Écrit par Suzi Lou, La Grande Époque Nice

Pour accéder à l’atelier de  Jean-Jacques Carry, il faut s’évader sur les routes de l’arrière pays niçois. Le repaire des sculptures imaginées et créées par cet artiste autodidacte passionné est niché dans un petit coin perdu au milieu des fleurs multicolores. Les créations contemporaines de Jean-Jacques Carry sont étonnantes, monumentales. Jean-Jacques a la magie, l’habilité, la facilité de manipuler les métaux avec ce souffle intime qui nous invite aux voyages du fantastique.

Invitation aux voyages

Jean-Jacques a aussi le don des mots. Il suffit de l’écouter et de se laisser porter. À chaque sculpture son histoire… comme celle du bateau fantôme qui réclame une virée en mer, ou alors l’appel de Don Quichotte qui nous sollicite à chevaucher auprès de lui, ou bien encore cette invitation à ouvrir le tiroir secret de l’arbre « Chaîne ô cœurs » où les visiteurs viennent déposer de petits billets doux. Les sculptures de Jean-Jacques nous font rêver, avec sa poésie et son humour facile.

Une envie de créer, de se tester

Mais d’où lui vient cet héritage ? Cela commence dès son enfance. Son grand-père sculptait et lui, passait de longues heures en sa compagnie à fabriquer des petits totems en bois. À l’âge adulte, la peinture l’attire.

Sa fascination pour les mobiles va petit à petit l’amener à chercher à assembler la sculpture et la peinture. Il se teste, « fait ses classes », comme il aime dire.

Ses matériaux ? Ce sont le fer et l’acier. Il chine, il récupère des morceaux par-ci par-là. L’évolution au fil de ses créations l’amènera à ne plus travailler qu’avec des plaques de métal et des ronds de serrurier. Son outillage ? Tout tient dans une boîte à outils.

LGÉ : Vous exposez plus hors de France, pourquoi ?

Jean- Jacques Carry : Il est vrai que j’expose exclusivement à l’étranger. Mes créations ont été remarquées par de nombreux Scandinaves. Ces personnes ont une autre approche de l’art contemporain. L’approche des Français est beaucoup plus, je dirais… frileuse.

LGÉ : Comment vous-êtes vous fait connaître ?

Jean- Jacques Carry : Eh bien… tout est arrivé dans la région. Cette région est porteuse et privilégiée. Nous avons la chance d’avoir un aéroport international à proximité et la visite de nombreux étrangers. Nos quelques beaux musées réputés amènent la clientèle appropriée.

LGÉ : Toutes ces grandes sculptures sont pour des particuliers ou sont achetées par des municipalités ?

Jean- Jacques Carry : Ce ne sont que des collectionneurs privés. Je travaille avec un réseau de collectionneurs depuis une quinzaine d’années, tous Scandinaves.

LGÉ : Les pièces sont transportées par quel moyen ?

Jean- Jacques Carry : Elles partent en camion. Les pièces sont toutes démontables en partie.

LGÉ : Toutes les pièces sont mobiles ?

Jean- Jacques Carry : Toutes les pièces ont un élément mobile. Je suis fasciné par les mobiles. Je suis aussi un fan d’Alexander Calder [1].

 

LGÉ : Pouvez-vous nous parler de vos sculptures ?

Jean- Jacques Carry : Bien sûr ! Je vais vous parler de  Don Quichotte, il y a plusieurs déclinaisons. Pour moi c’est une satire. Il a retrouvé un cheval à roulettes, il me fait penser à une poupée laissée de côté, comme un dessin inachevé. J’aime travailler en changeant souvent de créations. Mes pièces restent uniques et ne se ressemblent jamais. Je peux créer en plusieurs jours, voire plusieurs semaines et des mois s’il le faut, au gré de mon humeur. Vous pourrez voir que je laisse mes soudures apparentes car pour moi, elles font parties intégrantes de l’objet. Je reste libre dans mes créations et mes idées, on prend mon travail tel qu’il est et pour moi c’est l’essentiel.

LGÉ : Avez-vous un message à transmettre ?

Jean- Jacques Carry : Osez ! Mettez de la poésie, en considérant que la sculpture n’est qu’un vecteur de poésie.

Jean- Jacques Carry a reçu le 2e prix Mossa (Concours de maquette de chars du Carnaval de Nice)

Certaines sculptures de Jean-Jacques Carry sont exposées en Suède jusqu’au 19 mai 2009 au château Sifiero Slott à Helsingborg.

[1] pour en savoir plus sur Alexander Calder (1898-1976) : www.calder.org 

Pour en savoir plus sur Jean-Jacques Carry : tél. 04 93 58 51 17