Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

L’élévation et la chute du «Warren Buffet chinois»

Écrit par Jason Loftus, La Grande Époque
08.04.2009
| A-/A+

 

  • La couverture du livre écrit par Weizhen Tang(攝影: / 大紀元)

Il y a quatre mois, tout baignait dans l’huile pour Weizhen Tang. C’était en décembre et le soi-disant «Warren Buffet chinois» était accueilli à la maison des invités Diaoyutai de Pékin, qui est normalement réservé aux hauts responsables étrangers en visite.

M. Tang était l’invité d’honneur de la soirée, se frottant les coudes aux hauts fonctionnaires chinois et aux médias. Il s’agissait d’un évènement à l’honneur des Chinois «riches et intelligents», et l’investisseur de Toronto a reçu le «prix de la meilleure crédibilité».

Cette crédibilité a toutefois été remise en question récemment lorsque des enquêteurs de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO) ont accusé Weizheng Tang d’avoir fraudé ses investisseurs pour 60 millions de dollars, dans ce qui serait une pyramide de Ponzi où l’argent des nouveaux investisseurs sert à payer les anciens.

Le 17 mars 2009, la Commission des valeurs mobilières a ordonné que Tang et ses entreprises cessent leurs activités de courtage afin que les enquêteurs puissent sonder davantage les allégations.

Le 1er avril, la Commission a prolongé l’ordonnance jusqu’au 10 septembre 2009.

M. Tang a refusé d’accorder une entrevue à un journaliste de La Grande Époque qui a visité son domicile le mercredi 1er avril.

Aucune accusation formelle n’a encore été portée. Toutefois, plus de 200 individus auraient perdu leurs investissements, tous d’une valeur de 150 000 $ et plus.

L’élévation de M. Tang dans l’échelle sociale a été aussi dramatique que sa récente chute, selon un article en chinois publié sur le site Internet de son entreprise intitulé Pourquoi Weizheng Tang est-il si compétent?

Weizhen Tang est né dans une famille paysanne de la province du Hunan, en Chine. Il a débuté ses études au Collège de foresterie du Centre-Sud en 1978 et neuf ans plus tard il était envoyé à l’étranger en tant que savant invité en biochimie dans une université de l’Ohio.

M. Tang est arrivé au Canada en 1990, poursuivant ses études en biochimie à l’Université de Waterloo avant de prendre un poste de chercheur dans un hôpital de Toronto.

C’est à Toronto, en 1995, que Tang aurait, dit-on, découvert ses talents de courtage, tout d’abord en gérant des fonds de placement pour la famille et les amis.

Deux ans plus tard, il a fondé ce qui allait devenir Weizhen Tang Corporation, une des trois compagnies de M. Tang qui sont nommées dans la plainte déposée à la CVMO. Son épouse et sa fille sont inscrites comme directrices et cadres d’une des entreprises, selon les documents de la CVMO.

S’il paraît improbable qu’un individu sans aucune formation en économie puisse devenir le «roi» des investissements, avec des promesses de profit de 1 % par semaine, c’est peut-être parce que M. Tang est un personnage hors de l’ordinaire. Parmi ses idoles, on trouve l’investisseur le plus renommé de la planète, Warren Buffet, mais aussi le tyran communiste Mao Zedong et le dirigeant pragmatique Deng Xiaoping, selon le blogue en chinois de M. Tang.

M. Tang a réussi à gagner la confiance des autres Chinois en se présentant comme quelqu’un pouvant les aider à réussir dans un monde peu familier. Ses investisseurs étaient des Chinois du Canada, des États-Unis et de la Chine continentale.

Dans un article sur le site Internet de Weizhen Tang Corporation, où Tang partage son «chemin vers une fortune digne de Warren Buffet», il affirme que les craintes partagées par les immigrants chinois font obstacle à leur succès en Amérique du Nord.

«La majorité des Chinois se retient de faire confiance aux autres», écrit-il. «Lors des rares occasions où nous devons le faire, toutefois, nous sommes hantés par des sentiments d’inquiétude et de suspicion. Beaucoup d’entre nous craignent que quelqu’un puisse profiter de nous à notre insu, ou même nous tromper. Ce que nous semblons incapables de comprendre, c’est que ne pourrons nous-mêmes faire de l’argent si nous empêchons les autres d’en faire.»

Alors que la fortune de M. Tang s’est accrue, sa réputation et son influence ont fait de même. Il était parmi ceux qui ont été invités pour accueillir le dirigeant chinois, Hu Jintao, lors de sa visite au Canada en 2005. Il a aussi été accueilli en tant que représentant des Chinois de la diaspora par les autorités chinoises lors d’une rencontre en 2007 du Front uni, une organisation utilisée par le Parti communiste pour étendre son influence à l’étranger.

Au Canada, M. Tang est également un défenseur des politiques du régime chinois. Au printemps 2008, lors de la répression au Tibet, M. Tang a fourni les fonds pour noliser des dizaines d’autobus afin d’emmener à Ottawa des Chinois pour participer à un rassemblement appuyant le régime communiste, se vante-t-il sur son blogue.

Pour cet évènement, M. Tang affirme qu’il était prêt à débourser 200 000 $.

{mospagebreak}

«Mon rôle était d’établir l’objectif, de fournir les fonds, d’indiquer comment le capital allait être utilisé, de prendre le risque et de faire des choses que d’autres ne peuvent et n’ont pas le courage de faire», écrit-il. Tang jouit également de liens privilégiés avec le consulat chinois de Toronto. En janvier 2009, à lui seul, il a organisé et financé deux évènements auxquels le consul général était un orateur invité.

On lui a remis un prix à deux reprises, en février et en mars de cette année, pour avoir organisé le rassemblement contre la cause tibétaine en 2008. Le consul général chinois était présent aux deux occasions.

Dans leur rapport du 24 mars à la CVMO, les enquêteurs affirment que M. Tang a admis dans une entrevue avoir perdu 15 millions de dollars en 2007 alors qu’il a rapporté des gains aux investisseurs.

La Commission affirme détenir la preuve que Tang payait les anciens investisseurs avec les fonds amassés auprès des nouveaux.

Tang et ses entreprises sont également accusés d’avoir transigé des titres de transaction sans être enregistrés auprès de la Commission et sans avoir rempli un prospectus.

Quant à M. Tang, il assure qu’aucune accusation formelle n’a été déposée contre lui à ce jour. Dans une série de lettres publiées sur le site de Weizhen Tang Corporation, il admet avoir commis des erreurs, mais nie avoir tiré profit personnellement.

«Je n’ai pas volé les fonds de tout le monde», écrit-il dans la première de cinq lettres.

«Je ne suis pas comme Ponzi ou Madoff, car même ma voiture est une voiture de location», indique-t-il dans la dernière lettre publiée le 30 mars.

Tang affirme que si on lui donne la chance, il serait en mesure de regagner l’argent qu’il a perdu. De nombreux investisseurs sont, semble-t-il, prêts à la lui accorder.

Une pétition qui représenterait 116 investisseurs, affichée sur le site Internet de Tang le 29 mars, demande à la CMVO de lever l’interdiction imposée à Tang d’agir comme courtier.

«La plupart des clients investisseurs de Weizhen Tang croient que, en tant que Chinois de la diaspora et minorité au Canada, les confrontations non physiques devraient être réglées à l’interne», plaide la pétition.

Elle poursuit en faisant remarquer que la non-levée de l’interdiction résulterait dans une «perte totale, irrécupérable de nos investissements. C’est quelque chose que nous ne pouvons accepter d’aucune manière».

Ni l’avocat de M. Tang ni les investisseurs n’ont présenté la pétition au comité de la CVMO lors de l’audience du 1er avril. L’avocat de M. Tang a plutôt insisté que son client coopérait avec les enquêteurs.

Un des investisseurs était présent à l’audience, un homme s’identifiant comme M. Liu, un ex-médecin chinois dans la soixantaine.

Il affirme avoir investi avec Tang depuis 2002 et il aurait perdu presque toutes ses économies.

«Ce que j’aimerais le plus maintenant, c’est ravoir mon argent», mentionne-t-il.

«J’avais vu mes investissements fructifier sur les relevés de Tang, mais je n’ai jamais retiré mon argent.»

«J’espère qu’il pourra poursuivre son travail si la loi le lui permet. Mais si la loi dit qu’il doit aller en prison, qu’il en soit ainsi.»

Masha Ma et Anna Yang ont contribué à cet article.

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.