La palmeraie très dense de l’oasis de Siwa dissimule son importance historique très appréciée pour qui est prêt à faire un long voyage dans cette région désertique torride.

Autrefois l’une des oasis les plus inaccessibles d’Égypte, Siwa se trouve au milieu du désert occidental, à environ 50 kilomètres de la frontière libyenne, entourée par les dunes de la Grande mer de sable et du plateau calcaire de l’époque miocène moyen.

Siwa reste un lieu isolé regorgeant de beauté et de mystère. La voûte céleste de ce paradis désertique stimulera facilement votre imagination et vous songerez aux merveilleux contes des djinns des Mille et une nuits.

La ville et les villages voisins de cette oasis abritent plus de 20.000 habitants qui sont pour la plupart des Berbères qui parlent la langue locale, le tasiwit, aussi appelé le siwi. La population est divisée en neuf tribus, chacune administrée par son propre chef. Les crimes commis par les Isiwan (habitants de Siwa, en berbère) sont traités au niveau local dans les tribus, ce qui, selon les résidents de Siwa, empêche le gouvernement égyptien d’intervenir. Comme exemple de peine prescrite par un chef, un homme a été condamné à prolonger d’un mois le jeûne traditionnel du Ramadan qui est observé dans toute l’Égypte.

SIWA, BERCEAU DES CONTEURS ET DES ORACLES

Siwa est également le berceau des conteurs, appelés hakawati en arabe. Ils créent et transmettent oralement des récits d’aventure, entremêlés de magie et de mysticisme, où figurent des djinns. Ces contes ne sont pas seulement divertissants. Ils sont également destinés à reconduire les règles de la morale. Dans la tradition de Shéhérazade, le récit imbriqué d’une histoire unique peut durer des jours, voire des semaines.

En raison des anciennes traditions tribales qui subsistent à Siwa, c’est une pratique courante pour une fille de se marier dès l’âge de quatorze ans. Après le mariage, les femmes de Siwa ne sortent pratiquement jamais de la maison sans un voile de mousseline noire qui couvre l’ensemble de la tête et du visage. Même si les touristes et les rares étrangers qui résident à Siwa portent des vêtements occidentaux, la communauté demeure conservatrice.

Bien que Siwa possède un cachet omniprésent, il est difficile à cerner. Siwa est tout simplement un îlot de verdure où l’air est doux et frais, d’où jaillit l’eau pure et où la vie peut exister au milieu de centaines de kilomètres de terre aride et de désert torride. Quoi qu’il en soit, il n’est pas étonnant que les plus puissants oracles du monde antique proviennent de cette magnifique oasis.

Le temple de l’Oracle, officiellement appelé le temple d’Amon d’après le dieu égyptien, est encore debout, bien qu’il soit en partie en ruines sauf les murs de la chambre principale. Les visiteurs pénètrent dans une atmosphère complètement différente de celle des constructions berbères qui ont été construites plus tard et qui sont également en ruines.

Le bruit circule parmi les habitants de Siwa que certains touristes sont incapables d’entrer dans le temple à cause de sensations paranormales qui se font sentir à l’intérieur.

D’après les recherches archéologiques, le temple d’Amon aurait été construit au VIIe siècle av. J.-C. et aurait vu de nombreux rois et de grands hommes entreprendre la périlleuse traversée du désert afin de recevoir les prophéties de son oracle.

L’oracle de Siwa est devenu tellement puissant et célèbre que le roi Cambyse, le premier souverain perse de l’Égypte, en l’an 525 av. J.-C., a envoyé une armée de 50.000 hommes pour conquérir son territoire et le renverser, car il avait prédit sa mort. En conséquence de cette tentative d’invasion, l’ensemble de l’armée a disparu au milieu du désert occidental sans laisser de trace. À ce jour, aucune recherche n’a pu confirmer ce qui est arrivé aux soldats même si, selon les écrits laissés par l’historien grec Hérodote, une tempête de sable les aurait probablement engloutis avec leurs armures et tout le matériel qu’ils transportaient.

Inutile de se demander pourquoi, en l’an 331 av. J.-C., le légendaire Alexandre le Grand est allé consulter l’oracle de Siwa. Il s’y est rendu pour avoir la confirmation – ce qu’il avait lui-même déjà décidé – qu’il était le descendant direct et le fils du dieu Amon, aussi connu sous le nom de Zeus ou Jupiter par les Grecs. De tous les visiteurs de Siwa, il a été le plus célèbre et, sans lui, l’oasis aurait été perdue dans l’histoire. Alexandre a quitté Siwa en triomphe. On ne sait ce que l’oracle lui a chuchoté, mais cela l’aura sans doute conforté dans son idée  et incité à conquérir l’Asie.