Les parisiens habitués à des défilés protestataires et bruyants ont assisté samedi 21 novembre à un rassemblement inédit dans les rues de la capitale: Près de 1 000 sympathisants du mouvement bouddhiste Falun Gong ont traversé les quartiers chinois de la ville avec un pacifisme qui a su transmettre leur message au moins autant que leurs banderoles. Le rassemblement coloré  de ces protestataires discrets marquait 10 années de la répression sanglante de leur pratique par le régime communiste chinois.

Commencé vers midi dans le quartier chinois de Belleville, le premier cortège s’est achevé trois heures plus tard place de l’Hôtel de  Ville après avoir traversé le quartier Rambuteau, habité par les commerçants "Wenzhou", ceux de la première vague d'immigration chinoise arrivée à Paris au XIXème siècle. Puis, en fin d’après-midi, les manifestants ont animé pendant deux heures le 13ème arrondissement de la capitale, autre quartier chinois peuplé lui des migrants du Sud-Ouest arrivés à Paris dans les années 1960 et 1970.

«Nous nous réunissons aujourd’hui dans le but d’informer l’opinion publique de ce qu’est réellement le Falun Gong et de lui faire comprendre les raisons de la cruelle persécution de ses pratiquants par le régime totalitaire actuellement en pouvoir en Chine, afin de la faire cesser» a déclaré Alain Tong, président de l’Association de Falun Dafa France. «Nous savons à ce jour que 3 326 pratiquants identifiés ont été torturés à mort, mais le vrai chiffre est à multiplier par je ne sais combien. Des milliers [de pratiquants] sont enfermés dans des camps des travaux forcés et des prisons… La nouvelle la plus accablante est le trafic d’organes prélevés de force, sur nos amis en Chine» a t-il expliqué dans son discours d’ouverture de la parade.

En tête du cortège dont le départ a symboliquement été annoncé par l'allumage de grappes de pétards se trouvait la fanfare Tian Guo, composée de 120 musiciens de différents pays européens. Vêtus de costumes traditionnels chinois de la dynastie Tang de couleurs blanc et bleu et agrémentés sur la poitrine et dans le dos du caractère chinois 樂 (Tang), les musiciens ont transmis leur message de paix d’une façon très rythmée,  annonçant immédiatement la couleur générale du défilé: l'art contre la brutalité, le pacifisme contre la violence.. Suivait ensuite une cinquantaine de chinois habillés en vêtement traditionnel jaune doré, faisant la démonstration des exercices énergétiques du Falun Gong.

Puis un groupe de femmes habillées en blanc, marchant en silence en tenant les photographies de membres du mouvement torturés à mort par le régime chinois.. Tout de suite après, à l'arrière d'un camion,  des acteurs déguisés en policiers chinois illustraient des méthodes tortures communément utilisées  dans les camps de rééducation par le travail. «Nous vous soutenons!» lançaient de nombreux passants, auxquels étaient abondamment distribués des dépliants d'information.

«Il est si facile de parler de liberté dans un pays de liberté, mais en Chine elle n’est pas facile à obtenir" soupire Man Yan Ng, directeur de l’International Society for Human Rights, venu spécialement d’Allemagne pour assister au rassemblement. "Des millions de membres de Falun Gong en Chine adhèrent aux principes universels de vérité, bienveillance et tolérance, c’est pourquoi ils ne veulent pas suivre les instructions du parti communiste qui contrôle la pensée humaine» «En tant que société de défense des droits de l’homme nous savons que le régime communiste chinois est le champion du monde de la violation de droits de l’homme et cherche même à transformer sa brutale persécution en business profitable. De nombreux hôpitaux en Chine font un grand nombre de transplantation d’organes sur des personnes venant du monde entier et la plupart de ces organes vient de pratiquants de Falun Gong» a-t-il rapporté.

Et comme tout est symbolique en Chine, la dernière partie du défilé semblait ouvrir sur le futur puisqu'elle annonçait à grand renfort de vastes banderoles que plus de 63 millions de chinois ont depuis 2004 démissionné du Parti Communiste ou de ses organisations affiliées  (la ligue de la Jeunesse Communiste et les Jeunes Pionniers). Quelques enfants s'amusaient enfin dans les dernières lignes de manifestants, comme pour annoncer déjà une Chine de demain plus respectueuse de ses traditions et de ses citoyens.