Incomparables gagnants

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque - Montréal
24.02.2009

  • Daniel Cyr et son numéro de roue allemande (攝影: / 大紀元)

 

Les artistes de cirque que vous allez voir à la Tohu sont des gagnants. Ils se sont déjà confrontés pour participer au Cirque de Demain. Ce qui est mémorable dans leur prestation se retrouve dans la performance à l’état pur. Ni maquillage de scène ni costume  sont à l’avant-plan. Les artistes se consacrent à leur art pleinement.

Quelques avenues théâtralisées font irruption dans certains numéros, si l’on pense à l’inventeur de la Roue Cyr, Daniel Cyr, dont le numéro fut mis en scène par nul autre que Daniele Finzi Pasca (Nebbia, Corteo, Rain, Nomade, ...). Pour les autres artistes, cette touche esthétique était, à mon sens, superflue. Ce que je reproche souvent au cirque, c’est cette affectation théâtrale qui se donne sans aucune présence, le temps de respirer pour le prochain saut... dans la même veine que le patinage artistique. Il y a de ça aussi dans ce spectacle, mais c’est récupéré par la dextérité des artistes, poussée à son extrême.

Qui mériterait le prix du public? Car vous devrez voter pour votre numéro favori… la compétition ne cessera donc jamais. Qui alors? Le maître de cérémonie, sans blague! Calixte de Nigremont est magistral. Il cultive l’adresse au public avec une éloquence à couper le souffle. Dès l’entrée des spectateurs, vous le voyez, pince-sans-rire, attribuer un personnage aux retardataires intimidés, commentant les allées et venues des spectateurs à la recherche de leur siège, et ce, avec un humour tout à fait courtois et divinement moqueur.

Il n’est pas question d’une représentation liée par la forme, mais plutôt d’une suite de performances incroyables venant de tous les continents du globe. Une spectatrice me faisait part de son désarroi, s’étant vu déconseiller d’emmener son petit de deux ans pour assister au spectacle. «Il aurait aimé!», me disait-elle. Bien que l’âge conseillé soit de sept ans, plusieurs jeunes enfants y étaient et paraissaient ressortir ravis de leur aventure. Avis aux familles qui soupçonnent Montréal de ne pas accorder assez d’activités pour leur marmaille : foncez!

En tant que spectateur, la joie de cette aventure circassienne est de retrouver cet art qui sait si bien se renouveler. Prenons exemple du fameux tissu aérien, créé par Gérard Fasoli il y a plus de dix ans. La première à l’avoir essayé, Isabelle Faudel, monte toujours sur scène avec autant de grâce et d’inventivité. Citons aussi la star du programme, l’équilibriste russe Dima Shine [photo de la une], défiant non seulement la loi de la gravité avec des figures de contorsion foudroyantes, mais proposant un appui d’un seul support d’équilibre situé à une hauteur plus importante qu’à l’habitude. Des animaux de foire? Au contraire, des joueurs qui ne se lassent pas d’innover.

Cette rencontre à la Tohu procure une joie sans équivoque. Et c’est avec le sourire que le taiwanais Wei-Liang Lin aux diabolos nous rappelle ce qui prévaut dans un tel spectacle : le plaisir de se dépasser, peu importe qui remporte.

 

FESTIVAL MONDIAL DU CIRQUE DE DEMAIN

Édition spéciale 30e anniversaire

Info sur le festival : [www.cirquededemain-paris.com] ou [www.montrealenlumiere.com]

Présenté à la Tohu : [www.tohu.ca]

Jusqu’au 28 février 2009