Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Feng, le vagabond oublié...

Écrit par Radio Son de l'Espoir
22.04.2009
| A-/A+

  • pierre eau(攝影: / 大紀元)

Feng était un soldat paillard, buveur, batailleur, grande gueule et un peu brigand. Un soir d'ivrognerie lourde, il se fit chasser de l'armée après avoir insulté son général. Il s'en fut donc sur les chemins avec deux compagnons, deux soudards aussi tonitruants que lui. Ensemble, ils vécurent de petits brigandages ou de services rendus, selon l'humeur et les hasards de la route, jusqu'au jour où commence cette histoire.

Ce jour-là, les trois malandrins sont assis au pied d’un arbre, dévorant quelques volailles volées dans un poulailler malchanceux. Le repas terminé, Feng s'allonge dans l'herbe, les mains croisées sur sa bedaine. Il se sent un peu lourd, il s'endort, à l'ombre douce. Ses compagnons vont se baigner dans le ruisseau voisin.

Alors, l'endormi, dans la lumière des rêves, voit s'arrêter devant lui un cavalier sur un cheval blanc, un homme richement vêtu qui l'invite à monter en croupe. Feng obéit, tout étonné. Ils chevauchent longtemps dans un paysage inconnu. Ils arrivent enfin dans une ville splendide et populeuse. Les sabots du cheval font jaillir des étincelles sur le pavé des longues rues. Ils s'arrêtent devant le palier d'un palais à la façade ornée de dragons, de licornes, de bêtes fantastiques sculptées dans le marbre. Feng entre dans ce palais. Une porte à double battant s'ouvre devant lui. Au fond d'une salle aux dalles étincelantes, un homme est assis dans un fauteuil d'or…

– Voici le roi, dit une voix lointaine.

– Je suis heureux que vous ayez accepté d'épouser ma fille.

– Quel est ce mystère? Et quel est ce pays, cette ville, ce roi?

Feng pense tout cela mais n'ose protester.

Il épouse donc la fille du roi. Il n'a pas besoin pour cela de se faire violence, elle est belle et elle semble très amoureuse de lui. Feng est nommé général des armées du royaume et règne auprès de son beau-père. Sa vie est violente et somptueuse. Il fait la guerre aux pays voisins. Il est parfois vainqueur, parfois vaincu. Sa femme lui donne trois fils. Un jour, après douze ans d'heureux mariage, elle meurt. On l'enterre en grande cérémonie. Au retour des funérailles, le roi prend Feng par l'épaule et lui dit tristement :

– Un songe m’a visité la nuit dernière. J’ai rêvé que tu déchaînais sur notre tête un déluge qui nous engloutissait tous. Je pense que tu ferais mieux de rentrer chez toi.

– Rentrer chez moi? dit Feng. Mais je suis ici chez moi. Mes enfants sont ici.

– Tes enfants, répond le roi, tu les reverras dans trois ans. Maintenant, tu dois partir.

Feng le vagabond se réveille à l'ombre de l'arbre où il s'est endormi. Ses compagnons sont à quelques pas de lui, dans le ruisseau, ils s'éclaboussent en riant. Quelques minutes à peine sont passées depuis qu'un cavalier sur un cheval blanc est venu le chercher. Il a dormi la tête appuyée contre une grosse pierre lisse. Il se dresse au soleil, il s'étire, soulève la pierre lisse, du bout du pied. Il découvre une fourmilière tout à coup grouillante, affolée. Il se penche au-dessus d'elle.

Alors, il reconnaît la ville où il vient de vivre douze années, il reconnaît les armées qu'il a commandées, le roi, la tombe de sa femme – un grain de poussière près d'un brin d'herbe minuscule. Il regarde, fasciné. Une grosse goutte de pluie tombe sur son front. Il lève la tête. Le ciel est sombre tout à coup. Un éclair déchire les nuages. Feng et ses compagnons courent se mettre à l'abri dans une cabane voisine. Le tonnerre gronde, l'orage s'abat. Une grosse averse, rien de plus. Mais pour la fourmilière que la pierre ne protège plus c'est un déluge, la fin du monde.

Après la pluie, Feng revient au pied de l'arbre et contemple le royaume ravagé. Dans trois ans, lui a dit le roi des fourmis, tu reverras tes enfants. Il comprend qu'il n'a plus que trois ans à vivre, trois ans avant de regagner les racines du monde. Alors Feng, le soudard, se fait moine. La légende dit que la veille de sa mort, il a écrit ces mots, afin qu'ils soient gravés sur sa tombe :

Les puissants de l'Empire règnent, ordonnent, dictent des lois. Le sage les regarde en souriant : des fourmis grouillent, c'est tout.

Ainsi, finit l'histoire du vagabond, qu'un rêve, un jour, illumina.

Contes d’Asie Henri Gougaud - Éditions du Seuil

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.