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Les abeilles lancent un SOS mondial: «venez au secours de la planète»

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque - Paris
11.05.2009
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  • Une abeille butine des fleurs sauvages, au sommet des terrasses, paysage de la Chine du nord-ouest.(Staff: FREDERIC J. BROWN / 2004 AFP)

Les apiculteurs du monde entier sont inquiets. Ils constatent une mortalité préoccupante chez les abeilles et les ruches sont de plus en plus désertées. En effet, si les colonies d’abeilles disparaissent aussi rapidement, l’espèce humaine pourrait bien être menacée. Les abeilles sont confrontées à un taux de mortalité record. En moyenne ce sont 300.000 colonies qui disparaissent chaque année depuis 1995 en France. Face à cette inquiétude, les apiculteurs du monde entier se réuniront le 15 septembre prochain à Montpellier. Organisé par l’Union nationale de l’apiculture française, le 41e congrès mondial de l’apiculture, Apimondia 2009, regroupera des scientifiques, des chercheurs et des apiculteurs. Ils aborderont l’avenir de l’insecte et tenteront d’envisager des stratégies pour faire face à cette hécatombe. Lors de cette rencontre, les spécialistes exposeront leurs découvertes, leurs quesitons et les issues face à un avenir aussi peu reluisant.

 

Conséquence de la disparition des abeilles

Les spécialistes du monde entier sont unanimes et affirment que s’il n’y a plus de pollinisation par les insectes, le monde entier assistera à la disparition des espèces végétales. C’est 80% des variétés de plantes à fleurs vivant sur notre planète – soit plus de 200.000 espèces – qui se reproduisent par pollinisation. Les conséquences de la disparition des abeilles peuvent être irrémédiables et mettre notre survie en péril, sachant que la perte de la diversité végétale entraînerait la fragilité des espèces restantes et que les espèces persistantes seraient menacées d’épidémie et d’anéantissement. La perte des végétaux créerait une vaste famine, car, sans végétaux ce sont des milliards de terriens qui ne pourraient plus être alimentés. Sans abeilles, il n’y aurait plus de fruits, plus de graines. Les herbivores n’auraient plus d’aliments et périraient. Les carnivores n’auraient plus d’herbivores pour se nourrir, etc. Nous assisterions à la disparition de la chaîne de la vie maillon par maillon.

 

Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, lors d’une visite chez un apiculteur de l’Essonne, a rappelé son engagement: «Ce plan pour les abeilles est l’une des briques de la politique globale pour une agriculture durable que je mène au sein du ministère depuis plus d’un an. Les abeilles et les pollinisateurs sont essentiels à l’agriculture et l’ensemble des agriculteurs doit se sentir concerné. Nous devons renforcer la filière apicole, lutter contre les causes de mortalité et promouvoir la biodiversité pour l’agriculture».

 

Il a ajouté que, face à ce déclin, les agriculteurs du monde entier sont en train de réagir. Ils implantent des ruches en plein champ pour assurer la pollinisation des cultures. Cependant, le risque est grave puisque les abeilles sauvages seraient apelées à disparaître et que le patrimoine génétique s’affaiblirait chez les espèces issues de l’élevage.

 

Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État chargée de l’Écologie a souligné lors de cette même visite, des propos de l’Inra, évalués en terme d’économie: «La subsistance quotidienne de plus des deux-tiers de l’humanité ainsi que plus de 40% de l’économie mondiale dépendent directement de la conservation des écosystèmes. À cet égard, la pollinisation des cultures à l’échelle mondiale est évaluée à 153 milliards d’euros.» Cette estimation ne tient pas compte du service rendu par les pollinisateurs à la nature dans son ensemble. Il est important d’appréhender, à sa juste valeur, la protection de la biodiversité et d’y intégrer sa réelle valeur économique.

 

Les abeilles victimes des pesticides

Lors du congrès italien de Sorrento, fin janvier 2009, le professeur Vincenzo Girolami de l’université de Padoue affirme que «les gouttes d’eau issues du phénomène de ‘guttation’ – ces gouttelettes d’eau qui apparaissent au petit matin aux extrémités ou sur les bords des feuilles des plantes et sur certaines graminées – tuent les abeilles en l’espace de quelques minutes si celles-ci utilisent leur ligule».

 

Jusqu’à présent, les scientifiques s’étaient limités à constater les effets meurtriers sur les abeilles lors de la dispersion des néonicotinoïdes (substances utilisées pour le traitement des graines) au moment des semailles du maïs. Mais les observations sont plus alarmantes car les gouttes que l’on trouve sur les plantes telles la rosée ou encore la « transpiration » des feuilles font partie des sources d’eau préférées des abeilles, extrêmement contaminées et venimeuses.

 

Le professeur Andrea Tapparo, du département des Sciences Chimiques de l’université de Padoue, a analysé les gouttes d’eau produites par les petites plantes de maïs. Il a découvert la présence de néonicotinoïdes à raison d’une dizaine de milligrammes par litre, alors que la dose mortelle pour l’abeille est très mince (des microgrammes par litre).

 

Francesco Panella, président des Apiculteurs italien, démontre la légèreté des autorisations données pour l’utilisation de cette molécule.

 

La biodiversité augmente le rendement des plantes 

Une importante diversité d’espèces d’abeilles conduit à l’augmentation du rendement des plantes cultivées. Des agronomes de l’université de Göttingen en Allemagne sont parvenus à cette conclusion par l’étude de la pollinisation de la courge musquée par des abeilles sauvages en Indonésie.

Ils ont observé que plus le nombre d’espèces d’abeilles différentes prend part à la pollinisation, plus le rendement est important. Ils estiment ainsi la valeur économique de la biodiversité. Le Dr Höhn précise que les abeilles ne sont pas toutes actives au même moment et qu’elles pollinisent les fleurs de courges à des moments différents, de sorte qu’elles se complètent les unes et les autres au niveau de la pollinisation. La répartition du pollen est différente entre les plantes mâles et femelles et les conséquences sur la taille des fruits et des graines sont visibles. Le Dr Höhn a identifié 25 espèces d’abeilles différentes ayant participé à la pollinisation des courges musquées.

 

Il souligne: «Les fonctions d’un écosystème sont très dépendantes de la biodiversité. Chaque intervention dans un habitat influence la communauté d’espèces et, par là même, les services rendus par l’écosystème, dont nous, êtres humains, dépendons.» «La biodiversité présente ainsi un bénéfice économique direct, qui va au final, faire pencher la balance pour une protection durable de la diversité biologique.»

 

D’autres hypothèses sur la disparition des abeilles

Le Centre Apicole de Recherche et d’Information, à Louvain-la-Neuve en Belgique pense que les causes de la disparition des abeilles ne seraient pas uniquement liées aux pesticides. Elles résulteraient d’un ensemble de facteurs comme les parasites, les champignons, les bactéries ou les virus. Il signale toutefois la pollution de leur environnement.

 

L’AFSSA

L’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (Afssa) démontre dans un rapport, publié le 18 février, que les causes de mortalité sont aussi multiples. L’Agence a recensé plus de quarante causes pouvant être associées à la mortalité des abeilles survenue depuis les années 1980.

 

Afin de mieux étudier l’état de la filière apicole, l’Afssa a exprimé plusieurs recommandations, notamment la création d’un réseau de vigilance des affections qui permettrait d’assembler et de rechercher toutes les données épidémiologiques.

 

Le varroa

L’Afssa indique également des causes biologiques: les prédateurs, parasites, champignons, bactéries et virus, comme le «Varroa destructor» interfèrent.

 

Le varroa est un acarien parasite bien connu des apiculteurs. Il injecte des matières toxiques dans l’organisme des abeilles et engendre du stress dans la colonie. Le Varroa peut dépeupler une ruche en quelques années. Dans le rapport Saddier, rendu l’automne dernier au ministre de l’Agriculture, le Varroa a été qualifié «d’ennemi numéro un».

 

Le frelon asiatique, quant à lui, débarqué par bateau en Aquitaine, dépleuple les colonies en mangeant les abeilles lors de leur retour à la ruche. Des pièges sélectifs sont actuellement testés pour lutter contre cet importun.

 

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