Les dissidents exilés espèrent retourner en Chine

Écrit par Yan Xiu, Radio Free Asia
12.02.2009

  • Le massacre de la place Tiananmen commémoré à Hong Kong le 4 juin 2008. (AFP)(STF: MIKE CLARKE / ImageForum)

Parmi les dissidents qui se sont exilés après le massacre de la Place Tiananmen du 4 juin 1989, beaucoup d’entre eux ne peuvent toujours pas rentrer en Chine. Pour cette raison, le père Chu Yiu-ming à Hong Kong a initié le mouvement : «Je veux rentrer chez moi» pour défendre le droit des dissidents à rentrer dans leur pays. Le père Chu et plusieurs personnes de son groupe ont récemment rencontré des dissidents en Angleterre, en France, et en Amérique pour unir leurs déclarations, en espérant attirer l’attention du public sur les droits des dissidents.

Le père Chu indique à Radio Free Asia (RFA) que le mouvement «Je veux rentrer chez moi» publie deux ouvrages. Le premier est une série d’interviews et de récits de 43 personnes en Angleterre, en France, en Amérique et en Europe du Nord. Plus de 3.000 exemplaires ont déjà été publiés. Le prochain sera une compilation d’interviews de dissidents vivant en Amérique du Nord.

Deux livres d’expériences

Le père Chu explique sa démarche : «Nous voulons dire aux gens que cela fait 20 ans et certains d’entre eux continuent d’avoir une vie fabuleuse. Le premier livre recueille les pensées et expériences de ceux qui se sont exilés en Angleterre et en France. Pékin a besoin de savoir qu’il est temps de réhabiliter ces gens et de les laisser rentrer chez eux. Nous voulons aussi que la communauté internationale y prête attention. Pékin a dit vouloir se comporter de façon humaine. Il est temps de s’occuper de  tous les Chinois qui ne peuvent pas rentrer chez eux».

Wang Dan, qui vit actuellement en Angleterre, dit dans ce livre: «L’exil est un moyen pour le régime d’écraser l’humain. Quand il réalise qu’il n’y a rien qui puisse changer l’esprit de l’opposant, il torture sa famille pour arriver à ses fins».

«C’est terrible de ne pas pouvoir rentrer en Chine après si longtemps. Même le chef du Parti nationaliste qui a tué de nombreux membres du Parti Communiste (PCC) a pu retourner en Chine pour voir sa famille. D’où vient cette haine contre nous pour que l’on ne puisse même pas rentrer chez nous après 20 ans?»

Muoli était professeur à l’Institut des professeurs de Shaoyang dans le Hunan. Le 4 juin 1989, elle a critiqué Pékin pour avoir réprimé le mouvement démocratique et a été condamnée à trois ans de prison pour «crime de propagande et incitation à la contre révolution». Elle a été exilée à Hong Kong en 1992 et vit maintenant en Suède. Radio Free Asia s’est entretenue avec son mari Fu Zhengming et d’après lui, ils ne sont pas retournés en Chine depuis leur départ. «Bien sûr nous voulions rentrer dans notre pays. Mais nous en avons vu d’autres comme nous qui sont retournés en Chine et ont été suivis par des agents spéciaux ou bien ont dû se présenter aux autorités. Nous étions déçus. Nous voulions rentrer dignement. Ce n’est possible que si la Chine améliore vraiment l’état des libertés et réhabilite le mouvement du 4 juin», explique M. Fu.

Il y a 20 ans, le père Chu a aidé de nombreux étudiants et des dissidents à fuir la Chine. Aujourd’hui il se bat pour que les dissidents puissent rentrer. D’après l’alliance de Hong Kong en soutien au mouvement démocratique et patriotique en Chine, environ 500 personnes ont été obligées de fuir la Chine depuis 1989. Ces anciens étudiants sont maintenant tous quadragénaires. Leurs parents sont trop âgés pour vivre seuls. Certains des parents sont morts et leurs enfants n’ont pas pu les voir une dernière fois avant leurs funérailles.

Réhabiliter les étudiants du 4 juin

Le sociologue Zhang Lun, qui travaille à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, est l’un des auteurs de l’ouvrage publié. Il indique considérer comme de la plus haute importance que le PCC réhabilite les étudiants du 4 juin. «Si la réhabilitation du 4 juin a lieu, ce sur quoi j’insiste absolument, alors d’autres problèmes se règleront naturellement. Ce que je veux c’est que justice soit rendue au mouvement du 4 juin pour la postérité», précise M. Zhang.

Le père Chu va se battre pour que les dissidents rentrent en Chine de manière inconditionnelle sans avoir à écrire une ‘lettre de repentir’. «S’ils ont commis un crime, il y a des lois pour les punir. Il n’y a aucune raison pour ne pas émettre ou renouveler leur passeport», explique le père Chu. Le vigoureux prêtre a déjà fait appel à Pékin pour résoudre la question du 4 juin : «Je me fiche de savoir qui est à la tête de la Chine actuellement. Si la question du 4 juin n’est pas résolue, comment le pays peut-il prétendre être en paix et gagner le coeur des citoyens ? Maintenant nous avons ce livre qui est un récit de chacun sur les vingt dernières années. Nous voulons transmettre ces histoires de génération en génération».