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Le scénario au cinéma est-il si essentiel?

Écrit par Alain Penso
20.12.2009
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  • (攝影: / 大紀元)

Alfred Hitchcock considérait le film fini une fois le scénario écrit

Le scénario est indispensable pour construire un film lisible, loin des symboles qui peuvent curieusement parasiter une histoire prenante, en s'éloignant des trucages qui absorbent souvent toutes les énergies d'un film. Alfred Hitchcock disait que sans une bonne histoire il ne peut pas y avoir de film. Dans Psychose (1960), et Les oiseaux (1963) toutes les situations sont analysées, dessinées même par le réalisateur amenant les preuves convaincantes que l'écriture rigoureuse d'un scénario est essentielle dans la construction d'un film. C'est le fondement de sa « mécanique ». Certains cinéastes prennent leur scénario à la lettre et tournent rigoureusement tout ce qui y figure sans opérer le moindre changement C'est le cas avec Patricia Moraz. Elle a tourné son premier film Les indiens sont encore loin (1977) avec Christine Pascal, Isabelle Huppert et Mathieu Carrière sans rien modifier.

 

Alain Corneau considère le scénario comme une simple approche du sujet.

Lorsqu'Alain Corneau tourne Série Noire d'après un roman de Jim Thompson, il propose à ses acteurs de jeter le scénario à la poubelle s'ils le désirent. Le texte pouvait être changé, amélioré pour qu'ils puissent mieux le prononcer. Les scénaristes hollywoodiens ne travaillent pas de la même façon qu'en Europe. Ils écrivent en équipe et se confrontent. C'est souvent des écrivains engagés par contrat pour une période donnée. Le scénario n'appartient pas à un individu ou à plusieurs mais à la société de production. Pour cette raison de nombreuses œuvres cinématographiques ont été dénaturées par les administrateurs des sociétés de production. Ce type de problème serait jugé par les tribunaux en France où les droits d'auteur du scénariste et du réalisateur ne peuvent être ignorés par les producteurs.

 

Le cinéma de Michael Cimino : La porte du paradis

Le cas du film de Michael Cimino est exemplaire pour son scénario de La porte du paradis (1980). Le Studio United Artists produit un film inspiré d'un fait divers, le meurtre organisé d'une centaine d'immigrants par une association de puissants propriétaires dans le comté de Johnson en 1890. Le film prévu pour deux millions de dollars en a coûté 40 millions et précipité la société à la faillite. Cette œuvre a abouti à la plus grande catastrophe financière de l'histoire du cinéma et ruiné la United Artists. Michael Cimino analyse une fois de plus une Amérique cruelle et sanglante, après Voyage au bout de l'Enfer (1978), puis plus tard dans L'Année du dragon (1985) où contrairement à ce que disait la critique américaine Cimino fait preuve d'ouverture. Il analyse le microcosme chinois avec finesse et intelligence égratignant au passage les Polonais plus intégrés, mais presque dominateurs. Mickey Rourke interprète l'un de ses meilleurs rôles au cinéma.

 

Les acteurs et les scénaristes collaborent pour tourner des films originaux

Dans le cinéma américain existent de nombreux exemples où des acteurs, des scénaristes, ou même des assistants réalisent des films très rapidement. Les acteurs amènent à la production une part importante du budget, car souvent ils jouent dans leurs films, c'est le cas de: Clint Eastwood, John Cassavetes (1929-1989), Sean Penn, John Berry (1917-1999). Ce dernier avait tourné le rôle d'un projectionniste père de Patrick Dewaere dans F comme Fairbanks de Maurice Dugowson. Charles laughton (1899-1962) est, évidemment, l'exemple le plus extraordinaire avec un film exceptionnel : La nuit du chasseur (1955). Avant de revenir aux acteurs citons ce film formidable Johnny got his Gun (Johnny s'en va-t-en guerre) (1971) sommet du cinéma de l'antiviolence et du pacifisme de ce talentueux scénariste Dalton Trumbo qui était sur la liste noire à l'époque du maccarthysme.

 

De nombreux acteurs et actrices ont tenté de tourner des films.

 

De Didier Haudepin à Christine Pascal

Didier Haudepin, comédien de théâtre et acteur de cinéma, s'est beaucoup intéressé à Ken Loach, le fameux réalisateur anglais de Familly life (1971) et Le vent se lève - palme d'Or à Cannes en 2006. Il a tourné plusieurs films dont les deux premiers sont très bons, Paco l'infaillible (1980) avec Patrick Dewaere, Christine Pascal, et Jean Bouise, Alfredo Landa.

 

Elsa, Elsa (1985). Christine Pascal, un être surdoué, étudiante en lettre à Lyon, rencontre Bertrand Tavernier qui lui propose un rôle dans L'horloger de Saint Paul (1973) avec Philippe Noiret. Elle tournera dans cinq films avec lui dont Les enfants Gâtés, où elle sera coscénariste.

 

En 1979, elle tourne son premier film autobiographique Félicité (1979) où elle jouera le rôle principal. Œuvre passionnante et brillante qui lui permettra de prendre du recul avec le métier de comédienne. Ses films suivants sont : La Garce (1984), Zanzibar (1989). Elle est la scénariste de ces cinq films. En 1992, elle écrit sur un sujet sensible Le petit prince a dit (1992) avec Richard Berry et Anémone et obtient le prix Louis-Delluc en 1992. Christine Pascal considérait que le scénario était la clé  essentielle et incontournable d'un film dans lequel elle exprimait toute cette sensibilité qui l'a sans doute déçue lors de la sortie de son dernier film: Adultère, mode d'emploi (1995). Michel Mitrani lui propose son premier grand rôle dans Les Guichets du Louvre, traitant de la rafle du Vel d’Hiv. Une interprétation émouvante d'une juive qui ne pourra échapper, malgré l'intervention d'un jeune homme, à la police française consciencieuse dans sa tâche. Ce personnage la touchera sa vie durant et mettra dans l'écriture de ses propres films une sensibilité attentive aux minorités.

 

Dans le film d'Eric-Emmanuel Schmidtt, Oscar et La Dame Rose (2008) avec Michèle Laroque, Mylène Demongeot, Max Von Sydow, Amir Ben Abdelmoumen, l'histoire est celle d'un enfant atteint d'une leucémie qui n'a plus que 12 jours à vivre. Traité sur un mode de comédie Eric-Emmanuel Schmidtt reprend son livre éponyme. Le sujet est à peu près le même que celui de Christine Pascal, Le petit Prince a dit (1992) : une petite fille, Violette est atteinte d'une tumeur au cerveau. Son père et sa mère, séparés depuis un moment, se retrouvent autour de leur fille, le vrai amour de leur vie.

 

La science-fiction comme moyen d'exprimer son angoisse du futur

Le cinéma américain crée des films par vagues de genres, la science fiction par exemple, et de sujets, qui par réminiscence d'histoire ont atteint le public dans le passé. Là en général il faut s'attendre au pire, se copier ne fonctionne pas spécialement et le public s'en rend compte et boude les films.

 

Aujourd'hui la crainte du dérèglement climatique pousse les scénaristes à s'intéresser à la nature, c'est-à-dire à la terre ou à la nature humaine. Cette dernière devrait, selon les spécialistes du futur, connaître des modifications importantes tant dans l’apparence physique qu’au niveau du mode de vie. Clone (2009) de Jonathan Mostow prend sa source dans Blade Runner (1982) de Ridley Scott. Le scénario avait été écrit par l'écrivain lui-même auteur du roman de Philip K. Dick, et des scénaristes Hampton Fancher, Roland Kibbee et David Webb People. Le film 2012 (2009) de Roland Emmerich essaye de trouver une intrigue sur la destruction de la terre plus spirituelle que Indépendance Day (1996) du même réalisateur: Les Mayas ont prévu la fin du monde pour 2012. Le scénariste utilise un épisode de la Bible comme contre point, l'épisode de l'Arche de Noé qui permettra à quelques êtres humains de survivre. Les films sont liés et s'influencent par des fils secrets. Prédictions (2009) avec Nicolas Cage qui joue le père d'un enfant recueilli par des extra-terrestres, est réalisé par Alex Proyas qui avait mis en scène un peu avant, Robot (2004).

 

Le jeune cinéma éternel avec Bruno Dumont

Plus proche de la terre, mais un peu perdu dans le ciel de la foi Hadewijch (2009) de Bruno Dumont.

 

Rebaptisée Hadewijch, Céline attend de prononcer ses vœux dans un couvent. Jugeant sa dévotion excessive les religieuses la renvoient chez elle, ce qui va la précipiter vers un territoire fait de croyances extrémistes et dangereuses. La précision de Bruno Dumont se perçoit dans l'étude de la résistance de la jeune fille puis dans son glissement progressif vers la tragédie favorisée par la solitude familiale et le manque infini d'amour. Le film fait penser à ce jeune homme dans Lacombe Lucien de Louis Malle, repoussé par les résistants et qui ne trouve rien de mieux que d'aller s'engager dans la milice. Rappelons que Bruno Dumont né en 1958 dans le nord de la France avait obtenu deux grands prix du Jury à Cannes respectivement en 1999 et 2006 pour ses deux beaux films L'Humanité (1999) et Flandre (2006).

 

Il existe des films identitaires, voire communautaires comme La famille Wolberg (2009). Le père de Simon administre une ville mais a du mal à gérer sa propre vie qui semble complètement lui échapper. Il apprend que son temps est compté. Il pense alors à tout ce qu'il n'a pas pu faire. Cela le fait souffrir. Le scénariste semble dire qu'il ne faut pas seulement faire du bien à autrui et regretter sa vie mais qu’il faut gérer son existence pour être efficace dans la bonté avec la vie des autres. La folle histoire d'amour de Simon Eskenazy (2009) de Jean-Jacques Zilbermann retrace un autre épisode de Simon. Avec L’Homme est une femme comme les autres (1998), il est musicien et père d'un fils qu'il connaîtra enfin. Le film dégage une ambiance légère, une intimité et des coutumes, le tout finement décrit, un film passionnant pour ses rapports à la psychanalyse.

Hommage à Gille Carle

Le cinéma québécois s'annonce encore une fois comme un cinéma extrêmement dynamique pour ces sujets et ses inventions cinématographiques. Les chroniqueurs dans les médias ne perdent jamais l'occasion de parler des intonations du Québécois auquel on peut se familiariser avec une cure de cinéma dispensé avec finesse au Forum des images. Nouveau temple pour ce festival qui précédemment se donnait au cinéma des cinéastes. C'est d'ailleurs par une évocation faite par Carole Laure que ce festival a démarré. Il est né en 1928 à Manivaki, il réalise son premier long métrage en 1965, La vie heureuse de Léopold Z qui obtiendra le prix du festival de Montréal. Le film devient le plus gros succès en salle d'un jeune cinéma québécois naissant. L’ONF, l'organisme d'aide à la création cinématographique, refuse de lui financer d'autres films que des courts métrages. Le viol d'une jeune fille douce (1968) est sélectionné à la quinzaine des réalisateurs. À Cannes, il fustige avec humour, insolence et énergie la violence faite aux jeunes femmes qui n'ont pas la liberté de leur corps et de leur esprit. Il abandonne son modèle Jean-Luc Godart qui se moque des institutions sans amener l'ombre d'une proposition. Il l'aime comme cinéaste mais dénonce son systématisme qui le mène à faire presque le même film. Il ne se dit pas chercheur de forme comme Godart mais cinéaste, il veut utiliser les formes et les instruments existant pour tenter de faire des films.

 

Les mâles (1971) consacre Gilles Carle comme cinéaste québécois apprécié dans le monde entier. La vraie nature de Bernadette (1972) confirme ce talent inné que possède Gilles Carle. Il tournera La mort d'un Bûcheron (1973). Pendant dix ans, Carole Laure sera l'égérie de Gilles Carle. Tout au long de sa carrière, il tournera une quinzaine de films dont Les Plouffes (1981) pour la télévision avec lequel, il obtiendra un grand succès. Il s'attaquera à une nouvelle version de Maria Chapdelaine (1983).

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.