Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

THÉO OU LE TEMPS NEUF

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque - Montréal
20.04.2009
| A-/A+

 

  • Paul Savoie (攝影: / 大紀元)

Robert Pinget fut un grand écrivain français de l’époque du nouveau roman, investiguant la littérature aux côtés de Beckett et Sarraute. Jean-Marie Papapietro, connu pour sa prise de risque en mettant en scène les grands textes contemporains, a choisi d’adapter la littérature de Pinget à la scène avec Théo ou le temps neuf.

La scène place l’écrivain assis à sa table de travail, rédigeant ses mémoires. Son neveu, encore enfant, alternant entre la réalité de leur vie quotidienne commune et celle de la littérature, permet à l’écrivain de mettre en perspective ses souvenirs. Cette pièce trouve son intérêt dans le médium littéraire et la part de vivant que représente l’enfant. La scène est d’ailleurs divisée en deux par un tulle transparent, encadré par d’épaisses lattes de bois. D’un côté des espaces : la vie réelle, de l’autre : la retranscription de celle-ci par l’écrivain.

Que se passe-t-il dans la parole? Que se passe-t-il sur papier? Le comédien Paul Savoie, précis et impliqué dans la transmission de la voix de l’auteur, se livre à ces questions sans relâche. Le vieil homme qu’il représente est en proie à des cauchemars et à des colères soudaines que seul l’attendrissement pour son neveu peu apaiser. Le duo est franchement attachant.

Ce qui pèse un peu, c’est le peu d’images que le texte donne à voir sur scène. Deux bureaux et une table de cuisine et c’est joué, nous n’avons plus qu’à fermer les yeux et à écouter le texte dense de l’auteur. C’est un bel hommage que le Théâtre de Fortune lui rend, à n’en pas douter. Mais est-ce réellement utile de condenser toutes ces énergies pour rendre ce texte sous forme de représentation? Une lecture suffirait largement à notre imaginaire. Puisqu’il est question de temps dans cette histoire, force est de constater que le mot tue la pensée littéraire de l’auteur, car il file et déjà la situation scénique se concentre sur une nouvelle pensée de l’auteur.

Pour le Théâtre de Fortune, l’objectif était clair : «Nous considérons que le théâtre doit pouvoir se nourrir de toutes formes d’expression, librement, car il est avant tout un authentique moyen de connaissance, un laboratoire où l’homme apprend à se découvrir et à se reconnaître […]»

Ce désir répond à un besoin fort de faire connaître Pinget, mais la scène – me semble-t-il – est aussi un moyen de rendre visible ce qui demeure caché dans un texte. Dans les circonstances de Théo ou le temps neuf, la représentation obscurcit la pensée de l’écrivain. Comme dirait l’auteur Pinget lui-même traitant de la mémoire : «Un seul mot qui fasse tout revivre mais en garder le secret.» Un seul conseil pour découvrir les qualités littéraires indéniables de cet auteur : s’offrir le temps de lire ses œuvres.

 

THÉO OU LE TEMPS NEUF

De Robert Pinget

Adaptation et mise en scène : Jean-Marie Papapietro

Le théâtre de fortune

À l’Usine C

Du 14 au 25 avril 2009 à 19h

Réservations : 514 521-4493

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.