Macbeth - La folie des grandeurs

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque - Montréal
01.02.2009

 

  • John Fanning et Michele Capalbo(攝影: / 大紀元)

Cet opéra théâtral et révolutionnaire, à l’époque du compositeur Verdi, n’a pas pris une ride. L’orchestration et les chœurs sont remarquablement mis en valeur. Le défi était de taille, puisque cet opéra se distingue par les altérations vocales très étendues de ses deux chanteurs principaux. Les chanteurs canadiens de l’Opéra de Montréal n’ont rien bafoué de cette directive et rendent avec émotion la perte de raison du couple Macbeth.

Verdi voulait, lors de la création de l’opéra, que les chanteurs transmettent la folie de leurs personnages en évitant de bien chanter. Une demande assez rare pour des chanteurs de haut calibre, mais qui amène une théâtralité hors du commun à cet opéra.

Rappelons-nous les grandes lignes de la pièce de Shakespeare. Des sorcières prédisent que Macbeth deviendra roi. Poussé par sa femme, Macbeth précipite son destin en assassinant lui-même le roi légitime. Le voilà alors pris dans un mécanisme infernal qui le mènera à sa perte.

C’est avec efficacité que les interprètes mènent pendant les quatre actes une intrigue dont la densité des voix transmet directement les angoisses du couple Macbeth, tout autant que le désir de vengeance du peuple.

La sobriété de la scénographie et des costumes n’en est pas moins percutante. C’est avec goût et cohérence que les tableaux défilent. La scène circulaire et surmontée est admirablement utilisée. Sa rotation décrit à merveille le changement de lieu tout en évoquant le transfert des pouvoirs du roi à ceux du peuple.

Cela peut paraître étrange, mais soulignons-le tout de même : la présence des chœurs et des nombreux figurants se liait directement aux intentions des rôles plus importants. Cela est souvent négligé et mis un peu à l’écart. Pour une fois, nous avions l’impression d’une motivation commune et non d’un placement meublé de corps vides. René Richard Cyr mentionnait dans une entrevue publiée dans le livret de la Place des Arts que «le véritable personnage principal est le peuple, victime des ravages que les désirs du couple Macbeth ont engendrés». Il tient sa promesse et donne ainsi toute la puissance nécessaire aux interprètes principaux. À noter les voix renversantes de lady Macbeth (Michele Capalbo), de Macbeth (John Fanning), du surprenant Macduff (Roger Honeywell) et de Banquo (Brian McIntosh). Sans le rendu mélodieux des opéras conventionnels, mais avec la terreur pure de l’ambition humaine, d’une beauté encore plus saisissante.

Quelques murmures du public dans la salle évoquant l’esthétique un peu trop sombre de cet opéra. Mentionnons-le pour les plus sceptiques et invitons les braves à côtoyer les sorcières visionnaires de Verdi.

 

MACBETH

De Giuseppe Verdi

Coproduction : Opéra de Montréal / Opera Australia

Présenté en italien avec surtitres français et anglais

Mise en scène de René Richard Cyr

Les 4, 7, 9 et 12 février à 20 h

À la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts

Réservations 514 985-2258