H2Oil - Saisir l’ampleur du désastre dans notre «propre» pays

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque
02.12.2009

Montréal – Une lutte entre l'eau et le pétrole, est-ce possible? La documentariste Shannon Walsh y répond clairement. Le processus d'extraction des sables bitumineux en Alberta est à la source de son film : quatre barils d'eau douce sont nécessaires pour produire un seul baril de pétrole brut, il faut chauffer le minerai et l’extraire avec de l'eau pour retirer le pétrole du sable et de l’argile. Beau procédé bien polluant…

Walsh nous informe que la province compte répandre le procédé d’extraction à grande échelle, alors que les impacts sociaux, écologiques et humains s’en ressentent déjà! H2Oil suit ceux qui tentent de défendre l'eau en Alberta contre l'expansion des sables bitumineux. Cette province se trouve sur l'une des plus grandes nappes d'hydrocarbures récupérables dans le monde, juste derrière l'Arabie saoudite.

Beaucoup d'énergie, beaucoup d'eau, une empreinte écologique immense. Cela se voit par les changements massifs dans la forêt boréale et la rivière Athabasca, déclarée par les Nations Unies comme zone de surveillance mondiale pour le changement de l'environnement. Les projets de sables bitumineux sont les principaux émetteurs de gaz à effet de serre. À tel point qu’il est impossible de satisfaire aux obligations prévues à Kyoto pour les réductions prévues. Tout cela se retrouve dans le film où chaque point est défendu avec cohésion.

Les plans paysages dévoilent la dévastation écologique accompagnée d’une sombre trame musicale. Cette amplification dramatique n’est pas nécessaire : il n’y a qu’à ouvrir les yeux sur les bassins de résidus. Ils couvrent actuellement près de 50 km2 de la forêt boréale, visible depuis l'espace. Ils sont une menace directe pour la faune, sans compter les risques d’effondrement du barrage. Aucune étude n’existe qui prouve le succès d’une remise en bon état de la terre saccagée.

Dernier argument de masse qui vaille la peine de voir H2Oil : les incidences médicales que dénonce le Dr John O'Connor, un médecin de la région. La communauté locale de Fort Chipewyan installée non loin de la rivière Athabasca et du chantier de sable bitumineux est victime d’une augmentation de cancers dans la région. Les communautés autochtones, dont le régime alimentaire inclut une grande quantité de poissons, sont particulièrement à risque. À voir l’aspect déformé des poissons, dont le niveau de mercure peut atteindre 98 % de plus que la norme, l’inquiétude se pointe. C’est le documentaire incontournable pour saisir l’ampleur du désastre pétrolier dans notre «propre» pays.

H2Oil est réalisé par Shannon Walsh et à l’affiche du cinéma Parallèle dès le 4 décembre 2009, à quelques jours de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (Copenhague).