Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Du cinéma hollywoodien aux cinémas nationaux

Écrit par Alain Penso
13.04.2009
| A-/A+

  • (攝影: / 大紀元)

Le cinéma américain occupe le marché du cinéma mondial

 

Depuis plusieurs décennies, l’industrie américaine du cinéma domine le monde de la distribution des films en occupant 70 % du marché mondial. Les films américains sont distribués dans les salles étrangères qui attendent ses super productions, toujours plus nombreuses, avec impatience. Pour la popularité de ses stars et sa capacité à multiplier le spectaculaire, le cinéma américain reste le numéro un du cinéma mondial, en terme de puissance économique. La diversité de ses sujets, mais non leur traitement, reste l’aspect fondamental de son savoir-faire. Le montage rapide et nerveux sert ses desseins de diffuser son mode de vie et son idéologie, basés non pas sur le bonheur partagé mais sur celui du vainqueur, le meilleur c’est le winner, celui qui décrochera le bien-être. Cette philosophie simpliste est combattue dans le très beau film d’Elia Kazan L’Arrangement (1967).

Le cinéma indien domine son propre marché

 

Le seul cinéma national n’ayant jamais pu être attaqué par les Américains, malgré toutes leurs tentatives, est le cinéma indien. Depuis toujours, bon an mal an, il est produit dans le plus mauvais des cas quatre cents films par an. Le cinéma indien est un cinéma positif où toutes les intrigues sentimentales aboutissent vers une entente cordiale ou amoureuse. Le merveilleux cohabite avec une réalité difficile où les castes s’affrontent et ses membres ont peine à s’élever socialement autrement que par la magie, des films « merveilleux » voient souvent le jour pour donner espoir aux plus démunis. La pierre philosophale (1957) film mythique de Satyajit Ray, est l’un de ces films qui prône le bonheur à deux pas de nos espérances.

Le Mariage des moussons (2001) de Mira Nair est le meilleur exemple du cinéma de Bollywood, ce cinéma de Bombay fabriqué sur mode économique américain dont le sujet s’inspire de la tradition indienne. Ce cinéma prend sa force dans ses sources et ne quitte pas le chemin qu’il s’est tracé depuis son origine.

Le cinéma coréen

Le cinéma asiatique se relève d’un long sommeil qui semble réparateur. Jean-Max Causse et sa filmothèque nous avaient proposé un festival du film coréen où des œuvres classiques et nouvelles étaient présentées montrant ainsi le dynamisme exceptionnel de ce cinéma, tant dans son contenu que dans sa forme énergique et sensible.

The Chaser (2009) par Na Hong-jin avec Kim Yoon-seok, Ha Jeong-woo, est un film policier où l’ambivalence et l’action cohabitent dans une harmonie exceptionnelle. Il s’agit du premier film de ce réalisateur. Le sujet lui-même joue sur l’ambiguïté des sentiments d’un ancien policier qui devient proxénète. Tombé dans la déchéance, il est déchiré entre la loi et l’amour. Il lutte désespérément pour sauver la jeune femme qu’il aime mais qu’il a fait souffrir.

La crise du cinéma japonais

 

Le cinéma japonais est attaqué de plein fouet par d’autres cinémas que l’américain : le coréen, moins cher et plus inventif, tourné vers l’avenir et faisant fi des conventions ou de l’autocensure ou par le cinéma de Hong Kong, voire parfois de Taïwan – des cinémas éveillés à la modernité.

Heureusement le film Tokyo Sonata (2009) de Kiyoshi Kurosawa semble infirmer le sommeil définitif du cinéma japonais. Ce film raconte l’histoire, souvent répétée dans la société japonaise, d’un homme qui perd son emploi et en même temps l’estime des siens, qui jusque-là le respectaient pour sa protection économique et morale. La perte d’un emploi est un tabou terrible au Japon et il convient de dissimuler la chose pour éviter les troubles familiaux jusqu’à ce qu’un nouvel emploi soit enfin trouvé. Ce film est adroitement filmé. La sobriété cohabite avec la richesse des thèmes développés.

Ce cadre malheureux est borné envers ses deux enfants et sa femme. Le plus jeune est doué pour la musique. Il s’y réfugie et fait le vide dans sa tête pour affronter les certitudes inconscientes de son père. Son arme pour franchir la vie sera le piano.

Nicole Garcia avait tourné L’Adversaire (2002) avec Daniel Auteuil, s’inspirant d’un fait divers tragique dans lequel toute une famille sera assassinée par le « héros » découvert dans ses mensonges. Laurent Cantet, le réalisateur d’Entre les murs (2008) plus mesuré dans L’Emploi du temps (2001) fera un constat plus froid sur la cruauté de la perte d’un emploi.

La renaissance du cinéma italien

Le cinéma italien moribond, depuis la prise du pouvoir de Berlusconi et ses armées de télés faites de somnifères, se réveille et renaît de ses cendres. Gomorra (2008) de Matteo Garone qui décrit le fonctionnement de la Camora, cette organisation criminelle détournant l’argent de l’État dans une entreprise de traitement des ordures. Bien sûr on se souvient de Main basse sur la ville (1963) où les pauvres étaient toujours sans logement à cause du détournement des finances par des criminels soucieux de leur bien-être et des honneurs à recevoir. Il divo (2008) de Paolo Sorrentino décrit la corruption des politiques qui s’appliquent à faire perdurer un système qui ne profite qu’à la classe politique. Le déjeuner du 15 août (mars 2009) savoureuse comédie de Gianni Di Gregorio sur les inconvénients à être vieux au sein d’une famille beaucoup trop jeune qui aimerait se débarrasser « des  traînards ». Dino Risi serait-il de retour ? Les nouveaux monstres (1978) nous manquent pour donner un peu de piment à notre vie où l’humour au quotidien semble s’être évanoui ?

Une larme dans l’océan

Delta de Kornél Mundruczo (2009), film hongrois, n’aura pas pu se faire sans la co-production allemande. C’est un film lumineux qui met en scène un jeune homme qui retourne vivre dans sa campagne natale. Il est mal reçu par sa mère et son beau-père. Il fait la connaissance de sa sœur aussi réservée que lui qu’il regarde avec tendresse et émotion. Violence, jalousie, incompréhension vont être le ferment diabolique de cette simple histoire d’amour où la bestialité et la sauvagerie se déclenchent dans une contrée d’arriérés sans cœur.

Du constat à la tragédie indépassable

 

La journée de la jupe (2009) de Jean-Paul Lilienfeld n’est pas sans rappeler Entre les murs (2008) de Laurent Cantet, puisqu’il traite de l’histoire d’une classe de collège à problèmes. Sonia Bergerac (Isabelle Adjani), professeur de français, engage une conversation violente avec des caïds de la classe. Elle découvre une arme dans le sac de l’un d’eux. Elle prend la classe en otage pour être écoutée. L’idée, bien que violente, n’est pas mal en soi, mais des invraisemblances décrédibilisent le film. Le professeur se sacrifie – ce qui sur le plan des idées qu’elle défend n’est pas bon – la laïcité est également basée sur la justice, la rigueur. Où sont-elles, si la vérité ne transparaît pas ? D’autre part, le film aurait pu faire plus d’entrées s’il n’avait pas été diffusé à la télévision avant sa sortie en salle. Le film est prenant et quelques mises au point auraient pu le rendre excellent.

Pleins feux sur le cinéma israélien

 

Grâce à son infatigable directeur Charles Zrihen, nerveux, en mouvement permanent, le festival du cinéma israélien nous dévoile quelques œuvres remarquables parmi lesquelles on peut citer d’emblée Zrubavel (2008) de Shmuel Beru, Israélien né en Éthiopie. Il donne là un film sensible où les images installent une histoire presque vécue symboliquement par son réalisateur. Radu Mihaileanu, réalisateur du très beau Vas, vis et deviens (2005) l’avait encouragé en présence de l’ambassadeur d’Éthiopie venu parler de toutes les traditions de son pays que nul ne pouvait oublier. Du sourire aux larmes, ce film bouleversant est un petit bijou de finesse et de simplicité. Restless (2009) d’Amos Kollek, réalisateur de Sue perdue dans Manhattan (1999), est une œuvre fine et déroutante tant elle est riche. Moshe vit à New York dans une certaine déchéance. Il y a vingt ans, c’était un écrivain de renom mais non reconnu du public. Pris de panique, il s’en va, laisse sa femme et son enfant Zach. Son enfant vient le rejoindre à la mort de sa mère, quittant l’armée où il était  tireur d’élite. Zach est plein de haine pour son père à cause de son absence mais le dénouement est heureux.

Brillant et filmé avec élégance, Restless avec Moshe Ivgy est un sommet cinématographique pour ce cinéaste qui, rappelons-le, est le fils de l’ancien maire de Jérusalem récemment disparu Teddy Kollek. Enfin il serait bon de mentionner Week end à Tel Aviv (2008). Karen, une jeune fille juive de 17 ans, se lie d’amitié avec Tarek, un Palestinien chargé d’un attentat suicide pour laver l’honneur de son père poussé par des Palestiniens sans scrupules, soucieux de sacrifier les autres mais surtout pas eux-mêmes, par intérêt politique mais pas pour des questions humaines. Dror Zahavi est atteint par cette histoire au désir de concordance entre les peuples.

L’hommage à Eitan Green était parfaitement justifié pour la qualité de ses réalisations passées. Trois de ses œuvres ont été présentées : Tout commence à la mer (2008) est un film constitué de trois récits sur les défis de la vie. Cela fait penser un peu au film à sketchs italien. Les larmes coulent d’elles-mêmes (1996) est une comédie enlevée sur les sentiments difficiles à maîtriser en toutes circonstances. Jusqu’au bout de la nuit (1985) me semble être le film le mieux maîtrisé des trois. Giora Getter rencontre toutes sortes de problèmes : un mariage raté, son renvoi de l’armée, des menaces à l’encontre de son bar de Tel-Aviv, sa mère a une liaison. Le jugement des enfants sur leur mère qui trahit, selon eux, leur père pourtant insensible à elle. Un conflit de générations et un fossé culturel entre deux mondes sont décrits avec une dextérité étonnante.

Dans le genre documentaire, Le mystère de la poubelle verte (2008) est un film touchant. Au sud de Tel-Aviv, un homme en scooter repère dans une poubelle de vieilles photos qu’il ramène à son domicile. Il fait une enquête grâce aux noms figurant au dos. Il cherche sur internet les renseignements qui le mèneront vers le destin tragique d’une famille disparue dans le goulag sibérien en passant aussi par le mouvement du kibboutz Gordonia.

Dans le genre comédie, il faut encourager les jeunes Emmanuel Naccache et Stéphane Belaisch pour avoir monté Le syndrôme de Jérusalem (2008). Ce film est sympathique, souvent drôle. Il faut donner une mention au talentueux Lionel Abelanski pour sa burlesque prestation d’illuminé.

Dans le genre vidéo art, le film d’Avi Amograbi donne un film court de huit minutes où le sens embellit l’esthétique déjà fascinante.

Un combat pour la vérité politique

 

Frost-Nixon, l’heure de vérité (2009) est un film de Ron Howard habitué à réaliser des films de tous genres. Les acteurs Frank Langella (Richard Nixon) et Michael Sheen (David Frost) sont absolument extraordinaires. Il semblerait que cet affrontement d’un animateur devenu pour un moment journaliste soit une réussite supérieure à ce que l’on pouvait attendre. Dans le film on vibre avec l’esprit des personnages et non avec leur corps, souvent peu mobiles. Le statique semble être le fondement même du sérieux du film, contrairement à Nixon avec Anthony Hopkins d’Oliver Stone (1995) qui se voulait très rigoureux, presque à cheval sur les archives. Philip Baker Hall avait incarné Nixon en 1984 dans le film de Robert Altman, sérieux mais non dénué d’humour.

Il est toujours délicat de terminer une chronique par une disparition, mais celle de Maurice Jarre est difficile à supporter. Il était âgé de 84 ans. Il est parti le 28 mars des suites d’un cancer. C’était l’un des compositeurs de musiques de films le plus connu au monde. Il avait signé 150 musiques de films que chacun a dû fredonner au moins une fois dans sa vie, parmi elles : Le Docteur Jivago (1965) et Lawrence d’Arabie de David Lean (1962), Les Damnés de Luchino Visconti (1969), Le Dernier Nabab d’Elia Kazan (1976).

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.