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Appui ouvert aux Tigres terroristes

Écrit par Antoine Latour, La Grande Époque - Montréal
15.04.2009
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Des Tamouls du Canada plaident pour leurs compatriotes, d'autres pour une organisation terroriste

  • Des manifestants tamouls(攝影: / 大紀元)

Ces derniers jours, les Tamouls du Canada ont été très actifs. C'est par milliers qu'ils sont descendus dans les rues de Toronto et d’Ottawa, formant une chaîne humaine ou bloquant la circulation. D'autres grandes métropoles du monde ont également connu de telles manifestations. Ces actions ont été déclenchées par l'offensive de l'armée sri lankaise qui est en train de venir à bout des derniers bastions de la guérilla des Tigres tamouls, dans le nord du pays. On rapporte que des milliers de civils sont prisonniers des combats et les deux camps n'ont pas la réputation d'être délicats dans leur traitement des non-combattants.

À Ottawa, la GRC et la police locale ont dû fermer certaines parties du centre-ville la semaine dernière alors que des centaines de manifestants, brandissant des drapeaux, occupaient les rues et empêchaient les véhicules de passer.

Arul Ananth, un étudiant de 21 ans de l'Université Ryerson de Toronto qui a participé au rassemblement, a affirmé que ces actions étaient en réponse au «génocide qui est en train de se dérouler au Sri Lanka».

Selon lui, le but principal de la manifestation était de «faire en sorte que le gouvernement canadien reconnaisse qu'il y a un problème [au Sri Lanka] et qu'il puisse intervenir en faveur d'un cessez-le-feu afin que s'estompent les hostilités entre l'armée sri lankaise et les LTTE [Tigres de libération de l'Eelam tamoul]».

L'Eelam est situé au nord et à l'est du Sri Lanka, et ce territoire est revendiqué par les LTTE. Une guerre civile opposant le gouvernement au mouvement séparatiste fait rage depuis 30 ans.

À Ottawa et à Toronto, tout comme à Londres ou à Oslo, les drapeaux brandis par plusieurs des manifestants sont venus capter l'attention. Présentés comme de simples «drapeaux tamouls» par le Réseau de l'information (RDI) qui couvrait l'évènement, il s'agissait plus précisément de drapeaux des LTTE, une organisation jugée terroriste par le gouvernement canadien et une trentaine d'autres pays.

Si certains manifestants voulaient en effet sensibiliser la population et faire pression sur Ottawa pour améliorer le sort de leurs compatriotes au Sri Lanka, d'autres ont profité de l'attention médiatique pour plaider en faveur de l'organisation terroriste.

«Tamil Tigers, freedom fighters!», scandaient les manifestants vendredi dernier, selon le Globe and Mail, souhaitant que le gouvernement canadien retire les LTTE de la liste des entités terroristes. On considère que cette organisation a perfectionné la technique des attentats-suicides. En 1991, une femme militante des LTTE avait assassiné l'ex-premier ministre indien Rajiv Gandhi en se faisant exploser à ses côtés.

On reconnaît aux Tigres tamouls une grande créativité, si bien que certaines de leurs tactiques sont reprises par d'autres groupes terroristes. Leur implication dans les trafics illicites de tout genre est également documentée.

Il est connu que les LTTE tentent de contrôler le discours de la communauté et de s'interposer comme le porte-parole légitime des expatriés. C'est une grande source de tension, car les Tamouls sont divisés face aux méthodes utilisées par les Tigres.

Selon un article publié dans le National Post, les LTTE auraient tenté et, semble-t-il, réussi à récupérer le mouvement de protestation au Canada.

«Les Tamouls modérés ont essayé de faire entendre leur voix au Canada, comme lors d'un récent rassemblement sur la Colline parlementaire organisé par la Hindu Priests Association. Toutefois, des centaines d'hommes et de femmes tamouls ont été envoyés de Toronto par un groupe pro-LTTE pour infiltrer le rassemblement avec des drapeaux des Tigres tamouls. Ce genre de pratique est devenu la norme. Les médias canadiens et la population devraient comprendre que les partisans des Tigres tamouls cooptent ces évènements contre le souhait des organisateurs», est-il écrit.

La GRC et les services secrets surveillent de près le mouvement au pays, car le Canada constitue une des bases principales de financement pour les Tigres.

Des documents rendus publics la semaine dernière par la GRC démontrent comment le World Tamil Movement, un organisme à but non lucratif que les autorités fédérales veulent démanteler, amassait des fonds pour la guérilla des LTTE. L'enquête policière ciblait particulièrement des individus habitant Montréal.

En janvier, un homme de Toronto a plaidé coupable dans une cour de New York d'avoir tenté d'acheter, pour les Tigres, des missiles à tête chercheuse russes et des fusils d'assaut AK-47. Sathajhan Sarachandran, 29 ans, était l'ex-président de l'Association canadienne des étudiants tamouls.

{mospagebreak} Parlement fermé

Le Parlement était fermé la semaine dernière, alors les manifestants n'ont pu s'entretenir avec des responsables gouvernementaux. Cependant, Lawrence Cannon, ministre des Affaires étrangères, a appelé à un cessez-le-feu immédiat au Sri Lanka.

Les conservateurs sont moins enclins que les libéraux à prendre position en faveur des Tamouls, en raison de l'omniprésence des LTTE dans la communauté. Le député libéral Gurbax Singh Malhi s'est mis dans l'eau chaude dernièrement en livrant un discours lors d'un rassemblement tamoul à Ottawa, où de nombreux drapeaux des LTTE étaient agités et où l'on scandait «Tamil Tigers, freedom fighters!», rapporte le Ottawa Citizen.

«J'aimerais vous dire que je vous aide. Je suis derrière vous parce que vous luttez pour une juste cause», a-t-il déclaré.

Sa participation ayant soulevé des critiques à la Chambre des communes, il a dû s'excuser par la suite pour sa participation.

Gurbax Singh Malhi, ayant obtenu un baccalauréat en sciences politiques et en histoire en Inde, son pays natal, a indiqué dans un communiqué n'avoir pas saisi l'implication des drapeaux des LTTE dans le rassemblement.

«Au meilleur de mes connaissances, le groupe qui a organisé ce rassemblement n'a pas d'historique d'association avec le terrorisme ou les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE). Bien qu'un certain nombre de participants à ce rassemblement aient choisi d'agiter des drapeaux des LTTE, je n'ai pas saisi l'implication de ces drapeaux et je n'étais pas au courant que d'autres orateurs avaient parlé en faveur des LTTE.»

Il y a quelques années, l'homme politique libéral Paul Martin avait été critiqué pour avoir participé à un souper bénéfice organisé par un organisme lié aux Tigres tamouls.

Il y aurait quelques centaines de milliers de Tamouls au Canada, soit un important bassin électoral.

Bloquer la circulation

La présence de sympathisants d'une organisation terroriste qui s'affichent ouvertement dans les rassemblements ne risque pas de rendre la cause tamoule plus attrayante dans l'opinion publique. Bloquer la circulation non plus. Arul Ananth justifie : «Nous avons essayé des méthodes pacifiques dans le passé comme la manifestation du 16 mars à Toronto [où des dizaines de milliers de personnes ont formé une chaîne humaine] pour essayer d'attirer l'attention du gouvernement.»

Durant la manifestation, on a pris connaissance de la question, dit-il, mais tout de suite après «c'était une chose du passé».

«Nous avons tout essayé : manifestations silencieuses, grèves de la faim, rassemblements – aucun résultat. Alors c'était notre solution finale pour attirer l'attention du gouvernement fédéral et leur laisser savoir qu'il y a une grande population au Canada qui croit que notre gouvernement devrait s'impliquer.»

Au Sri Lanka

Le 12 avril, le gouvernement sri lankais a arrêté temporairement son offensive pour permettre  aux civils de quitter les zones de combat en sécurité, rapporte la BBC.

Les combats entre l'armée sri lankaise et les LTTE se s'étaient intensifiés dernièrement. Les forces gouvernementales sont dans une dernière offensive pour vaincre les Tigres et ainsi tenter de mettre fin à des décennies de conflit. Colombo remet en question les chiffres de l'ONU selon lesquels 2800 civils auraient été tués et 7000 autres blessés durant les deux derniers mois.

Les journalistes ne peuvent accéder à la zone de combat, ce qui rend difficile l'éclaircissement de la situation.

Un expert en droits de l'homme de l'ONU a averti la semaine dernière qu'un bain de sang était probable si les belligérants ne tiennent pas un cessez-le-feu assez long pour permettre aux civils coincés de quitter la zone de conflit.

Plus de 100 000 civils seraient coincés avec les Tigres dans une zone côtière du nord, ce qui les rend plus vulnérables.

Pam McLennan, à Ottawa, a contribué à cet article.

 

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.