Dans une période où le pessimisme économique est à l’ordre du jour, il est rafraîchissant d’entendre un autre son de cloche. «Après les bas, il y a les hauts», disait Dr Avi Friedman en entamant son allocution qu’il a donnée récemment à Langford, en Colombie-Britannique.

Lors de sa présentation «Villes du 21e siècle : succès dans une période de changements», Friedman encourageait les auditeurs à percevoir la période actuelle comme une chance de se rééquiper, de nettoyer et de repenser notre mode de fonctionnement en tant que société. Il a parlé du développement de la culture, de la nécessité d’encourager l’éducation et de s’investir.

Professeur à l’école d’Architecture de l’Université McGill et directeur du programme Affordable Homes (maisons abordables), Friedman n’est pas un néophyte dans ses observations à propos de l’avenir du Canada et du fonctionnement possible de nos villes.

Il travaille sur les modes de fonctionnement, les tendances et le potentiel urbains déjà depuis un certain temps. Plus spécifiquement, il observe une tendance des gens à vivre dans des communautés densément peuplées, des quartiers piétonniers et des investissements nécessaires dans les transports en commun.

La banlieue va subir la plus grande réinvention à cause de l’intolérance au coût temps/énergie du transport, croit-il. Ce n’est un secret pour personne qu’à Paris, Helsinki, Brussels et Montréal, les gens redécouvrent la bicyclette.

Le Pedal power fait partie de l’approche du développement durable dans nos villes. L’inclusion des toits verts, du xeriscaping (méthode de jardinage économisant l’eau) et le concept des «capitales naturelles» (réconciliation des facettes environnementales et économiques dans les politiques de gestion des villes) semblent définir les villes modernes, selon Friedman.

«Qu’est-ce qui arrive lorsque vous êtes acculés au mur?», a-t-il demandé. «Vous devenez inventifs.»

Nous devons «réfléchir de façon créative dans une période de changements», a déclaré Dr Friedman, et il est clair que ce thème est une partie de son défi pour nous faire imaginer de quoi auront l’air nos villes dans 20 ans. Il voit même la ville comme une «machine d’entraînement» avec des centres habitables. Dans la vision de Friedman, les enfants obèses n’existeraient plus.

Les quartiers qui fonctionnent bien sont «jolis et agréables» et, comme l’urbaniste Jane Jacobs, Friedman estime que pour développer une ambiance saine dans un quartier, il devrait y avoir des boulangeries locales et des sculptures dans les rues, et chacun devrait connaître ses voisins et leur parler.  

Considéré par la revue de design intérieur et de mode de vie Wallpaper comme un des dix meilleurs designers qui influencera notre mode de vie dans les prochains 25 ans, Friedman est un promoteur de la «maison à cycle de vie», une maison offrant plus de flexibilité et de créativité pour s’adapter aux priorités et aux changements dans les modes de vie.

Il est l’auteur de nombreux livres sur les habitations, il a gagné plusieurs prix et est connu au Canada et internationalement pour ses innovations dans ce domaine, en particulier pour les designs Grow Home et le Next Home. Le Grow Home a permis à Friedman de remporter le Prix Mondial de l’Habitat des Nations Unies en 1999.

En tant que guide pour bâtir en respectant les principes du développement durable, Friedman dit qu’il doit s’inspirer du travail déjà fait dans les villes comme Bradford (Royaume-Uni) et Porvoo (Finlande), des endroits qui offrent des nouveaux modèles pour loger les familles modernes, les individus et les couples. Selon lui, chaque projet de construction neuve ou de rénovation devrait être fait selon de nouveaux standards humains et énergétiques.

Le projet Bois-Franc, par exemple, dans Ville Saint-Laurent, est un quartier où les parcs abondent, les pistes cyclables sont bien conçues et éclairées, et l’hôtel de ville est accessible et situé près du centre. Dans ce projet, les maisons ont été construites selon le modèle Grow Home de Friedman.

Les gouvernements devraient être plus ouverts, explique le professeur Friedman. Les élus doivent écouter leurs citoyens et encourager leur participation. Bien gouverner inclut savoir dire non à certaines choses tout en encourageant d’autres opportunités, et les décisions qui n’ont qu’une perspective à court terme devraient être rejetées, explique-t-il.

Alors que la salle était pleine, Friedman a tenu en haleine son auditoire tout le long de sa présentation. Les spectateurs étaient d’accord avec lui lorsqu’il a évoqué les défis de la présente situation économique et parlé des priorités de notre société.