carrière sportive était fulgurante. Néanmoins, à l'âge de 29 ans, il a tout abandonné pour le chaos de la Première Guerre mondiale en Europe.

Longboat est un des quelque 15 000 autochtones (incluant Inuits et Métis) à avoir combattu dans la guerre des Boers (1899), les Première et Seconde Guerres mondiales et la guerre de Corée. Parmi eux, plus de 500 y ont perdu la vie.

Dans les deux grandes guerres, les soldats canadiens autochtones étaient impliqués dans chaque bataille et campagne majeures et ils ont reçu de nombreuses médailles et décorations. Certains excellaient en tant que tireur d'élite et éclaireur, s'appuyant sur leurs habiletés traditionnelles de chasseur et de guerrier.

Tom Longboat a pu mettre à profit son talent de coureur, devenant un messager avec le 107e Bataillon de Pionniers en France.

La plupart des recrues autochtones étaient enrôlées dans l'armée de terre, car la marine et la force aérienne avaient des politiques raciales exclusives. Même s’ils n'étaient pas obligés de s'enrôler, l'enthousiasme était tel que certaines réserves s’étaient pratiquement vidées de jeunes hommes.

Tout comme chez les non-autochtones, les raisons de l'enrôlement d'individus des Premières Nations étaient variées. Mais pour certaines communautés, c'était peut-être «un truc culturel», estime Scott Sheffield, un historien de l’University of the Fraser Valley en Colombie-Britannique.

«Certaines des Premières Nations des Plaines possédaient des traditions guerrières très ancrées et ces dernières étaient devenues insoutenables avec l'avènement des réserves à la fin du 19e siècle et au début du 20e. Des centaines d'hommes des Premières Nations des Plaines ont pu s'enrôler et servir durant la Première Guerre mondiale et peut-être faire revivre ou maintenir certaines traditions guerrières.»

Il ne fait aussi aucun doute, affirme M. Sheffield, que certains autochtones – vivant à l'époque où les préjugés raciaux étaient extrêmement forts et présents dans la vie quotidienne – se sont enrôlés avec l'objectif de se faire valoir. «Tommy Prince, par exemple, est le soldat autochtone le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale. Certaines biographies à son sujet indiquent en quelque sorte, qu'il en avait gros sur le cœur : il devait tout simplement démontrer qu'il était aussi bon, sinon meilleur que n'importe quel homme blanc. Et son service militaire a été vraiment extraordinaire, peut-être en raison de cette motivation.»

  • Le sergent Tommy Prince (droite) est le soldat autochtone le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale(攝影: / 大紀元)

Un membre de la nation Brokenhead Ojibway du Manitoba, Tommy Prince est un des soldats canadiens les plus décorés. Héros de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée, il est un des très rares non-Américains à avoir reçu la Silver Star, une décoration américaine soulignant le courage au combat.

Un des actes de bravoure légendaires de Tommy Prince est survenu à l'été 1944 lorsqu'il a marché pendant des jours sans eau ni nourriture à travers des kilomètres de terrain montagneux, profondément derrière les lignes allemandes dans le sud de la France pour localiser un camp ennemi. Il s'est rapporté et a ensuite guidé sa brigade vers l'emplacement, ce qui a mené à la capture de plus de 1000 soldats allemands.

Mais Tommy Prince est revenu d'Europe dans un pays où les autochtones n'étaient même pas considérés comme des citoyens et n'avaient pas le droit de voter. Pour ajouter l'insulte à l'injure, les autochtones vétérans devaient livrer une autre guerre à domicile afin d'obtenir les mêmes avantages que ceux octroyés aux autres vétérans canadiens.

Le retour à la maison était aussi problématique pour plusieurs, car outre-mer ils étaient traités en égaux dans l'armée, ils étaient acceptés et respectés. Lorsqu'ils s'entraînaient en Angleterre, les soldats autochtones pouvaient aller dans une taverne prendre une bière avec leurs frères d'armes, ce qui était impossible au Canada où les membres de Premières Nations étaient bannis des endroits servant de l'alcool.

De plus, la vie sur la réserve était en grande partie contrôlée par des agents autochtones, dont la plupart dirigeaient avec une main de fer, explique M. Sheffield.

«De nombreux vétérans ne voulaient plus rien savoir de ça. Plusieurs d'entre eux avaient de la misère parce qu'ils n'étaient pas préparés à retourner dans le même rôle servile et je crois que ce fut un retour à la maison difficile.»

Cela peut peut-être expliquer pourquoi après le début de la guerre de Corée, de nombreux autochtones ayant combattu en Europe se sont rengagés.

«Lorsque la [guerre de] Corée a éclaté, le premier contingent à être envoyé à l'étranger en 1950 comprenait un grand nombre de soldats autochtones», mentionne M. Sheffield, qui effectue une étude comparative des expériences de guerre et d'après-guerre des peuples autochtones du Canada, des États-Unis, et des aborigènes d'Australie et de Nouvelle-Zélande.

Les femmes autochtones ont également contribué durant la Seconde Guerre mondiale en tant qu'infirmières auprès des soldats blessés. Elles ont également aidé à amasser des fonds pour fournir des ravitaillements aux troupes et elles ont occupé des rôles non combattants dans les branches des forces ouvertes aux femmes.

Tommy Prince a effectué deux tours opérationnels en Corée. Lorsque la guerre a pris fin, il boitait en raison d'une précédente blessure à un genou et il a été libéré de l'armée avec une pension d'invalidité. Tristement, il a sombré dans l'alcoolisme et la pauvreté, et est décédé en 1977, dans l'anonymat et la solitude, à l'âge de 62 ans.

Quant à Tom Longboat, il a été blessé à deux reprises durant son service et a déjà été considéré «disparu déclaré mort», mais il a survécu à la guerre et est retourné au Canada. Il est décédé en 1949, également à l'âge de 62 ans. Il est membre du Panthéon des sports canadiens et du Temple de la renommée des Indiens.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.