Le réchauffement climatique menace les Iles Maldives

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque - Paris
13.03.2009

  • D’après les experts, les îles Tuvalu disparaîtront sous les flots d’ici à 2050. Les plages et végétations se font rares, le goudron ne protège plus le sol des remontées aquatiques. L’exode des réfugiés climatiques a commencé… (Torsten Blackwood/Getty Images)(Staff: TORSTEN BLACKWOOD / 2007 AFP)

La communauté internationale s’inquiète de la fragilité des Maldives. À cause du changement climatique, les îles sont menacées de disparition. Les Maldives sont constituées de 1.200 îles coralliennes. Elles sont situées au sud de l’Inde (450 km environ) et 80 % des terres de l’archipel sont établies à moins d’un mètre du niveau de la mer. Lors de la conférence sur le développement et le changement climatique à Lisbonne, du 7 au 9 novembre 2007, le président Maumoon Abdul Gayoom avait déjà déclaré : « Jamais dans notre histoire nous n’a-vions vu autant d’îles affectées à un tel degré. Ces augmentations de marée nous rappellent tristement le tsunami dévastateur de 2004 et sont un avertissement clair des catastrophes futures ».

80 % Des 1.200 iles maldives sous les eaux à la fin du siècle

Le GIEG (Groupe Intergouvernemental d’Experts des Nations Unies sur l’Evolution du Climat) avait évalué que le niveau des mers devrait s’élever de 18 à 59 centimètres d’ici à 2100. Cela signifie que 80 % des 1.200 îles Maldives disparaîtrait sous les eaux à la fin du siècle. L’ONU veut définir en urgence une stratégie d’adaptation des îles au changement climatique. Raquel Rolnik, conseillère du relogement à l’ONU, déclare après sa visite aux îles : « Les Maldives et leurs atolls, en raison de leur caractère géologique et topographique unique et leur système environnemental fragile, ressentent déjà les effets des changements climatiques. On peut, par exemple, le constater avec l’accélération de l’érosion côtière, la plus grande fréquence de tempêtes et des inondations, et la hausse du niveau de la mer, qui menacent cet archipel de très petites îles ».

Trouver des terrains et prévoir les réinstallations

À court terme, 300.000 habitants devraient trouver un refuge assez rapidement. Cependant, les terrains sont rares et les îles susceptibles d’accueillir les migrants sont déjà surpeuplées. La rapporteuse spéciale sur le logement adapté a précisé qu’« il y avait une responsabilité internationale pour aider à définir les stratégies d’adaptation, ceci doit être fait rapidement ». « La reconstruction qui a suivi le tsunami (de 2004) peut servir de leçon », a-t-elle ajouté.

Raquel Rolnik, conseillère de l’ONU sur le relogement des populations a remarqué : « Dans les sites de réinstallation que j’ai visités, j’ai parfois aperçu un manque de participation dans la prise de décisions concernant ces réinstallations, dans la conception des nouvelles maisons et les infrastructures. Ceci a pour résultat des structures qui ne sont pas toujours compatibles avec la vie des communautés ».

50 millions de personnes à migrer dans le monde dans un an

En 2005, la moitié de l’île de Bhola est engloutie par les eaux, occasionnant 500.000 sans-abri. Les habitants de Bhola ont été décrits comme faisant partie des premiers réfugiés climatiques dans le monde. Le 11 octobre de cette même année, une étude est publiée par les Nations unies. Elle tire le signal d’alarme. L’Institut pour la sécurité environnementale et humaine de l’université des Nations unies à Bonn estime que les dommages générés sur l’environnement et les changements climatiques qui en découleront, obligeront 50 millions de personnes à migrer dans le monde d’ici à 2010. Les instances internationales devront prévoir l’installation de ces populations, car, faute d’organisation, les pays devront accueillir coûte que coûte ces réfugiés climatiques et ceci dans des conditions d’urgences.

Un milliard de réfugiés climatiques d'ici à 2050

L’ONU estime que le nombre de réfugiés climatiques s’élèvera à 50 millions d’ici à 2010 et qu’ils devraient être 150 millions en 2050. Un rapport de l’ONG britannique Christian Aid, daté de mai 2007, estime que la terre comptera plus d’un milliard de réfugiés climatiques d’ici à 2050. Les Nations unies considèrent que près de 40 % de la population mondiale vivant près des côtes deviendraient des exilés. En effet, la plupart des plus grandes villes du monde sont sur la côte ou sur des estuaires. Une étude européenne appuie ces dires par l’étude de 22 zones sensibles environnementales. L’université de Liège coordonne ce travail pour l’Asie du Sud-est et s’est penchée sur le cas de l’archipel de Tuvaluun, un groupe d’îles de l’océan Pacifique, dont le plus haut sommet est à peine élevé de quatre mètres au-dessus du niveau de la mer.

François Gemenne à la radio Belge RTBF

Actuellement l’archipel est souvent inondé par les eaux salées et la population tend à quitter le territoire. François Gemenne, associé au Centre d’études de l’ethnicité et des migrations de l’université de Liège, déclare lors d’une interview faite par la radio belge RTBF : « On observe pour le moment un flux migratoire relativement important entre Tuvalu et la Nouvelle-Zélande puisqu’à peu près un tiers de la population tuvaluane habite déjà aux alentours d’Oakland en Nouvelle-Zélande ». Il ajoute : « D’après les différentes études disponibles aujourd’hui, on estime que le niveau des mers augmentera d’environ un mètre d’ici la fin de ce siècle. Cela veut dire que seront touchés, non seulement des petits États insulaires mais également des zones deltaïques et côtières, par exemple en Asie du Sud-est, et on sait que ce sont des zones qui sont très densément peuplées. Je pense notamment aux grands deltas de l’Asie du Sud-est mais aussi au delta du Nil en Égypte ». Les réfugiés climatiques seront sans doute un jour plus nombreux que les réfugiés économiques ou politiques.