Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Hillary Clinton souhaite un rapprochement avec Pékin

Écrit par Antoine Latour, La Grande Époque - Montréal
25.02.2009
| A-/A+
  • La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, lors de sa visite à Pékin le 21 février 2009(Pool: Pool / 2009 Getty Images)

Les droits de l'homme se sont relégués à l'arrière-plan

Le président des États-Unis, Barack Obama, avait déclaré lors de son inauguration : «Souvenez-vous que les précédentes générations ont tenu tête au communisme et au fascisme pas seulement avec des missiles et des chars, mais avec des alliances solides et des convictions durables.» Avec le passage de la secrétaire d'État, Hillary Clinton, en Asie ces derniers jours, c'est avec la Chine que les États-Unis souhaitent établir une alliance solide, laissant de côté toutes convictions. Comme l'a déclaré Clinton, la crise économique éclipse les préoccupations en matière de droits de l'homme. Washington dit également compter sur Pékin pour relancer l'économie mondiale.

«Nous voulons approfondir et élargir notre relation», a-t-elle déclaré en conférence de presse. «Nous croyons avoir établi une fondation solide, mais il y a encore beaucoup de travail à faire [...] Il est, de notre point de vue, impératif que les États-Unis et la Chine coopèrent dans plusieurs domaines», a-t-elle poursuivi.

Ces propos ont été un baume pour les dirigeants chinois, eux, qui avaient montré des signes de nervosité avec l'arrivée d'un président américain aux penchants protectionnistes et se disant préoccupé par les questions de liberté et de démocratie.

Les propos du nouveau secrétaire du Trésor, Timothy Geithner, à l'effet que la Chine «manipule sa devise» pour conserver un avantage commercial, avaient choqué Pékin et avaient été qualifiés de bourde monumentale par les partisans des relations sino-américaines chaleureuses.

Le coup d'envoi des relations entre Washington et Pékin sous la nouvelle administration Obama augure pour le mieux pour les grandes entreprises et les argentiers du monde, de même que pour les dirigeants chinois qui n'auront pas à accorder trop d'efforts pour contrer les critiques gênantes de leur rival américain.

La politique chinoise de George W. Bush convenait parfaitement au régime chinois et voilà que celle d'Obama se montre encore plus avenante. Et cela, malgré la crise couvant au Tibet, la poursuite de la répression à grande échelle de la dissidence et de la spiritualité, du développement militaire, des activités d'espionnage et des attaques cybernétiques intensives contre les États-Unis menant à de graves risques contre la sécurité nationale.

Hillary Clinton a candidement expliqué cette position : «J'apprécie fortement la confiance maintenue du gouvernement chinois dans les bons du Trésor américains. Je pense que cette confiance est fondée.» Les économies chinoise et américaine sont à un tel point liées que toutes autres préoccupations sont reléguées à l'arrière-plan.

Du point de vue politique et de la sécurité, le gouvernement américain estime également indispensable l'aide du régime chinois dans le dossier nord-coréen. Washington considère Pékin comme un partenaire viable alors que le régime communiste de Pyongyang en est une extension. Dans le jeu politique asiatique, Pékin et Pyongyang font les Bon Cop, Bad Cop.

Tandis que l'un profère menaces de guerre et prépare des tests de tirs de missile – coordonnés parfaitement avec la visite de Clinton en Asie – l'autre se présente comme l'interlocuteur idéal pour calmer la situation. Pékin obtient ainsi une légitimité sur la scène internationale qui lui permet à la fois de protéger son régime dictatorial et celui de son allié, la Corée du Nord. Plus cette dernière agite, plus le rôle de Pékin est jugé important.

Réactions

La communauté de défense des droits de l'homme n'a pas tardé à réagir à la position de l'administration Obama sur la Chine.

Amnesty International (AI) a déclaré, le 20 février, qu'elle était «choquée et extrêmement déçue» des déclarations de Mme Clinton à l'effet que les droits de l'homme étaient relégués au second plan lors de sa visite en Chine.

«Les États-Unis sont le seul pays qui peut efficacement tenir tête à la Chine sur les questions des droits de la personne», estime T. Kumar d'AI. «En commentant que les droits de l'homme ne vont pas interférer avec les autres priorités, la secrétaire d’État, Hillary Clinton, endommage les initiatives américaines futures pour protéger ces droits en Chine.»

Même son de cloche chez Human Rights Watch qui a affirmé que «les propos de la secrétaire d'État renvoient à une stratégie qui a bien fonctionné jusqu'ici pour le gouvernement chinois : isoler la question des droits de l'homme dans un dialogue de sourds sans issue».

Étudiants pour un Tibet libre ont également affirmé être préoccupés par les commentaires de Clinton, faisant remarquer que la secrétaire d'État envoie aux autorités chinoises des mauvais signes à un mauvais moment.

On rapporte que la Chine a augmenté sa présence militaire au Tibet à l'aube du 50e anniversaire du soulèvement contre l'occupation chinoise, ayant mené à la fuite du Dalaï-lama en Inde. Aux environs du 10 mars, une grave répression pourrait à nouveau déferler dans les régions tibétaines de Chine. Les étrangers n'ont déjà plus le droit de s'y aventurer, de manière à réduire l'impact médiatique d'éventuels troubles. Selon le gouvernement tibétain en exil, la répression aurait déjà commencé.

Avec Reuters. Ivan Velinov a contribué à cet article.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.