Négawatts contre réchauffement climatique

Écrit par Marie Aude Siroy, L'âge de faire
27.02.2009

  • gravure femme feu(攝影: / 大紀元)

Un Négawatts, c’est quoi ?

Un Négawatt, c’est un watt non consommé. Par exemple, remplacer une ampoule classique de 100 W par une ampoule basse consommation de 20 W revient à utiliser 5 fois moins d’énergie pour assurer le même niveau d’éclairage. La puissance électrique nécessaire est ainsi réduite de 80 W. En d’autres termes, le remplacement de cette lampe génère « 80 watts en moins » on parle alors de « production de 80 Négawatts ». Les gisements de Négawatts sont impressionnants : ils représentent à eux seuls plus de la moitié de la consommation mondiale actuelle d’énergie !

« Négawatt », c’est aussi une association, qui rassemble aujourd’hui 110 experts et praticiens, tous impliqués à titre professionnel dans la maîtrise de la demande d’énergie ou le développement des énergies renouvelables. Tous s’expriment et s’engagent dans l’association à titre personnel et indépendant. Les experts de « Négawatt » ont établi collectivement le «scénario Négawatt 2000-2050 ». Bonne nouvelle : il est possible d’inverser la tendance du dérèglement climatique, il est possible de construire une société qui diminuerait par 4 ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, tout en satisfaisant nos besoins d’énergie.

En 2050, dans la France du scénario Négawatt, on se déplace davantage qu’aujourd’hui, avec une plus grand part via bus ou rails, on consomme la même quantité d’électricité qu’aujourd’hui pour satisfaire deux fois plus de besoins, on se chauffe correctement...

Bien plus qu’une vision à l’horizon 2050, le scénario Négawatt part de la situation actuelle et indique les étapes successives qui tiennent compte des possibilités technico-économiques et sociales. Ce sont des propositions réalistes, fondées sur des faits établis et prouvés par l’expérience.

Impact des Négawatts sur le climat

En 2001, le GIEC1 concluait à l’unanimité qu’un phénomène de réchauffement climatique dû à l’activité humaine mettait en grave danger l’équilibre de la planète.

Nombreux sont les professionnels, les chercheurs, qui préparent l’ère de l’ « après pétrole », s’affairant à trouver et mettre en oeuvre des technologies pour remplacer le pétrole. La question de la maîtrise de la consommation est, en revanche, peu traitée.

Or c’est une question de bon sens : l’énergie la plus propre et la moins coûteuse est celle que l’on ne consomme pas. Avons-nous vraiment besoin d’autant d’énergie ? N’y a-t-il pas d’autres manières de s’organiser dans la vie au quotidien pour en dépenser moins ? La technologie ne peut-elle pas permettre d’optimiser son utilisation ?

L’association Global Chance avait déjà travaillé dans les années 80 sur un « scénario » fondé sur la maîtrise de l’énergie et les énergies renouvelables. Plus récemment, l’association Négawatt a mis au point un scénario fondé sur une démarche en trois temps : la sobriété / l’efficacité / les renouvelables. Ils ont réalisé ainsi un travail important de quantification des économies possibles d’énergie par la sobriété et l’efficacité, qu’ils ont appelées les «Négawatts », ainsi qu’une évaluation de la production potentielle des renouvelables.

La sobriété, c’est 20% de l’énergie économisée

La sobriété énergétique consiste à supprimer les gaspillages. Il s’agit, par exemple, d’acquérir ou de ré-acquérir des réflexes aussi élémentaires que de mettre un couvercle sur la casserole d’eau qui chauffe (190 W contre 720 W sans couvercle !), ou de dégivrer son freezer ou congélateur dès que la couche de givre atteint 3 ou 4 mm (5 mm de givre entraînent une surconsommation de 30%). Dans la maison, régler le chauffage à 15°C pour la nuit et 19°C en journée est largement suffisant, et en plus profite à la santé... En faisant ses courses, la sobriété consiste à choisir les produits les moins coûteux en énergie, c’est-à dire les produits locaux et de saison, les produits qui ont peu ou pas d’emballages, etc.

Pour faire les bons choix, il suffit de s’interroger : comment ont-ils été fabriqués ? D’où  viennent-ils ? Comment sont-ils conditionnés ?...

Dans nos déplacements, nos besoins peuvent être réduits considérablement en organisant intelligemment l’espace (urbanisme), en ayant recours au télétravail, au co-voiturage, en choisissant les transports collectifs et les transports doux (vélo, marche...) plutôt que la voiture.

L’efficacité, c’est 35% d’économie d’énergie

L’efficacité énergétique vise à réduire les pertes. Le potentiel d’amélioration de nos bâtiments, de nos moyens de transports et des appareils que nous utilisons est en effet considérable : il est possible de réduire d’un facteur de 2 à 5 ces consommations d’énergie et d’économiser aussi beaucoup de matières premières, à l’aide de techniques déjà largement éprouvées.

En matière de carburants, nous pourrions atteindre une consommation moyenne de 3,3 l aux 100 Km, contre 7,6 1 en 2000, pour le parc de voitures. Techniquement, nous savons dès aujourd’hui fabriquer des véhicules à 3 l aux 100 km. Le transport des marchandises pourrait être reporté vers les solutions les plus performantes : rail, voies fluviales, cabotage et le transport aérien vers les transports ferroviaires pour les trajets de moyenne distance.

 

En matière d’électricité, les équipements actuels les plus énergétivores pourraient être renouvelés : le potentiel d’économies sur les appareils, en fonctionnement et en veille est considérable. Par exemple, « sur un modèle courant de réfrigérateur, 86% des pertes d’énergie proviennent des déperditions de chaleur par les parois, 10% sont dûs au refroidissement des aliments et 4% seulement aux infiltrations d’air et à l’ouverture des portes. Remplacer un vieil appareil sans attendre qu’il tombe en panne par un modèle très bien isolé, de classe A ou B, s’avère donc un choix très vite gagnant, divisant par deux ou trois la consommation d’énergie. (source : La maison des négawatts)

Dans l’habitat, c’est dès la conception qu’il faut agir pour être plus efficace et abaisser la consommation à 29 KWh/ m2/an à confort égal, contre 100 actuellement. Un vaste programme de rénovation thermique des logements existants permettrait de diviser les besoins énergétiques pour la production  de chaleur par 3 ou 4 (actuellement environ 180 KWh/m2).

La consommation moyenne d’eau chaude sanitaire, pourrait être ramenée à 30 l par jour et par personne, au lieu de 50 l aujourd’hui, par la généralisation d’équipements simples tels que les réducteurs de pression, les douchettes à turbulences, tout en améliorant le rendement des équipements.

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