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Savoureux personnages mais scénario fade

Écrit par Olivier Chartrand, La Grande Époque - Montréal
03.04.2009
| A-/A+
  • Marc Messier et Fanny Mallette dans Grande ours : la clé des possibles(攝影: / 大紀元)

Après l’attente des fans et la curiosité des néophytes, Grande ours : la clé des possibles arrive enfin en salle. Comprenant plusieurs qualités, c’est toutefois avec des lacunes non négligeables que ce film fantastique, tiré de la populaire série télévisée, ouvre les portes d’univers parallèles.

Nous retrouvons Louis-Bernard Lapointe (Marc Messier) qui préférerait définitivement ne pas avoir hérité de dons de prescience… Une inquiétante sorcière (Monique Mercure) recherchée pour le meurtre d’une médium, Lucinda Garneau (Marie Tifo), rôde près de son bureau. Alors qu’il commence à comprendre que ses dons font de lui une des seules personnes pouvant accéder à la clé des possibles, une clé mythique ouvrant la porte sur différentes alternatives au présent, son ami Biron (Normand Daneau) est enlevé. Lapointe, en compagnie de Gastonne, la femme de Biron (Fanny Mallette), d’Évelyne, la jolie libraire (Maude Guérin), et du mystérieux couple Foucault (Frédéric Gilles et Gabrielle Lazure), devra résoudre trois énigmes pour sauver Biron d’une mort imminente.

C’est pur plaisir que de découvrir (ou retrouver) le savoureux trio de Biron, Gastonne et Lapointe. Les dialogues, la justesse de jeu de Malette, Daneau et Messier, ces trois personnages très typés tout en étant vraisemblables, donnent une belle couleur à ce film fantastique qui nous transporte à la croisée des chemins de plusieurs dimensions. Monique Mercure est très bien choisie pour ce rôle de sorcière qui vous glace le sang, et le jeune Vassili Schneider est tout aussi inquiétant en fantôme à claquettes.

Dans le monde parallèle, le réalisateur Patrice Sauvé (Cheech, La vie, la vie) et Ronald Plante (La ligne brisée, Les invincibles), à la direction photo, réussissent bien à créer un autre univers en saturant les couleurs. Et même du côté de «la réalité», qui est plus terne, ils donnent un ton particulier à Montréal en choisissant de tourner dans le Vieux-Montréal et d’utiliser des voitures au look européen pour les scènes de rue. On sent bien que Patrice Sauvé a fait ce tournage avec beaucoup de plaisir, il a même été jusqu’à faire apparaître Albert Einstein dans une conférence donnée par le personnage de Charles Foucault qui, lui, porte les traits du célèbre cosmologiste américain Stephen Hawkins.

  • Normand Daneau dans Grande ours : la clé des possibles(攝影: / 大紀元)

Là où les chemins s’embrouillent, c’est au niveau du scénario. Les personnages de la sorcière et du jeune fantôme ouvrent le film dans une magnifique et intrigante première séquence alors que l’on voit Marie Tifo entre la réalité et la folie. Toutefois, graduellement au cours de l’intrigue les deux personnages, qui sont les éléments déclencheurs de toute cette aventure, s’amenuisent. Le film se termine sans donner d’explication sur leurs motivations à plonger Lapointe dans ces pérégrinations. Le rapport entre ces deux êtres de l’au-delà et les personnages secondaires n’est pas clarifié et manque de cohérence. Le film perd ainsi tout son sens. L’enlèvement de Biron est tout aussi mal illustré : on en connaît la motivation, mais des erreurs de logique semblent ne pas avoir été prises en compte.

Les moments d’intensité dramatique auraient pu être un peu plus présents pour faire monter la tension chez les spectateurs. Il y a malheureusement un léger déséquilibre entre les scènes dramatiques et les éléments de comic relief. À cet effet, dans les dernières scènes, on aurait aimé aller plus loin dans la folie de Lapointe.

Bien que le dénouement soit intéressant et ouvre sur une réflexion pertinente, il est un peu trop prévisible et manque de profondeur.

On fait si peu de films fantastiques au Québec, dommage que l’on ait dû tourner les coins ronds dans une des étapes qui n’aurait pas nécessairement grugé une trop lourde part du budget tout en augmentant la qualité du résultat final : le scénario.

Cela dit, Sauvé fait preuve de poésie visuelle dans l’utilisation de l’eau comme moyen d’accéder à d’autres univers et dans l’incorporation d’éléments de la mythologie grecque. La trame sonore est également très efficace.

En somme, ne serait-ce que pour la qualité des personnages et le plaisir de se faire transporter dans une aventure fantastique avec eux, en acceptant toutefois de ne pas trop se poser de questions, Grande ours : la clé des possibles est un film à voir.

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