Zimbabwe: probable tentative d’assassinat contre Morgan Tsvangirai

Écrit par A.G.
12.03.2009

  • L’insécurité routière selon Robert Mugabe.(STR: DESMOND KWANDE / ImageForum)

Au Zimbabwe, les proches du Premier ministre Morgan Tsvangirai disent avoir rencontré le chef de l’opposition. Celui-ci est convaincu que l’accident de voiture qui a coûté la vie à son épouse le 6 mars était une tentative d’assassinat contre lui. Ce qui rappelle une vieille manie de Robert Mugabe et pose donc de sérieuses questions sur la stabilité du gouvernement d’union tout juste créé.

 

Pour des analystes interrogés par CNN, l’accident est suspicieux, à peine un mois après que le MDC (Mouvement pour un Changement Démocratique), le parti de Morgan Tsvangirai, ait réussi à trouver un accord avec le Président Mugabe sur la gouvernance du pays. «J’ai des doutes sur les accidents de la route au Zimbabwe qui impliquent des personnalités de l’opposition», indique Tom McDonald, ambassadeur américain au Zimbabwe entre 1997 et 2001. «Le Président Mugabe a un passif d’accidents de voitures étranges dans lesquels des personnalité proéminentes meurent – c’est un peu son mode opératoire pour éliminer les personnes non appréciées.»

 

L’Ambassadeur McDonald cite comme exemple la mort du ministre de la Défense Moven Mahachi en 2001, du ministre de l’Emploi Border Gezi en 1999 et d’Elliot Manyika, en 2008.

«Donc, quand j’entends que Tsvangirai a eu un accident, je m’interroge», ajoute M. Mc Donald.

 

Officiellement, alors que les Tsvangirai rentraient chez eux depuis Harare le 6 mars, le conducteur d’un camion sur l’autre voie s’est endormi au volant, a dévié et percuté de plein fouet la voiture du Premier ministre. Susan Tsvangirai, épouse de l’homme politique et mère de ses six enfants, a été tuée alors que lui-même n’était que légèrement blessé.

 

Le camion en question étant un véhicule de l’agence américaine USAID, certains médias croient déjà pouvoir remettre en cause l’hypothèse d’une tentative d’assassinat,  sans trouver surprenant que dans ce surprenant accident,  il est assez frappant que le véhicule impliqué soit précisément celui qui va permettre au ZANU-PF, le parti de Robert Mugabe, de nier toute responsabilité dans une nouvelle tentative d’élimination de Morgan Tsvangirai.

 

Autre signe parlant, après 24 heures d’observation à l’hôpital Avenues Clinic et après avoir reçu la visite de Robert Mugabe, Tsvangirai s’est envolé samedi 7 mars pour le Bostwana. Il doit officiellement y subir des examens complémentaires; à moins que ce départ soit surtout nécessaire pour le préserver d’un autre accident de la route.

 

Deux jours avant l’accident, Morgan Tsvangirai alertait les députés sur le fait que la détention de prisonniers politiques affectait le retour des investisseurs étrangers dans le pays. Le vice-ministre de l’Agriculture, Roy Bennett, un fermier blanc nommé par Tsvangirai, a été arrêté le jour de sa prestation de serment, le 13 février, et accusé de terrorisme. Le FMI, qui réalise à partir du 8 mars sa première mission depuis 2006, jugera sur pièces si la situation permet aujourd’hui de reconstruire le Zimbabwe, ancien «grenier à grain» de l’Afrique et aujourd’hui pays dévasté par la désastreuse politique de Robert Mugabe.