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Performance perforée pour plaisir pluriel

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque - Montréal
23.03.2009
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WOYZECK

De Georg Büchner

Adaptation et mise en scène : Brigitte Haentjens

Cie Sibyllines

À l’Usine C

Du 17 mars au 4 avril 2009 à 20 h

Réservations : 514 521-4493

En vente au guichet : le livre Sibyllines, 10 ans de création, un parcours pluriel

ainsi que le carnet d’accompagnement du spectacle Woyzeck

 

  • Marc Béland et Paul Amarani(攝影: / 大紀元)

Enfin une pièce qui appelle à la modernité et qui rassemble tous les publics. C’est à l’Usine C. C’est Brigitte Haentjens et toute une équipe de concepteurs et d’acteurs qui clarifient le mythique Woyzeck, sans pour autant lui faire perdre son mystère.

Pour cette œuvre présentant toutes les strates de la population, la compagnie Sibyllines a misé sur l’adaptation québécoise de la pièce du jeune auteur, feu Georg Büchner, décédé à 23 ans des suites du typhus dans son Allemagne natale. L’œuvre de 1837 est donc inachevée et contient des vides. Plutôt qu’une chute dans le nébuleux univers de l’auteur, ces trous laissent respirer le fil narratif et permettent au spectateur de réfléchir sur la situation. Celle-ci est simple et présente toutefois un personnage complexe. Franz Woyzeck (Marc Béland) travaille dur pour assouvir les besoins de sa femme Marie (Évelyne Rompré) et de leur enfant. Il va jusqu’à accepter que le docteur (Paul Amarani) se serve de lui pour des expériences aliénantes, tout en se confondant dans les services qu’il rend, en temps supplémentaire, au Capitaine (Paul Savoie). Déjà fragile d’esprit et en proie à des hallucinations, il perd complètement le nord lorsqu’il se voit cocufier par sa seule bouée de sauvetage, sa chère femme.

Cette pièce paysage, si on reprend le terme de Michel Vinaver, ne mise pas sur l’action, mais sur la manière dont la fable est amenée. Le jeu des comédiens rivalise avec un espace poétique quasi vide, où dominent les zones de lumière. Nous devons reconnaître que c’est ce qui étonne le plus : ce talent sensible avec lequel Claude Cournoyer choisit l’éclairage. Ce langage est si dense qu’il fait apparaître l’espace comme un être vivant à part entière, au milieu des personnages. Le son (Frédéric Auger) est très présent. Nous regrettons par contre le «sapage» de certains dialogues à cause de l’écho des pas sur le plancher. C’est en même temps un calcul qui n’est pas vain, suivant le sens fragmenté des situations et l’absence de compréhension des personnages entre eux.

Les chorégraphies et le choix des chants pop de la culture québécoise révèlent les travers d’une société qui se base sur l’entertainment, comme pour taire la singularité de chacun. À travers ces airs, chacun emprunte les mots des autres pour dire la douleur et la joie des évènements. Burlesque et cruauté font partie du même univers. Cette trouvaille est la plus belle invention que le metteur en scène a pu partager. Oscillant entre le rire et la stupéfaction, le public semble ne pas savoir sur quel pied danser. Déroutant, vous pensez? Et la vie moderne ne l’est-elle pas davantage? 

Nous voudrions voir et revoir cette pièce pour en comprendre chaque fois davantage les rouages. Une représentation qui restera en mémoire. 

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