Aujourd'hui en Chine (11.04.2009)

Écrit par Nouvelles des correspondants de la radio Son de l’Espoir
11.04.2009

  • légende : Des pétitionnaires expulsés de leur village montrent les lettres qu'ils ont écrites aux autorités locales. (AFP)(STF: PETER PARKS / ImageForum)

Les expropriés de Bijie

Les autorités de la ville de Bijie dans la province de Guizhou ont commencé l’expropriation forcée de paysans, la saisie de leur terre et la destruction de leur domicile. Près d’un millier de soldats et policiers seraient déployés, comme cela a déjà été le cas dans le passé, pour soutenir les expropriations. Plusieurs personnes ont été blessées et hospitalisées. Des paysans seraient poursuivis par les autorités locales pour avoir écrit des lettres de pétition aux autorités nationales.

Pour Liu Junchun, « non seulement cette lettre a été inefficace, mais maintenant ils disent que notre comportement est de `participer à une organisation contre-révolutionnaire’. Ils nous chassent partout ; c’est pourquoi nous nous sommes échappés ».

Mme Wang Li, propriétaire, déclare : « Ils nous ont expropriés de notre terre et dit qu’ils paieraient 28 yuans par mètre carré. Même si nous n’étions pas d’accord sur la vente, nous y avons été forcés. Ils ont démoli notre maison, occupé notre terre et blessé des gens. Ma mère a réagi contre eux et en est morte. Ils ont arrêté et ont détenu mon mari, nous forçant à signer, parce que si nous ne faisions pas, ils ne le libéreraient pas. »

Entre mai et octobre l’année dernière, et en janvier cette année, les autorités de Bijie ont envoyé des milliers d’hommes pour opérer aux expulsions et aux démolitions. Certains villageois ont à cette époque été arrêtés et n’ont toujours pas été libérés. Pour Wang Li, « les fonctionnaires les utilisent comme des otages pour forcer des familles à accepter de signer le document d’expropriation ».

Un enquêteur sur le tremblement de terre du Sichuan détenu

Un défenseur de l’environnement de Chengdu, dans la province de Sichuan a été détenu après que sa maison a été mise à sac par la police le 28 mars. D’après ses proches, il est accusé « d’incitation à la subversion du pouvoir d’Etat ». Avant son arrestation, Tan Zuoren enquêtait sur les bâtiments scolaires peu sûrs qui s’étaient effondrés pendant les tremblements de terre du Sichuan en mai 2008. De très nombreux écoliers ont péri dans ces tremblements de terre.

Mme Wang Qinghua, l’épouse de Tang Zuoren, explique que le 28 mars la police est venue pour fouiller sa maison et que son mari a été emmené. « Maintenant tout est sens-dessus-dessous dans la maison après le passage de la police. J’ai été invitée à signer la notification de la détention. »

En 2008, Tang Zuoren a inspecté les écoles effondrées après le tremblement de terre du Sichuan. Il a également enquêté sur les enfants décédés, sur la qualité de construction des bâtiments scolaires, sur la liste de noms des victimes. Pour sa femme « des patriotes se souciant des autres comme lui sont rares. Nous sommes patriotes, accusés d’un crime si grave et ne sommes pas même autorisés à nous voir ».

Défenseur de l’environnement et ancien rédacteur-en-chef du magasine Culture, Tang Zuoren a par le passé déjà agi pour critiquer une usine chimique et avait soumis un article au gouvernement local intitulé Suggestions sur le projet pétrochimique Pengzhou à Chengdu.

Explosion dans une mine de la province de Hubei

Sept personnes au minimum ont été tuées par une explosion sur un site minier du comté de Xingshan dans la province de Hubei. Selon des médias de Taiwan, l’explosion a eu lieu lors de vérification des connections des explosifs et a provoqué la chute sur l’équipe d’environ 600 mètres carrés de roche. La forte pluie et la neige rendent les efforts de découverte de survivants extrêmement difficiles.

Cortège funéraire de 10.000 personnes à Pingxiang

Malaise dans la ville de Pingxiang de la province de Jiangxi, après qu’une personne âgée est décédée sous les coups de l’équipe de gestion urbaine. La famille de la victime a pris le 30 mars la tête d’une marche de protestation, en portant avec elle le corps de la vieille victime sur l’axe routier principal de la ville, avec la participation estimée d’une dizaine de milliers d’habitants de la ville. La sécurité publique de Pingxiang a déployé plusieurs centaines de policiers pour « maintenir l’ordre » après que des voitures ont été retournées par les manifestants en colère.

Les décès de M. Chen, 59 ans, est survenu lorsque celui-ci est intervenu pour protéger sa sœur, frappée par les agents du bureau de gestion urbaine qui venaient la déloger de son logement, construit sans permis. L’homme a été battu à mort par la vingtaine d’agents sur place, a reconnu un membre du département de gestion urbaine de Hengpan devant la presse avant que les autorités bloquent les informations sur le dramatique incident.

La police de San Ming accusée de prélèvement d’organes

Xu Nianyi, un habitant du village Meiliexi de la ville de San Ming, accuse la police d’être responsable du décès de son fils de 17 ans, Xu Luwang, que les autorités locales disent avoir découvert mort. De façon troublante, les organes internes du jeune homme – sans antécédent judiciaire – ont été prélevés durant son autopsie, rapidement suivie d’une crémation expéditive.

Interrogée sur les raisons faisant que la famille n’avait pas été informée de « l’autopsie », la police a répondu que le ministère de la sécurité publique avait tout pouvoir pour agir sans recours possible de la famille. D’après un proche de M. Xu Nianyi, un policier s’est vanté devant lui d’avoir vendu les organes du jeune homme pour 1,2 million de yuans [120.000 euros]. La famille tente, sans grand espoir, d’obtenir l’ouverture d’une enquête. Le commerce d’organes est une réalité chinoise dont l’ampleur a été largement sous-estimée jusqu’au rapport Kilgour de 2007, estimant à plusieurs dizaines de milliers par an le nombre de prélèvements. D’après ce rapport, les premières victimes seraient, avec les condamnés à mort, les membres emprisonnés du mouvement bouddhiste Falun Gong.

Un moine tibétain tué par la police militaire dans le Ganzi

Un moine tibétain est mort et huit ont été blessés quand la police militaire communiste chinoise a ouvert le feu sur des manifestants tibétains le 27 mars, la veille de la « journée de libération du servage ».

Les Tibétains de la préfecture Luhuo dans la région autonome tibétaine de Ganzi étaient en grève pour protester contre l’oppression cruelle des Tibétains par le régime communiste. Face à des manifestants silencieux, la police militaire a commencé à tirer.

La région habituellement stable du Ganzi est maintenant en pleine tension, avec l’arrivée de nouvelles troupes militaires par hélicoptère. Les communications internet ont été coupées et ne seront rétablies, d’après les autorités locales, que dans deux mois.

Emeutes à répétition dans la province de Hainan

Les émeutes deviennent quasi-quotidiennes dans la province de Hainan en Chine, au point que le gouvernement central a décidé de l’envoi de milliers de policiers dans le secteur. Le 23 mars, des étudiants de deux villages différents de la communauté rurale de Gan se sont battus avec tellement d’énergie qu’ils ont réduit en cendres des bâtiments administratifs et le commissariat de police de la défense aux frontières. Puis, le 25 mars, des milliers d’habitants de deux villages se sont affrontés, provoquant un décès et de nombreux dégâts matériels.

Les experts attribuent la forte augmentation des émeutes au décalage croissant entre population générale et responsables politiques, dans un contexte de corruption endémique.

Une militante handicapée arrêtée à Shanghai

La pétitionnaire Zhou Minchu, de « l’Alliance publique contre l’injustice » a été arrêtée par les autorités shanghaïennes. La militante handicapée distribuait des formulaires d’enquête populaire devant la mairie de la ville. Pour Shen Ting, président de l’Alliance, cette arrestation est due au fait que Zhou Minchu a publiquement annoncé qu’elle démissionnait du Parti communiste chinois.

Des anabolisants dans le porc chinois

A la mi-février, 70 cas d’empoisonnement alimentaire liés à la consommation de porc ont été rapportés, ce qui est d’après des spécialistes de l’agro-alimentaire attribuable aux pratiques douteuses des producteurs de viande de porc. Parmi celles-ci, l’ajout de clenbuterol, employé pour le traitement de maladies respiratoires allergiques chez les chevaux, qui permet aux producteurs chinois d’obtenir une viande plus maigre qu’ils vendent à meilleur prix.

En février, plusieurs plaintes ont été déposées dans la province de Henan contre des producteurs de porcs de la province de Guangzhou, au Sud du pays. Six producteurs ont été arrêtés, ce qui d’après un industriel du secteur qui demande à rester anonyme ne reflète pas l’importance de la pratique. D’après lui, depuis le milieu des années 90 tous les producteurs reçoivent par les universités de la province du clenbuterol. La drogue est donnée aux porcs jusqu’à une dizaine de jours avant leur passage à l’abattoir – ce qui permet de passer les contrôles sanitaires avec des niveaux de clenbuterol indétectables.