Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Redonner un monde à l'enfance ou comment répondre aux besoins des enfants

Écrit par PetitMonde.com
05.11.2009
| A-/A+

  • couple enfant dansant(攝影: / 大紀元)

Dans un monde idéal, l’entraide, la coopération et l’esprit communautaire seraient au cœur de nos vies familiales. Les mères de jeunes poupons seraient conseillées et soutenues dans cette tâche ardue qu’est prendre soin d’un nourrisson. La télévision, l’ordinateur et les jeux vidéo resteraient éteints pour les moins de 3 ans. On mangerait sainement, papa et maman se baladeraient main dans la main en compagnie de leurs petits dans les vertes campagnes.

Mais dans la réalité, il en va tout autrement. Et pas pour le meilleur, vous l’aurez compris. Chantale Proulx, psychologue, enseignante et auteure du livre « Un monde sans enfance », a gentiment accepté de répondre aux questions de PetitMonde.com concernant nos failles et nos manquements, tout en soumettant ses pistes de réflexion.

PetitMonde : Selon vous, les parents élèvent leurs enfants sans tenir compte de leurs besoins. Quels sont leurs besoins ?

Chantale Proulx : En fait, les parents sont persuadés qu’ils tiennent compte des besoins de leurs enfants, mais en réalité, ils ne le font pas, parce qu’on a créé pour les petits une multitude de faux besoins. Je crois qu’il faut revenir à l’essentiel. D’une part, les enfants ont d’abord besoin d’être aimés et accueillis – ce que j’appelle «être portés» –. D’autre part, ils ont besoin de jouer librement. Le jeu libre est fondamental pour les petits.

PetitMonde : Pourtant, on pointe du doigt les parents qui créent trop d’activités pour leurs enfants, qui s’obligent à devenir leurs G.O. (gentils organisateurs). On les blâme d’en faire trop et pas assez. Où doit-on se situer ?

Chantale Proulx : Peut-être qu’on ne s’entend pas sur la notion de «jeu libre». Ce que je prône dans mon livre, c’est une plus grande place pour le jeu où l’enfant est laissé à lui-même, où il peut développer son imaginaire. Je ne parle pas d’activités prévues et inscrites dans un agenda: celles-ci, je les dénonce parce qu’elles viennent justement à l’encontre de cette notion de «jeu libre». Les parents s’obligent à jouer les organisateurs et les chauffeurs de taxi pour leurs enfants au lieu de se mettre en situation d’activité naturelle avec eux.

PetitMonde : Qu’entendez-vous par «activité naturelle» ?

Chantale Proulx : Par exemple, quand le parent vaque à ses propres occupations et qu’à ses côtés, l’enfant joue avec ses blocs. Ou encore – et surtout – lorsqu’il joue dehors avec d’autres enfants. En fait, ce qui leur cause le plus de tort, c’est le nombre d’heures passées devant un écran: jeux vidéo, téléviseur, ordinateur, etc. Ce ne sont pas des contacts réels avec la vie. Aujourd’hui, les enfants ont soit des activités dirigées, soit un écran devant les yeux. Ils ne passent plus de temps dans la nature ou dans le réel. Tous les parents veulent ce qu’il y a de mieux pour leur enfant, mais ce que je constate, c’est qu’ils ont perdu confiance en leur capacité d’être un bon parent, et ils estiment que la télévision est meilleure pédagogue qu’ils ne le sont.

PetitMonde : Est-ce réellement par manque de confiance en eux qu’ils permettent à leurs enfants d’être devant un écran ou bien est-ce parce qu’ils sont trop fatigués et que cela leur apparaît comme une solution plus facile?

Chantale Proulx : Un peu des deux. Plus on est fatigués, plus on achète les messages sociaux, lesquels nous disent qu’il faut se débarrasser de nos enfants. On nous dit que les enfants sont mieux en garderie qu’avec nous, que Bébé Einstein est bon pour eux, alors que toutes les études en psychologie montrent le contraire, etc. Ce qui est dangereux, c’est qu’on finisse par perdre notre gros bon sens. Évidemment, c’est facile de laisser son enfant devant un ordinateur ou la télé parce qu’on a la paix durant ce temps. Mais il y a de graves conséquences reliées à ça.

PetitMonde : Quelles sont les conséquences néfastes dues à une surdose de télé ou de jeux vidéo ?

Chantale Proulx : Les effets de la télé sur le cerveau des enfants sont beaucoup plus graves que ceux engendrés par la fumée secondaire, sur leurs poumons. Si ça a pris autant d’années avant qu’on change nos habitudes avec le tabagisme, c’est parce que ça ne nous tentait pas d’arrêter de fumer. C’est la même chose pour la télé: on commence à être conscient de ses dangers pour les petits, mais ça ne nous tente pas de l’éteindre parce qu’elle a un pouvoir hypnotique sur eux, et on s’en sert comme mesure disciplinaire. Mais on sait qu’à fortes doses, la télévision entraîne l’obésité, entrave le développement du lobe préfrontal causant des difficultés de concentration, des déficits d’attention, diminue le taux de mélatonine et donc la qualité de leur sommeil, etc. Mais nous ne sommes pas encore prêts, en tant que société, à intervenir.

PetitMonde : Qu’est-ce qui est considéré comme une dose excessive de télévision ?

Chantale Proulx : Tout dépend du groupe d’âge. Entre 0 et 3 ans, les sociétés de pédiatrie recommandent son abstention totale. Entre 3 et 7 ans, c’est moins grave et au-delà de 7 ans, ce l’est encore moins.

PetitMonde : Mais certains parents sont tellement démunis que la télé constitue leur ressource, leur seul lien social. Ces individus-là n’auront jamais accès aux études et recommandations que vous citez, et encore moins à votre livre. Ne prêchez-vous pas à des convertis ?

Chantale Proulx : Ce n’est pas pour eux que j’ai écrit ce livre parce que leurs problèmes se situent à un autre niveau, et le type d’intervention que l’on peut faire avec ces individus, est d’un tout autre ordre.

PetitMonde : Mais ce monde sans enfance que vous soulevez dans votre livre, n’est-il pas davantage le lot des enfants issus de ces familles sans tissu social et sans ressource ? Que proposez-vous alors pour les conscientiser sur les problématiques que vous décrivez ?

Chantale Proulx: On les rejoint tout doucement grâce à la circulation de l’information – comme avec cet article – et par l’éducation, qui en fait, est la seule solution que j’ai trouvée jusqu’à présent (1). Les changements se font toujours graduellement.

PetitMonde : Vous qualifiez la garde partagée des enfants de fléau, et vous considérez les séparations comme une maltraitance des enfants. Le choix de se séparer n’est pas facile et parfois, n’est même pas un choix. Ne croyez-vous pas que votre discours est culpabilisant ?

Chantale Proulx : Je ne peux pas éviter la culpabilité à quiconque se sent coupable. Avec ce livre, j’en appelle à la responsabilité et à la conscientisation. Quand je parle de garde partagée d’un enfant en bas âge, et des conséquences que cela a sur lui, comme des terreurs nocturnes, des troubles d’anxiété, j’en appelle au bon jugement des parents quant au choix qu’ils feront sur le mode de garde. Est-ce que la garde partagée est adéquate pour leur petit ? Je ne le pense pas et je ne fais que relever ce que les études soulèvent depuis 1945.

PetitMonde : Quelles sont vos solutions pour redonner à notre monde, l’enfance ?

Chantale Proulx : Il faut nourrir leur imaginaire en leur lisant des contes de fées, passer davantage de temps en famille et dans la nature, améliorer leur estime d’eux-mêmes, autrement qu’en leur adressant des compliments à outrance, et les voir comme ils sont et non comme on voudrait qu’ils soient.

 (1)Chantale Proulx enseigne à l’Université de Sherbrooke

 

  • logo petitmonde.com(攝影: / 大紀元)

D'autres articles de 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.