Nous allons découvrir l’Art du Miki–Mono avec Philippe-Jean Crampont, Maître d’Art qui exécute cet art insolite depuis plus d’une vingtaine d’année.

LGE : Qu'est ce que le Miki-Mono et d’où vient ce nom ?

Philippe-Jean: Le Miki-Mono, c’est l’Art de sculpter les fruits avec une connotation plus profonde que la simple sculpture sur fruit. Ce nom n’est pas asiatique mais c’est plutôt l’aboutissement de nombreuses années de travail. Le Mi veut dire intérieur, on va chercher à l’intérieur du fruit ou de soi la pierre caché. Le KI c’est l’énergie au même titre que l’aïkido, on va non seulement faire ressortir le KI du fruit mais aussi celui qui est à l’intérieur de nous- même. Mono c’est la réunification des différentes techniques historiques asiatiques telles que la technique japonaise, chinoise, thaïlandaise et Caribéenne car nous utilisons des fruits et des légumes de la caraïbes qui ont leur spécificité, par exemple la pastèque de la caraïbe est différente de celle des autres pays, ainsi que pour l’igname etc.

Le Miki-Mono c’est aussi l’art d’amener l’individu à réfléchir sur lui- même en se sublimant sans cesse.

LGE : Nous appellerons cela alors un Art Caribéen ?

Philippe-Jean : Oui , au même titre que l’Ikébana est un art japonais, le Miki-Mono est un art Caribéen qui prend une forme philosophique.

LGE : Comment cela vous est venu de faire de la sculpture sur fruit ?

Philippe-Jean: Avant tout, je suis professeur de cuisine et je travaille à la chambre des métiers de la Martinique. Je m’occupe de la section alimentation, pâtisserie boulangerie, cuisine. Cette formation fait partie de l’enseignement.

Et puis, je me suis posé la question suivante : « qu’est ce qui pourrait revaloriser la cuisine à part faire de la cuisine ? ». « Qu’est-ce qui pourrait donner une dynamique au métier ? ». Dans la cuisine française on fait aussi ce qu’on appelle des tours de main. Ce sont des fleurs décoratives avec des légumes, on fait tourner des pommes de terres etc. Le côté artistique était déjà bien là, mais en tant que gastronome, je pensais qu’il fallait aux Antilles quelque chose de plus élaboré pour la décoration des nombreuses tables de nos hôtels.

Il y a trois possibilités de décoration, les pièces en graisse, en beurre, en glace. Nous sommes très riches en fruits et le pays s’y prête favorablement alors pourquoi ne pas utiliser les fruits.

Le patchwork m’a beaucoup inspiré, c’est une technique ancestrale dans la caraïbe. Prendre des morceaux de tissus et les recoller en leur donnant un mouvement, une forme. De là je m’en suis inspiré pour faire une technique de base : découper les fruits pour les recoller et les mettre en mouvement sur un autre fruit pour faire émerger quelque chose de beau et d’harmonieux. Je m’inspire aussi de toutes les techniques japonaises, thaïlandaises, chinoises, caribéennes en intégrant les différentes techniques pour faire ressortir cette magie. Il y a aussi deux choses qui m’ont fortement influencées ce sont les compositions florales chez les fleuristes et les fleurs sculptées sur les stèles, au cimetière. L’inspiration est venue de différents côtés ce qui m’a permis de créer mon art propre et ma technique personnelle.

LGE : Alors c’était un don qui est devenu une passion !

Philippe-Jean: Je dirai plutôt que c’est une passion, on a que le désir d’essayer et j’ai essayé. Et c’est alors que la passion est née.

LGE : Qu’est-ce que recherchent les personnes qui viennent suivre vos cours, est-ce juste l’art ou bien quelque chose de plus profond ?

Philippe-Jean: Les deux existent. Dans le Miki-Mono il y a trois approches la première c’est la technique du « free water » c’est à dire la technique de l’eau libre.  Je pars du bas je m’en vais et je reviens toujours à une finalité en laissant évoluer mes sentiments et mon imagination. Chacun aura sa propre façon d’évoluer, chaque personne fera ressortir ce qu’il est à l’intérieur au moment de la sculpture.

Il y a des objectifs, le support et le contenu pédagogique. On ne vient pas uniquement pour tailler ou découper les fruits, on a deux heures de travail pédagogique sur la coutellerie, on étudie l’harmonie des couleurs, la conception, les supports, c’est un travail complet avec trois niveaux.

Un pour les tours de main, un autre pour les tailles sculptées et le dernier pour la sculpture proprement dite. 

LGE : Quels genres d’individus retrouve t-on ?

Philippe-Jean: Vous avez trois genres d’individus. Le premier c’est la ménagère qui vient pour son plaisir, apprendre pour faire son centre de table. Il s’est souvent avéré qu’elles ont vraiment du géni. Puis, le cuisinier professionnel qui vient pour apprendre des pièces sculptées pour décorer son buffet et ceux qui viennent pour le Miki-Mono. Ils vont raconter leur histoire intérieure tout en se ré harmonisant par le Miki-Mono. Raconte-moi une histoire et je te dirais qui tu es.

LGE : C’est là qu’intervient la forme de thérapie que revêt cet art.

Philippe-Jean: Tout à fait c’est une forme de libération de l’individu lui même.

LGE : Quels sont les légumes et fruits que vous utilisez ?

Philippe-Jean: le fruit à pain, la papaye, la patate douce, l’igname, le giraumon, toutes les racines. Il y a aussi la pastèque, le melon, l’avocat et bien d’autres fruits.

Philippe-Jean a déjà transmis son art au Chili, au Brésil, en Martinique, en Guyane à St Matin. Il fait des formations régulières en Guadeloupe. Prochaines destinations l’île de Trinidad, Ste Lucie et puis toute la Caraïbe avant de migrer vers la Métropole, avec comme première destination : la ville de Nantes.

Pour en savoir plus sur les formations : 06 96 28 69 12 -  06 90 32 14 98