Un ancien espion chinois témoigne

Écrit par Gary Feuerberg
23.03.2009

  • Fengzhi Li (g.), ancien espion chinois du ministère de la Sécurité publique, s’exprime lors d’une conférence à Washington sur la manière dont le Parti Communiste chinois réprime le peuple chinois. (Nancy Nieh/La Grande époque)(攝影: / 大紀元)

Quand il a fui vers les États-Unis en 2004, l’agent du ministère de la Sécurité publique, Fengzhi Li, est resté très discret. Sa principale préoccupation était la sécurité de sa famille, qui est toujours en Chine. À l’époque, il avait besoin de se distancer du Parti Communiste chinois (PCC). Ensuite la situation des droits de l’homme en Chine a « empiré » dit-il. En découvrant la manière dont le Parti réprime le peuple chinois, Li a dit qu’il avait besoin d’élever la voix pour mettre fin aux tueries et à la « dictature sauvage ».

La solitude de Fengzhi Li qui a duré cinq ans a brutalement été interrompue ce mois-ci. Le 11 mars, Fengzhi Li est devenu le premier espion chinois à démissionner publiquement du Parti. Le 15 mars, Li a participé à deux défilés dans la capitale américaine, pour célébrer les 51 millions de Chinois qui ont démissionné du Parti et de ses organes affiliés.

Quatre jours plus tard, le 19 mars, après avoir fait ses déclarations écrites, Li est apparu en public pour faire des révélations encore plus décapantes et accusatoires sur son ancien employeur. Il a répondu aux questions des journalistes et reçu les félicitations de Dana Rohrabacher, l’un des membres du Congrès les plus engagés en matière de droits de l’homme.

« Dans la Chine actuelle, le pouvoir social, économique et politique est totalement monopolisé. En dehors du Parti communiste, aucune personne, aucun groupe n’a la moindre liberté ou le moindre pouvoir », selon Li.

Il ajoute : « Pour conserver son monopole, le PCC a mis en place un système politique qui contrôle la société dans ses moindres recoins et a recours à toutes sortes de moyens sanglants pour réprimer le peuple chinois et les autres groupes politiques. »

Le tableau que Li dépeint du système de sécurité chinois a la particularité principale de ne pas faire confiance aux gens. Il est digne du roman d’Orwell.

« Les employés du système de sécurité nationale sont censés protéger le pays et le servir. Mais le PCC emploie des sommes astronomiques pour réprimer les citoyens. Il étend même ses funestes tentacules à l’étranger. Durant ces dernières années, pour gérer les citoyens qui revendiquent leurs droits, les dissidents politiques, et les groupes spirituels, le PCC a de plus en plus recouru au système de sécurité publique pour collecter des informations sensibles, surveiller les gens, etc., allant jusqu’à les utiliser pour arrêter et persécuter ces personnes. »

Li a dit qu’avec ses collègues du ministère de la Sécurité publique, ils étaient « furieux » de voir le PCC abuser de ces informations contre les citoyens chinois. Ils ont cessé de faire confiance au PCC.

Le bonheur ne se limite pas au domaine économique

L’un des obstacles rencontrés lorsque l’on parle de droits de l’homme en Chine est la perception de l’Occident sur le progrès économique en Chine, et l’augmentation des libertés et de la démocratie qui seraient liées au développement économique. Cette perception du soi-disant progrès de la Chine doit être rectifiée, selon Li.

Fengzhi Li, 41 ans, a été élevé dans un environnement matérialiste et athée, où le système éducatif inculquait aux enfants des valeurs communistes. En raison de la politique de contrôle des naissances, Li n’a ni frère ni sœur, et il a expliqué que la manière dont cette politique est appliquée est particulièrement cruelle.

Se référant à la « poursuite du bonheur » inscrite dans la déclaration d’indépendance américaine, en contraste avec le PCC matérialiste, Li a insisté sur la poursuite d’autres valeurs. Il a dit que le progrès économique n’est qu’une facette de la « poursuite du bonheur ». Selon lui, les Chinois devraient avoir le droit de vivre dignement, de rechercher la justice sociale, et d’avoir une vie spirituelle, comme dans les pays libres en Occident. Il a insisté sur le fait que le bien-être économique à lui seul ne peut pas apporter le vrai bonheur.

« Actuellement, quand les gens dans le monde parlent de la croissance économique chinoise, ils devraient remarquer que cette croissance n’a pas apporté le progrès social ni politique que l’on attendait. Elle n’a pas apporté non plus de libertés ni de droits politiques aux Chinois. Le prix énorme de la croissance économique est inquiétant, et c’est le peuple chinois qui finira par le payer, » selon Li.

Quand les droits de l’homme seront respectés, la Chine aura fait de « vrais progrès » et cela bénéficiera non seulement aux Chinois mais aussi au reste du monde.

L’espionnage chinois mène le rÉgime à sa perte

Le sinologue et analyste de la chaîne de télévision NTDTV, Dr Tianliang Zhang a expliqué que le témoignage de M. Li lui rappelait un film allemand intitulé La vie des autres, sur la vie intérieure d’un espion qui a remporté le César du meilleur film étranger en 2008. Le film raconte la vie d’un capitaine de la Stasi, police d’État de l’Allemagne de l’Est avant la chute du communisme. Ce capitaine Wiesler se voit confier la mission de surveiller un dissident suspecté de sympathie avec l’Occident. Mais en apprenant à le connaître, l’agent se prend de sympathie pour lui et décide de le protéger dans les rapports qu’il fait à ses supérieurs.

« Ce qui est intéressant chez cet agent est qu’il est sincèrement socialiste », dit Dr Zhang. Il a rejoint la Stasi par désir de protéger son pays d’éventuels ennemis. Finalement il découvre la corruption des dirigeants communistes et comprend l’humanité en surveillant cet écrivain dissident.

« Aujoud’hui en apprenant l’histoire de Fengzhi Li, on voit que le film est devenu réalité pour [Fengzhi Li] », a dit Dr Zhang.

L’histoire de M. Li démontre « quelque chose de très simple : si une personne veut vraiment du bien à son pays et à son peuple, il sait que le Parti Communiste est en train de nuire au pays et de persécuter le peuple », dit Dr Zhang. Il existe aussi la possibilité que, lorsque les agents secrets surveillent le peuple, ils peuvent bien agir en apprenant la vérité parce qu’ils ont accès à des informations censurées auxquelles le peuple n’a pas accès. Ils sont les premiers témoins des souffrances infligées aux victimes du régime — des gens comme les pratiquants du Falun Gong qui sont pacifiques ou des Chrétiens tels que l’avocat Gao Zhisheng.

En effet, Fengzhi Li, en tant qu’ancien espion, a suivi le même chemin que l’agent Stasi du film. D’après ce qu’il sait et sa compréhension de ce que devrait être une société libre, Li dit qu’il se sent obligé de dire à l’Occident de regarder en face ce qu’est devenu le régime totalitaire chinois. Il nous dit, à nous vivant en Occident, qu’il ne faut pas être trompé par le PCC et par le progrès économique chinois. Il nous supplie de réaliser que les violations des droits de l’homme ne font qu’empirer.

« Quand la communauté internationale traite avec la Chine, si nous ne nous focalisons que sur des bénéfices économiques temporaires, et que nous restons silencieux sur les problèmes des droits de l’homme, cela revient à soutenir le PCC. De ce point de vue, le fait de rester silencieux revient à être complices de la tyrannie communiste. »