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De la psychanalyse aux super héros

Écrit par Alain Penso
22.05.2009
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  • (攝影: / 大紀元)

Les écrivains, les cinéastes, les peintres de tous temps ont été précurseurs dans l’art, s’il en était, de prévoir les événements de l’Histoire, leurs réflexions sur la société, les indices qu’ils perçoivent grâce à leur sensibilité, faisant de leurs œuvres de vrais instruments de prémonition.

 

Les personnages analysés dans cet article en sont un cruel exemple. Cela commence en 1938 avec les accords de Munich et la «nuit de cristal». Deux Juifs new-yorkais, fraîchement immigrés n’ont plus que leur héros pour se défendre, faute d’être écoutés par les autorités de leur nouveau pays.

 

Chaque époque possède ses super héros. C’est dans les périodes de crise qu’apparaissent ces personnages emblématiques, dans une société souvent essoufflée et découragée.

 

De la crise économique au redressement moral

Les États-Unis ont connu la crise de 1929 avec un déluge de pauvreté immortalisée dans le film de John Ford Les raisins de la colère (1940), tiré du roman de John Steinbeck, sur fonds de prohibition et de montée du banditisme.

 

Plus tard, l’Amérique connaîtra le terrorisme avec la destruction des deux tours du World Trade Center. Comme naguère on reprend courage et recrée un personnage pourtant passé, Spiderman, capable dans un premier temps de donner confiance aux Américains, à leur sens de la justice et de la solidarité. Ce super héros a une histoire, la sève de l’Amérique.

 

eprésentant la civilisation aboutie et le triomphe de la démocratie, les États-Unis se sont faits les champions de l’homme qui réussit dans tous les domaines à la condition qu’il le veuille vraiment, éloignant ainsi des esprits retors et obscurs du mal, l’autre face de l’homme, celle avide de pouvoir et de moyens de destruction.

 

LA FORCE ET LE GOULAG

La guerre froide a soufflé le chaud et le froid sur l’ouest pour conserver ses prérogatives de pouvoir sur tous les hommes. «Les communistes soviétiques» n’ont pas hésité à user de la psychiatrie pour mettre à genoux des hommes et user de crimes impunis joyeusement approuvés par les autorités. John Huston avec Freud, passions secrètes (1962) ou Soudain l’été dernier (1959) de Joseph Mankiewicz et même Shock Corridor (1963) de Samuel Fuller sont des films qui ont rapporté l’atmosphère politique de la période la plus critique de la guerre froide. Il fallait coûte que coûte redonner du service aux super héros et se sentir à nouveau en sécurité. Ces héros existent bel et bien dans une alchimie psychologique destinée à révéler et à renforcer le potentiel de défense de l’intériorité de chaque individu dans son libre arbitre, son autonomie et son initiative, idéologie américaine. Le mode de gestion politique du pays se ressent dans l’intériorité des individus qui solidifient leur fondation pour résister aux agressions de toutes sortes, économiques, émotionnelles ou bien affectives, tel que dans X-men Origins: Wolverine (2009) de Gavin Hood. Le héros fait solidifier son squelette par une injection d’un métal d’une solidité révolutionnaire. Sa souffrance va le mener jusqu’a son indestructibilité.

 

X-Men fait partie de ces super héros dont la conscience est tout aussi importante que leur force. Ce personnage-là est un mutant comme l’est l’homme de l’ère de la technologie qui doit s’intégrer ou disparaître. Le rejet de l’individu récalcitrant se fait automatiquement par la société elle-même.

 

Il y a trois héros dans l’histoire mythique de Star Trek de J.J. Abrams (2009). Le vaisseau spatial ultra-sophistiqué, James Kirk, tête brûlée en quête de sensations fortes, et Spock issu d’un autre monde où l’émotion doit être bannie pour résister à tous les envahisseurs qui bordent la galaxie où évolue la Terre.

 

Joe Shuster et Jerry Siegels sont des Juifs new-yorkais. Ils créent le premier super héros, Superman, à la fin des années 30. De nombreuses répliques à partir de ce personnage vont voir le jour, dont Batman ou Captain America parmi les plus célèbres.

 

Dès son apparition en juin 1938, Superman est tout de suite adulé par le public qui achète plusieurs millions d’exemplaires du support qui édite ses aventures, les fameux comics. Parallèlement des magazines bon marché sont diffusés, les pulps, qui publient des nouvelles de science-fiction, des récits de western et des histoires policières. Ces publications sont richement illustrées et tous les quotidiens en diffusent. On peut alors imaginer le puissant impact que possède cette littérature.

 

À l’époque, la crise persiste aux États-Unis. Les pauvres gens écoutent la radio. Les feuilletons de science-fiction ont beaucoup de succès, notamment l’émission d’Orson Welles, La Guerre des mondes en 1938, à l’écoute de laquelle plusieurs centaines de personnes se sont donné la mort, tant l’émission était réaliste.

 

L’Amérique connaissait déjà un super héros, mais très humain, à double identité puisqu’il portait un masque, Zorro. L’homme était épris de liberté et surtout de justice pour les plus pauvres, volés, molestés, torturés, bafoués, humiliés. Il a été incarné par Douglas Fairbanks dès 1920.

 

Une histoire inconsciente s’inscrit dans les esprits

Le 20 juin 1938, le public américain est surpris de constater que Superman peut très facilement soulever une voiture. Un effroi parcourt les jeunes à la lecture de leurs comics habituels.

Superman n’est pas apparu au hasard. Le pays savait déjà que l’Europe, berceau de leur patrie, se voyait menacée par un monstre nommé Hitler qui, après les premières persécutions des Juifs en Allemagne s’apprêtait, après les accords de Munich, à envahir tout le continent. C’est le moment où sera inventé Captain America.

 

Superman transporte les thèmes récurrents de l’immigration clandestine, de l’étranger. Il vient de la planète Krypton où ses habitants sont supposés être doués d’une intelligence, voire d’une sagesse héritée des enseignements pratiques des philosophes. L’identité est l’un des thèmes essentiels. En effet, Superman est un homme puissant aux multiples pouvoirs, adroit et sage, une sorte de Moïse venu mener le peuple américain vers ses idéaux de justice, de générosité, de clairvoyance. Il est parfois séduit par la tentation du mal, parfois difficile à contenir.

 

Les héros redorent le blason américain assoupli par son incertitude

Tous ces super héros américains prennent leur source dans le pentateuque, les cinq premiers livres de la Bible. Depuis l’aube des temps, les héros veillaient. Moïse, immortalisé au cinéma sous les traits de Charlton Heston dans Les Dix Commandements (1958) de Cecil B. DeMille, David et Goliath (1910), Victor Mature dans Samson et Dalila (1949), Salomon et la Reine de Saba (1958) de King Vidor. Tous ces épisodes de la Bible ont été produits par Hollywood, dirigés par des producteurs à majorité juive. N’oublions pas que le premier film parlant, Le chanteur de jazz (1927), est un film sur le fils d’un rabbin qui veut devenir chanteur de jazz malgré l’opposition de son chantre de père. Il est une sorte de héros, il affronte une nouvelle identité.

 

La mythologie grecque elle-même a été influencée par la Bible lorsqu’elle a produit ses héros issus de l’Iliade et de l’Odyssée, œuvre rédigée par Homère mille ans avant notre ère.

 

Les multiples faces de la psychanalyse au cinéma

Avec l’avènement de la psychanalyse, les personnages ont désormais plusieurs faces, claire et obscure. L’Amérique représentée par ses super héros n’y échappe pas. Superman est un personnage lumineux, alors que Batman, lui, est presque toujours dans l’obscurité. Pourtant, psychologiquement, Superman a une double personnalité : lorsqu’il n’est pas en mission, Clark Kent est d’une grande maladresse et ne sait pas comment séduire Loïs. Cependant, il a su, dans l’engin qui l’a mené sur Terre, bénéficier de la mémoire et des connaissances de son père. C’est encore un thème judéo-chrétien: «Honore ton père et ta mère, n’oublie pas ce qu’ils t’ont appris».

 

L’homme oublie que le voyage dans la vie est une sorte de voyage de l’esprit dans le corps maintes fois répété, jamais repéré sauf par un cinéaste passionnant, Richard Fleischer qui a donné une œuvre pertinente et symbolique de premier ordre: Le voyage fantastique (1966) où des hommes de petite taille, à l’aide d’un sous-marin également miniaturisé, se rendent à l’intérieur d’un corps où seule l’opération avec un minuscule laser pouvait sauver un patient.

 

Spiderman est un Superman plus humain. Il a été piqué par une araignée mutante qui va modifier son corps biologiquement. C’est un accident qui fera de lui un super héros, comme aurait pu le devenir n’importe quel Américain. « À grand pouvoir, grandes responsabilités », dit le film. Après un cataclysme sans précédent, l’Amérique panse ses plaies, doute d’elle-même, fait un retour en arrière et réécrit son Histoire avec une lucidité et une inquiétude désarmante.

 

La «pertinence et l’élégance imprévisible» d’Obama redresseront-elles le pays et les hommes face aux multiples déceptions des Américains? D’une certaine façon le nouveau président pourrait faire figure de héros, mais ses aventures ne font que commencer. L’Amérique laisse augurer un long voyage de l’Enterprise vers d’autres aventures après avoir traversé l’Histoire.

 

Dans les 79 épisodes pour la télévision dans les années 60 et une dizaine de longs métrages de cinéma dont un réalisé par Robert Wise, ce réalisateur a notamment réussi à spécifier les États-Unis dans une comédie musicale loin des conventions et si près de la multitude des êtres vivants West Side Story (1962).

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.