Michael Ignatieff tente d’amadouer les municipalités québécoises

Écrit par Patrice-Hans Perrier, La Grande Époque - Montréal
18.03.2009

  • Michael Ignatieff(攝影: / 大紀元)

  La classe politique canadienne tente de juguler une crise économique qui semble s’installer à demeure. C’est dans ce contexte que le chef de l’opposition, Michael Ignatieff, a entrepris une tournée de rencontres auprès des dirigeants des grandes municipalités du Québec. Vendredi dernier, il s’est entretenu avec le maire de Montréal pour prendre fait et cause pour la relance de la métropole du Québec.

La maire de Montréal, Gérald Tremblay, semblait avoir retrouvé le sourire vendredi dernier lors du point de presse qu’il a donné accompagné de son invité. Fort de sa remontée dans les sondages, Ignatieff ne se gêne pas pour talonner le premier ministre Harper, lui reprochant de ne pas avoir dépensé les trois milliards de dollars qui avaient été prévus pour des projets de relance économique en 2008. Qui plus est, Ignatieff argue que le premier ministre ne dit pas la vérité en affirmant aux citoyens que le Canada se tire mieux d’affaire que les États-Unis en matière de chômage. Brandissant les dernières données de Statistique Canada, le challenger souligne que pas moins de 300 000 emplois auraient été perdus depuis le mois d’octobre dernier.

Montréal tarde à mettre en branle plusieurs grands chantiers esquissés dans le cadre de ses plans de développement durable et de transport. Les dividendes se font rares et le premier citoyen de la métropole plaide la cause d’une meilleure redistribution des richesses pour les municipalités. M. Tremblay se désole que «le Canada soit le seul pays du G-8 ne disposant pas d’une stratégie nationale en matière de politiques de transport, plus particulièrement en ce qui concerne les transports de transit».

Plaque tournante des transports

Malgré l’ouverture de la voie maritime, durant les années 1950, Montréal conserve toujours une importante place dans le peloton des villes où transitent marchandises et passagers. D’ailleurs, le Port de Montréal tente de maintenir son niveau d’activités en misant sur toute une batterie de mesures intermodales faisant en sorte d’accélérer les transbordements à ses quais. Toutefois, le bât blesse en ce qui concerne le transport des passagers, alors que les trains de banlieue ne parviennent pas à satisfaire une clientèle qui semble désireuse de laisser sa voiture à la maison… durant la semaine. S’il se félicite des nouvelles dispositions qui font en sorte de transférer une partie de la taxe d’accise sur l’essence vers les municipalités, le maire Tremblay aimerait bien que le gouvernement Harper débloque les fameux milliards qui sont attendus pour les infrastructures des municipalités canadiennes.

Gouvernance et partenariat

Sans vouloir rouvrir la constitution, Michael Ignatieff argue qu’il faut un new deal en termes de gouvernance entre les trois paliers politiques. Fini le temps où les gouvernements supérieurs thésaurisaient sur des surplus alors que les municipalités, elles, ployaient sous le poids des infrastructures à rénover. Il partage l’avis du maire de Montréal pour ce qui est de considérer les villes comme des partenaires de premier plan, ce qui permettrait de renouveler un fédéralisme qui semble faire le bonheur de personne par les temps qui courent.

Le leader de l’opposition aux communes affirme, haut et fort, que «Montréal, c’est une ville d’envergure nationale qui mérite que ses moyens de transports interurbains soient mis à niveau. Il en dépend de la productivité pancanadienne en définitive», soulignait-il. Et de poursuivre qu’«en période de récession, les municipalités ont un rôle fondamental à jouer au niveau du secteur de la construction ou de la mise à niveau de leurs infrastructures respectives».

Considérant que son rôle dans l’opposition consiste à demander des comptes au gouvernement Harper, M. Ignatieff promet que lui et son équipe «seront solidaires avec les besoins criants des municipalités».

Projet de premier plan

Nous avons profité de la période de questions pour s’enquérir de l’état des tractations entourant l’implantation éventuelle d’un train à haute vitesse (THV) entre les États de la Nouvelle-Angleterre et le Québec et l’Ontario. Le maire a saisi l’occasion pour nous rappeler que ce projet faisait partie du fameux Plan de transport de son administration et que lui et M. Ignatieff ont justement profité de la rencontre de vendredi pour s’entretenir sur cette question cruciale. Le chef de l’opposition aurait évoqué la question lors de sa dernière rencontre avec le premier ministre du Québec, au début de janvier 2009, et en a aussi discuté avec le maire de Québec, Régis Labeaume, vers la mi-février. Il admet qu’il s’agit d’un projet «qui aidera énormément le développement régional de Montréal et de la ville de Québec, sans oublier le fait que ce projet va donner un sérieux coup de pouce pour les échanges économiques entre le Québec et l’Ontario».

Soulignant qu’il s’agit d’un projet fort onéreux, M. Ignatieff ajoute qu’«il faut y aller par étape et c’est ce qui nous stimulera à mousser le projet d’ici 2017, alors que nous célébrerons le 150e anniversaire de la Confédération canadienne». Le maire Tremblay, pour sa part, nous rappelait que tous les partenaires impliqués – Toronto, Windsor, Montréal, Québec, sans oublier Laval – ont investi 350 000 $ pour une étude d’impact sur les retombées économiques et les conséquences environnementales d’un tel projet. «Nous sommes sur le point de conduire une dernière étude portant sur le type d’équipement qui sera utilisé, mais le temps des études est révolu», a conclu M. Tremblay, ajoutant qu’il faut accélérer les investissements dans les réseaux de transport en commun du Grand Montréal métropolitain.

Un bémol

Le chef du parti municipal Projet Montréal, Richard Bergeron, nous a glissé quelques mots à propos de ce fameux projet de corridor d’un train de passagers entre la Nouvelle-Angleterre et le Québec. M. Bergeron plaide depuis belle lurette l’implantation d’un tel corridor, mais il s’insurge contre l’habitude nord-américaine d’«utiliser une technologie de calibre inférieur à ce qui se fait en Europe». Voilà pourquoi il estime que «nous devrions implanter un train à grande vitesse (TGV) et non pas un THV. Les THV fonctionnent à partir d’un moteur à turbine permettant d’atteindre des vitesses de pointe d’environ 180 à 220 km/h en ligne droite. En comparaison, un TGV permettrait de faire le trajet Montréal – Toronto en l’espace d’environ deux heures … alors qu’il en prendrait plus de quatre heures dans le cas d’un THV!». Un autre dossier à suivre…