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La politique étrangère d'Obama vouée à l'échec

Écrit par Paul Deschamps, Collaboration spéciale
18.02.2009
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Barack Obama pourra-t-il livrer la marchandise en matière de politique étrangère? Déjà, il se retrouve dans plusieurs positions inconfortables et certains de ses choix ne sont pas vraiment influencés par l'administration précédente. Si son attrait, son charme et son intérêt pour la diplomatie et le multilatéralisme pourront lui faire gagner des points, l'application de politiques pragmatiques à outrance et les concessions mal calculées le laisseront affaibli.

Pour ceux qui croient encore à la liberté et à la démocratie, et qui ne sont pas envahis de cynisme à la prononciation de ces deux mots, il semble qu'Obama ne sera pas vraiment dans le coup pour faire avancer leur cause à l'étranger. S'il s'essouffle rapidement, il ne pourra jamais atteindre les grands principes qui ont donné des frissons à toutes ces foules rassemblées pour l'entendre.

On le sent dans l'air : les États-Unis s'accrochent à ce statut de grande puissance alors qu'ils s'enlisent peu à peu dans le sable mouvant. C'est une grande réjouissance pour tous les antiaméricains de ce monde. Pour eux, un heureux retour à un environnement multipolaire où d'autres grandes puissances liberticides, à l'instar de l'Union soviétique, peuvent «équilibrer» les affaires mondiales tout en s'efforçant à plein régime de détruire le fondement des sociétés occidentales. Ces puissances – agencées, de près ou de loin, à diverses entités terroristes – concoctent ce cocktail explosif qui nous rend de plus en plus prisonniers de notre lâcheté.

Dans un monde de dictateurs, la diplomatie est pour eux un outil prolongeant leur règne. Si quelques bonbons de concessions peuvent leur faire «abandonner» le soutien au terrorisme ou aux armes nucléaires, leurs régimes se perpétuent néanmoins et continuent de répandre une influence néfaste tout en poursuivant sans relâche l'oppression de milliards d'êtres humains. C'est «culturel», diront-ils.

Le plus grave, c'est que ces régimes pourris – après la main tendue de l'Occident – se perpétuent comme le résultat même d'une nouvelle alliance malsaine faisant concorder les intérêts nationaux sur des bases purement économiques. Régimes démocratiques et totalitaires deviennent alors les alliés les plus indéfectibles dans la lutte à mort contre l'effondrement du système économique mondial. À une moindre échelle, et représentant une constante indépendante de la conjoncture actuelle, c'est l'exemple de pétrole contre silence. Ou encore pire : pétrole contre armes.

Barack Obama est conscient de cela. Bush aussi était conscient de cela : la dépendance des États-Unis au pétrole représente un grave problème de sécurité nationale. Non seulement les cours du pétrole peuvent être affectés volontairement par l'attisement des tensions géopolitiques et par des actes terroristes, mais l'injection constante d'argent dans des

pétro-dictatures aux liens obscurs et aux comportements douteux déclenche un risque de ricochet certain.

Alors d'où vient cette faiblesse d'Obama, s'il est quand même en mesure de saisir une partie du problème? En fait, cette faiblesse ne sera pas propre à sa seule administration. C'est quelque chose d'assez répandu dans les gouvernements occidentaux. Décideurs et leaders en politiques vivent dans l'illusion et l'ignorance. Il ne s'agit pas là d'une de ces diatribes habituelles contre les «politiciens menteurs» ou contre les «politiciens vendus», quoique ces thèmes redondants abritent certainement une dose de vérité. Non, cet essai se veut plus sérieux.

D'où viennent ignorance et illusion? D'un problème régulièrement soulevé par les experts en renseignement : les pays occidentaux sont incapables de percer le leadership des pays identifiés comme posant une menace, qu'ils soient ouvertement qualifiés d'«amis» ou de «pas très coopérants». En d'autres termes, on n'a aucune idée solide de ce que sont les intentions profondes et réelles des dirigeants iraniens, nord-coréens, russes ou chinois. On préfère également ignorer leur nature.

Bien souvent, il ne reste que des doutes et des hypothèses qui se voient même influencés par ces promesses de «montée en puissance pacifique» et autres formes de propagande. Il est indéniable qu'une partie de l'intelligentsia américaine croit à ce mantra du régime chinois, même si tous les plans des armes nucléaires des États-Unis ont été volés par l'espionnage de la Chine, comme l'indique dans le Washington Post l'ex-chef du contre-espionnage américain, Michelle Van Cleave. 

Par contre, croyez-vous que nos dirigeants et gouvernements soient aussi opaques? Nos fiertés de pays libres opèrent pratiquement à livre ouvert. Le manuel des forces spéciales américaines est en distribution libre et gratuite sur Internet. Nos pays, à la riche fibre multiethnique, bouillonnent d'agents étrangers infiltrés partout : laboratoires universitaires, firmes d'ingénierie, gouvernements, médias, alouettes! Des gouvernements étrangers peuvent posséder des pans de nos ressources nationales. Le gouvernement chinois diffuse ses médias dans les foyers canadiens, mais l'inverse est simplement impensable.

Les démocraties évoluent donc dans cet espace et leur sens d'auto-préservation semble actuellement assez faible. Il est aberrant qu'après ces décennies de lutte contre le fascisme et le communisme, on soit encore autant dans le brouillard. Même dans cette période contemporaine, où la majorité des efforts est utilisée pour contrer les menaces terroristes provenant de petits groupes non-étatiques, on peine encore à saisir la vue d’ensemble. Tout le monde peut vous citer l'exemple des contras américains en sol latino-américain ou bien des fameux moudjahidines d'Oussama Ben Laden qui ont été armés par la CIA pour lutter contre l'invasion soviétique d'Afghanistan.

Cependant, ils sont très peu nombreux aujourd'hui à discuter de l'appui en logistique et en renseignement d'une multitude de groupes terroristes par l'Union soviétique et très probablement par la Russie actuelle. Des accusations du genre sont, entre autres, récemment sorties d'Israël préoccupé du soutien russe au Hezbollah.

L'idée ici n'est pas de jouer à qui est le bon et qui est le méchant. Il s'agit tout simplement de démontrer que les groupes terroristes ont déjà été, et sont encore, des outils pouvant être utilisés dans la lutte stratégique que se mènent diverses entités étatiques. Les raisons de ne pas confronter ouvertement ce problème sont bien simples : diplomatie, économie et politique.

Alors que le terrorisme se révèle une arme de distraction massive, les gouvernements gaspillent vies, temps et argent pour lutter contre les manifestations terminales. Par analogie, c'est la lutte contre les petits réseaux de trafiquants de drogue alors que les gros parrains se la coulent douce.

Les perspectives actuelles sont très moroses pour la liberté et la démocratie. Si certains se réjouissent du climat d'apaisement instauré par l'administration Obama, il pourrait s'agir de l'apaisement qui endort. Actuellement, dans pratiquement tous les dossiers internationaux les États-Unis perdent des plumes.

L'Iran va déplumer Obama. Ce dernier est entré dans cette relation dans une position de faiblesse, montrant qu'il était beaucoup trop anxieux d'entreprendre des pourparlers. Obama pourra-t-il utiliser son charme pour convaincre Téhéran de cesser de vouloir exterminer le «grand satan» américain et «rayer Israël de la carte»? Perdront-ils du temps (tout en faisant gagner du temps à l'Iran) à convaincre l'Iran d'abandonner son programme nucléaire? Où, dans le monde, les États-Unis pourraient-ils trouver une pièce d'échange d'une valeur supérieure pour conclure une quelconque entente? Comment convaincre Téhéran de ne plus étendre son influence sur l'Irak? De ne plus appuyer Hamas et Hezbollah? Qu'est-ce que les États-Unis peuvent offrir? Aidez-moi quelqu'un.

Cette position précaire des États-Unis est encore plus affaiblie par la Russie qui participe au programme nucléaire iranien, fournit le régime en armes et entretient des liens économiques substantiels. Déjà, au tout début de sa présidence, Obama s'est fait déplumé littéralement par Poutine et compagnie. Après plusieurs attaques terroristes sur sa chaîne logistique au Pakistan, les États-Unis n'ont pas eu le choix d'envisager l'ouverture d'une route qui passerait par le territoire russe et les pays d'Asie centrale. Dans ce sens, les actes des talibans pakistanais et insurgés de tout acabit ont joué parfaitement dans la main de Moscou. Comme indiqué depuis quelques semaines dans ces pages, la perte de pouvoir américaine dans cet épisode est grande, influençant une redéfinition des relations Washington-Moscou.

En Asie également, destination du premier voyage de la secrétaire d'État, Hillary Clinton, les États-Unis se font déplumer. Promesses d'amitié avec la Corée du Nord et amitié solidifiée avec la Chine. Dans les deux cas – qui pourraient être considérés comme un seul, tellement l'existence de ces deux pays communistes est liée – Washington adopte un ton conciliant. Résultat d'une politique de gentlemen ou des manipulations provenant des menaces de tirs de missiles nord-coréens et des liens économiques trop forts avec Pékin?

Que ce soit l'un ou l'autre, ces régimes des plus répressifs au monde peuvent dormir en paix, alors que les États-Unis sont trop faibles ou désintéressés pour les défier sur le plan idéologique. La guerre froide ne s'est pourtant pas gagnée en considérant l'URSS comme un partenaire légitime.

Si la politique étrangère d'Obama sera menée ainsi, il ne pourra d'aucune manière transformer ses paroles en réalité. Il se doit d'appliquer la maxime de Martin Luther King : «Une injustice n'importe où est une menace à la justice partout». Sinon, la démocratie reculera et les espoirs seront brisés.

 

 

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