GODAE : 10 ans d’océanographie internationale opérationnelle

Écrit par Suzi Loo, La Grande Époque
21.04.2009

  • groupe(攝影: / 大紀元)

Ce sont plus de 400 participants de 30 nationalités différentes qui se sont réunis à Nice durant le mois de Novembre 2008 pour le symposium GODAE (Global Ocean Data Assimilation Experiment) d’océanographie opérationnelle « La révolution des prévisions océaniques à l’échelle planétaire ». Ce symposium a été organisé par le CNES avec le soutien du bureau du projet GODAE.

GODAE : UNE RÉVOLUTION DANS L’OBSERVATION, LA PRÉVISION DES OCÉANS

L’expérience internationale GODAE a démarré en 1997. Son objectif principal ? Démontrer qu’il était possible de faire de l’analyse et de la prévision océanique une activité de routine à l’image de ce qui est fait aujourd’hui pour la prévision du temps par les centres météorologiques. Défi relevé, car les principaux instituts océanographiques et météorologiques et de recherches des pays participants comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, le Canada, le Japon, l’Australie, la Norvège, l’Italie et la Chine ont travaillé de concert pour mettre en place des capacités d’analyse et de prévision océanique sur l’ensemble des océans. Ces systèmes d’océanographie opérationnelle sont basés sur la collecte systématique de toutes les données d’observation de l’océan (satellites,navires, bouées). Ces données sont ensuite transmises en temps quasi réel vers des centres spécialisés qui les combinent dans des modèles numériques de circulation océanique afin d’analyser à tout moment l’état du milieu marin

(courants, température, salinité, niveau de la mer) moyennant de prédire son évolution.

  • satellite(攝影: / 大紀元)

DES APPLICATIONS VARIÉES

Les systèmes d’océanographie opérationnelle sont utiles pour un nombre croissant d’applications très variées : la sécurité et le transport maritime, le suivi des pollutions accidentelles, la météorologie et les prévisions d’évènements extrêmes (cyclones), la prévision saisonnière et du climat, la défense, le suivi de l’environnement marin, la gestion des ressources marines, la gestion des zones côtières, l’industrie offshore. L’océanographie opérationnelle est également un outil puissant pour la compréhension du fonctionnement de l’océan et de son rôle sur le climat.

LA CONTRIBUTION FRANÇAISE

Les organismes français (CNES, CNRS/INSU, Ifremer, IRD, Météo France, SHOM) se sont regroupés au sein du GIP*Mercator Océan et se sont fortement mobilisés dès le début de GODAE. Un centre global d’analyse et de prévision océanique a donc été mis en place. Il intègre dans un modèle de l’Océan mondial des données issues des satellites d’altimétrie et des données in situ.

Le dernier satellite altimétrique de haute précision « Jason -2 »  a été lancé le 20 juin 2008. Le 4 juillet, il a été placé sur orbite finale, 58 secondes derrière son prédécesseur Jason-1 pour la phase de calibration. Dans 4 ans, nous disposerons d’au moins 20 ans de mesures homogènes et inter calibrées – un point particulièrement important pour certaines applications de l’altimétrie.

Mme Sophie Coutin-Faye est chef du service d’altimétrie au centre spatial de Toulouse où l’on développe les satellites et les missions altimétriques.

  • Mme Sophie Coutin-Faye(攝影: / 大紀元)

LGE : La mission altimétrique, une observation des mers ?

Sophie Coutin-Faye : Absolument. C’est une mission dont l’objectif est la  mesure depuis l’espace de la hauteur des océans. Une observation que l’on effectue depuis plus de 15 ans, tout d’abord avec le satellite franco-américain Topex-Poséidon, puis grâce aux satellites de la filière JASON construite par le CNES. Ces satellites permettent de restituer l’élévation globale du niveau des océans. On constate actuellement une accélération de cette élévation.

LGE : À Nice, c’est une grande rencontre avec un grand nombre d’utilisateurs scientifiques qui a eu lieu ?

Sophie Coutin-Faye : Le satellite d’altimétrie Jason-2 a été lancé en juin 2008. Ce colloque était tout d’abord consacré à la validation des données de cette nouvelle mission. Il avait également pour objectif de faire un bilan des activités de modélisation et de prévision océanographique à l’aide de ces modèles qui utilisent les données satellite et les données in situ. C’est donc plus de 400 utilisateurs scientifiques qui se sont réunis à Nice. Nous sommes satisfaits car cette manifestation est un succès. En effet, les données JASON-2 sont d’excellente qualité et nous pouvons les utiliser pour des applications opérationnelles.

LGE : Les données spatiales contribuent-elles à l’évolution des recherches du changement du climat ?

Sophie Coutin-Faye : Assurément. Les données spatiales alimentent les modèles de même que les données issues de réseaux régionaux ou globaux de bouées équipées de capteur. Ces modèles fonctionnent comme les modèles de prévisions atmosphériques. Mais là, ce sont des modèles de prévisions de l’océan pour qu’un jour on puisse être capable de dire « quel océan fera-t-il demain ? »

L’objectif est donc la mise en place de cette océanographie opérationnelle. Il y a 15 ans, c’était une technique expérimentale et en 15 ans d’énormes progrès ont été faits. Des mesures d’excellentes qualités sont désormais disponibles sur une base régulière de sorte que les gens commencent à vouloir développer des applications à la mer et dans les zones côtières, par exemple  d’études des pollutions, sachant par ailleurs que le réchauffement climatique reste une application plutôt scientifique et sur le long terme. Comment interpréter cette élévation du niveau des océans en termes d’évolution du changement du climat ? Quelle est la part liée à la dilatation de l’océan qui joue un rôle majeur par ses échanges avec l’atmosphère et qui fonctionne comme un énorme radiateur ? Il absorbe la chaleur et se dilate. Il reçoit également toutes les eaux issues de la fonte des glaciers et des calottes polaires. Tous ces éléments s’ajoutent pour que l’on observe une élévation qui va en s’accroissant. Les modèles de

prévisions aujourd’hui pour la fin du siècle sont de plus en plus alarmistes. Suivant les théories, cette élévation pourrait  atteindre le mètre, ce qui poserait de sérieux problèmes en rapport de gestion du littoral et des zones inondables.

LGE : Quelle est votre avis pour l’avenir ?

Sophie Coutin-Faye : Le changement va dépendre du comportement des humains, mais je dois vous avouer que cela m’échappe. Il faut continuer à observer, à lancer des satellites avec la même qualité de mesures pour être capable de prévoir. C’est une préoccupation permanente des gens qui y travaillent, aussi bien des ingénieurs que des scientifiques. Notre devoir est de continuer et ensuite, par l’observation et la prévision, on peut arriver à mobiliser les décideurs.

LGE : Sensibilisez-vous les écoles ?

Sophie Coutin-Faye : Nous avons tout un volet d’activités dénommé Outreach. Depuis 15 ans, nous facilitons le contact entre la communauté scientifique altimétrique et les écoles. Des expérimentations sont faites avec certaines classes. Des présentations ont même été réalisées au cours de cette manifestation de Nice, par des élèves avec des idées originales d’utilisation des données. On a pu voir que la génération future passe des messages très forts concernant l’environnement.

LGE : Avez-vous un message à transmettre à nos lecteurs ?

Sophie Coutin-Faye : Quand on regarde depuis l’espace notre superbe planète bleue couverte à 70 % par les océans, on a envie qu’elle reste bleue et porteuse de vie. La vie on la trouve dans les océans, c’est de là que partent beaucoup d’éléments vitaux, c’est à nous de la protéger.

*Groupement d’Intérêt Public

www.ostst-godae-2008.com

www.godae.org

OUTREACH : http://www.cert.fr/fr/issat/outreachprogramme.htm