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Le bruit des os qui craquent

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque - Montréal
06.04.2009
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  • Suzanne Lebeau (avant) et Émilie Dionne(攝影: / 大紀元)

Pour la dernière pièce de sa 40e saison, le Théâtre d’Aujourd’hui eut la grande idée de servir une cause de la plus haute importance : le sort réservé aux enfants soldats. Mise en scène épurée de trois personnages, la représentation théâtrale a su transmettre l’urgence d’une telle situation, avec sobriété.

Il est souvent délicat d’aborder la forme que revêt une œuvre d’art ayant pour principal objectif de rendre compte d’une cause sociale. Le contenu trouble avant même que l’on y soit confronté par le médium artistique. Pourquoi alors mettre en scène une réalité qui fait déjà l’actualité journalistique et qui est connue du public? La représentation Le bruit des os qui craquent trouve une réponse par le simple fait de rendre palpable l’innommable. Cela se fait avec le plus grand respect des faits documentaires qui entourent la réalité des enfants de plusieurs pays du continent africain (Soudan, Somalie, Congo, Ouganda, Sierra Leone, Yémen) et ailleurs (Colombie, Sri Lanka, Afghanistan, Inde, etc.).

Des enfants sont enlevés, violés, torturés, sous-alimentés et recrutés pour remplir le dur labeur de soldat. Pillant et brûlant d’autres villages, obligés à tuer d’autres enfants pour montrer leur bon vouloir, ceux-ci se voient ignorés par la justice, pourtant bien consciente du problème. Le texte Le bruit des os qui craquent tourne autour de deux enfants en fuite du camp des rebelles, dans le long chemin qu’ils parcourent pour retrouver les leurs. Parallèlement, une infirmière vient témoigner de ce qu’ont vécu ces petits soldats, par l’intermédiaire du cahier de la plus vieille, alors âgée de quinze ans. Avec un intervalle de deux ans, nous assistons donc à la fois au témoignage et à la situation des deux enfants soldats en fuite.

L’idée fonctionne complètement. Il faut un temps, par contre, pour s’adapter à l’âge réel des interprètes adultes, incarnant des enfants de huit et treize ans. Le défi est grand pour ceux-ci et vocalement, il y a des altérations vocales, aussi pour l’infirmière, qui gênent parfois le propos. Le risque est de tomber dans le larmoyant. Quand cette barrière est franchie, le sens premier du texte ressort et la narration est tout à fait prenante. Toute la concentration du spectateur demeure et les images que porte le récit nous permettent de comprendre la situation avec limpidité. La trame mériterait d’être plus courte, pour plus d’impact, mais une heure et quart plus tard, l’empreinte du témoignage ne perd pourtant pas de son effet. Nous sommes tout naturellement portés à contribuer au bonheur de ces enfants victimes en signant une carte qui combat ce genre de délit.

Voilà un geste conscient et essentiel. En partenariat avec Amnistie Internationale, plusieurs documents sont mis à la disposition du public pour comprendre la réalité de ces enfants disparus. Quelques faits concluront cet article afin que l’objectif de cette pièce demeure le même : rendre compte d’une réalité troublante : la vie brutale réservée à ces enfants enlevés, séquestrés, violés, battus et forcés à tuer.

Depuis 1998, le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats ont été reconnus comme crime de guerre par la cour pénale internationale (CPI), pourtant cette situation persiste encore. Quelque 250 000 enfants, selon les statistiques d’UNICEF, filles et garçons confondus, sont encore aux mains des forces et des groupes armés sur au moins trois continents. Les enfants sont majoritairement utilisés dans les conflits armés principalement parce qu’ils sont considérés comme des instruments de guerre bon marché, aisément remplaçables, et faciles à conditionner pour tuer sans appréhension ou pour obéir sans discuter. Les conséquences sur la vie des enfants soldats sont ravageuses : cauchemars, névroses, trouble de la personnalité.

Pour de plus amples informations sur les enfants soldats, visitez le site d'Amnestie Internationale.

 

LE BRUIT DES OS QUI CRAQUENT

Texte : Suzanne Lebeau

Mise en scène : Gervais Gaudreault

Avec Émilie Dionne, Sébastien René et Lise Roy

Du 31 mars au 25 avril 2009 à 20 h

Au Théâtre d’Aujourd’hui

Réservations : 514 282-3900

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