Un ancien millionnaire quitte le Parti communiste chinois

Écrit par Wang Meiling, La Grande Époque
15.03.2009

Zhou Guangfu était un des premiers millionnaires de Chongqing. Les autorités l’ont arrêté sans raison et détenu pour lui confisquer tous ses biens. Durant sa détention, il a été transféré successivement dans huit prisons différentes, et soumis à diverses formes de torture. Depuis sa libération, Zhou continue d’être suivi et harcelé par la police. Le 22 février 2009, alors qu’il était sans abri, Zhou a formellement annoncé qu’il démissionnait du Parti communiste chinois (PCC) et de tous ses organes affiliés.

Zhou a déclaré : « Le PCC blesse, harcèle et extorque de l’argent aux gens. En tant que victime, je déclare fermement que je me retire de la Ligue de la Jeunesse communiste et des Jeunes Pionniers ».

Zhou a lancé son entreprise en 1985. Il a mis à profit ses connaissances sur les métaux pour faire fortune en transformant des déchets en matériaux utilisables. Pendant plusieurs années il est resté l’homme le plus riche de Chongqing.

Mais le 24 septembre 1991, la Cour du peuple du district de Beipei a condamné Zhou à 12 ans de prison pour avoir intrigué contre le gouvernement en vendant des produits non autorisés. Tous ses biens ont été confisqués, soit une valeur totale de 1.180.743 yuans (135.579 euros).

Zhou a été transféré dans sept prisons avant d’arriver à la prison de Xinjiang à Aksu, dans la région du Xinjiang. C’est là qu’il a purgé la plupart de sa peine. Il  a été soumis à des travaux d’esclavage interminables. Parfois on le forçait à rester debout plié en deux à angle droit dans un coin. Il a aussi été déshabillé et fouetté à l’aide de tiges d’osier par des gardiens. Il a également été victime d’abus sexuels. Lors d’une interview par La Grande Epoque, Zhou a confié le récit effroyable des mauvais traitements qu’il a subis par les autorités chinoises.

Il raconte : « Ils m’ont forcé à m’asseoir sur un tabouret les jambes tendues devant en forçant un condamné à monter sur mes jambes et y rester pendant deux heures. Ils me frappaient dès que je bougeais. »

Zhou se souvient : « Notre repas du soir, vers 22h, consistait en une bouillie de maïs froide avec du pain, et des conserves de minuscules morceaux de légumes salés. Je devais me procurer des fruits de coton, des grenouilles ou des racines d’herbes pour apaiser ma faim tout en faisant attention de ne pas être vu pendant le travail. Quand on trouvait un morceau de peau de melon d’hiver jetée par les gardiens, c’était un festin. »

À un moment donné, il a été témoin d’une scène où les gardiens ont forcé un condamné à s’agenouiller dans la neige, nu. Ils appliquaient de la vapeur chaude sur son visage en permanence et la réaction au contact du froid, deux heures plus tard, a provoqué une paralysie. Il est resté handicapé à vie. Mais il n’y avait aucune trace de blessure apparente.

D’après Zhou, les gardiens infligeaient souvent aux détenus des sévices sexuels en piquant leurs parties génitales avec des cure-dents ou en les électrocutant avec des matraques électriques. Par ailleurs, un jour que sa femme (à l’époque) est venue lui rendre visite, les gardiens l’ont raccompagnée à l’hôtel. Elle a réussi à leur échapper. Mais habituellement, si la famille n’obéit pas aux ordres des gardiens, le prisonnier est soit torturé, soit tué.