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Une plus grande instabilité guette Fidji

Écrit par Julia Huang, La Grande Époque
13.05.2009
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  • Le commodore Frank Bainimarama(Staff: WILLIAM WEST / 2006 AFP)

Le régime militaire de Fidji, dirigé par le commodore Frank Bainimarama, semble incapable d'assurer une stabilité politique à un moment où la crise financière mondiale menace l'économie décroissante du pays. Tandis que l'Australie et la communauté internationale exercent une pression croissante sur le gouvernement fidjien afin qu'il rétablisse la démocratie, les experts estiment que la majorité des habitants des îles seront de plus en plus affectés au fur et à mesure que la situation se détériore.

 

«Dans le Fidji rural, qui compte pour environ 90 % du pays, les gens ne sont pas tellement impliqués dans la lutte de pouvoir opposant les élites de [la capitale] Suva», explique Max Quanchi, professeur d'histoire des îles pacifiques à la Queensland University of Technology de Brisbane, Australie. «Au bout du compte, le ralentissement économique qui sera causé par cette récente tourmente va affecter l'économie fidjienne. L'effet domino fera que les villages ruraux seront éventuellement touchés.»

Avec une censure des médias imposée dans tout le pays, les étrangers ne peuvent que spéculer sur les intentions du premier ministre Bainimarama, arrivé au pouvoir suite à un putsch militaire en 2006 ayant déposé Laisenia Quarase.

Bainimarama a déclaré publiquement que son gouvernement avait l'intention de réduire la corruption et de réformer le système électoral. Il a déterminé 2014 comme année des prochaines élections démocratiques, mais certains signes indiquent que son mode de gouvernance actuel va générer ses propres problèmes.

«Considérant les récents évènements, alors qu'il y a toutes sortes de répressions des médias, en plus de l'abrogation de la constitution... Tout ça ressemble de plus en plus à une pure dictature», observe M. Quanchi.

«Il y a déjà des signes de lutte au sein des dirigeants militaires pour l'obtention des postes d'influence. Être ami de Bainimarama, faire qu'il vous nomme à un poste, ça vaut beaucoup en raison de l'argent qui vient avec. Il va y avoir de la compétition.»

L'instabilité politique arrive à un bien mauvais moment pour Fidji. La Banque asiatique de développement (BAD) a affirmé à Radio Australia que l'économie des îles du Pacifique allait connaître un déclin jusqu'en 2011. On prédit que Fidji sera un des pays les plus durement touchés par la crise économique alors qu'elle s'installe dans la région. La BAD a recommandé une réaction prompte pour réduire les effets de la crise sur les économies du Pacifique.

On spécule également que les Nations Unies, sous la pression du premier ministre australien Kevin Rudd, vont cesser de faire appel aux Casques bleus fidjiens, ce qui priverait les familles militaires du pays de millions de dollars en salaires. Le Forum des îles pacifiques, qui tiendra une réunion en Australie en août, a suspendu Fidji jusqu'à ce qu'une date d'élections soit établie.

L'influence australienne

L'influence australienne dans la région jouera un rôle déterminant dans l'avenir économique de Fidji. «Nous donnons beaucoup d'aide à Fidji, nous entretenons des relations avec Fidji dans de nombreux domaines, allant des activités bancaires aux conventions internationales sur le travail. Nous avons également beaucoup de touristes qui injectent de bonnes sommes dans l'économie fidjienne. Nous sommes en quelque sorte un voisin de Fidji», explique M. Quanchi.

Bainimarama ne semble pas sur le point de demander des conseils à l'Australie ou au Forum des îles pacifiques. Avec des sanctions imposées par l'Australie, les États-Unis et possiblement le Royaume-Uni, ce qui ajoute une pression supplémentaire sur l'économie, les spécialistes sont d'avis que Fidji va se tourner vers d'autres sources pour obtenir une aide économique.

Suite au coup d'État en 2006, les contributions de la Chine à Fidji, en subventions et prêts, sont passées de 1 million à 167 millions de dollars US en un an. Certains s'inquiètent que l'aide fournie par la Chine réduise de manière significative l'impact des sanctions visant à inciter un rétablissement de la démocratie.

Les sanctions internationales sur le pays ne devraient toutefois pas cesser, alors que Kevin Rudd affirme que l'Australie va conserver sa position intransigeante.

«Vous ne pouvez pas soutenir, au sein d'une famille de démocraties dans le Forum des îles pacifiques ou une famille de démocraties au sein du Commonwealth, un gouvernement comme celui de Fidji qui traite simplement avec mépris les institutions démocratiques les plus fondamentales et la liberté de presse de sa population», a déclaré le premier ministre australien.

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