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Obama et Cheney s'affrontent sur la sécurité nationale

Écrit par Charlotte Cuthbertson, La Grande Époque
25.05.2009
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  • Dick Cheney, ex-vice-président américain(Staff: SAUL LOEB / 2009 AFP)

NEW YORK – Le président des États-Unis, Barack Obama, et l'ex-vice-président, Dick Cheney, se sont affrontés la semaine dernière au sujet de la sécurité nationale américaine et du centre de détention de Guantanamo.

Durant une allocution au National Archives Museum à Washington D.C., Obama a déclaré que son administration avait l'intention de nettoyer les «dégâts» laissés par son prédécesseur, George W. Bush.

Il a laissé entendre que l'administration Bush a pris des décisions en matière de sécurité nationale qui étaient «basées sur la peur plutôt que sur la prévoyance et que trop souvent les faits et les preuves étaient modifiés. En d'autres mots, nous avons dérapé».

Obama a justifié sa décision de fermer la prison de Guantanamo, affirmant qu'elle affaiblit plutôt qu’elle renforce la sécurité nationale. Il a ajouté que les commissions militaires vont être réformées et qu'un nouveau cadre légal va être établi pour détenir les terroristes. D'autres informations seront déclassifiées, a-t-il indiqué, défendant sa décision de rendre publiques les notes concernant les interrogatoires. Le secret sera gardé sur d'autres sujets, comme les photos de prisonniers dont il a dernièrement empêché la diffusion.

«Ce sont des changements radicaux qui vont établir des fondements plus sûrs, sécuritaires et durables de notre approche en matière de sécurité nationale, et leur mise en application prendra du temps», a renchéri Obama.

Dick Cheney a de son côté prononcé une allocution immédiatement après Barack Obama, cette fois au American Enterprise Institute à Washington, D.C. Il a défendu les politiques de son administration et a accusé Obama d'adopter une approche trop molle qui met en danger la sécurité nationale.

«Jusqu'à la toute fin de notre administration, nous avons gardé les terroristes d'Al-Qaïda occupés avec d'autres problèmes», a-t-il expliqué. Cheney demeure un fervent partisan du programme controversé d'interrogatoire – assimilé à la torture, selon plusieurs organisations de défense des droits de l'homme – et critique Obama pour avoir ordonné la fermeture de Guantanamo, arguant que cette décision a été prise sans grand débat et sans planification.

«De complètement écarter les méthodes poussées d'interrogation à l'avenir est peu judicieux à l'extrême. C'est de l'imprudence recouverte de droiture et cela rend le peuple américain moins en sécurité», a déclaré Cheney.

Fermeture de Guantanamo

Le président Obama estime que le coût de maintenir ouvert Guantanamo dépasse largement les complications associées à sa fermeture. «À long terme, nous ne pouvons garantir la sécurité de ce pays si nous n'engageons pas la force de nos valeurs les plus fondamentales», indique Obama. Ce dernier a exigé la fermeture du centre de détention d'ici le début de 2010.

Le sénateur démocrate Patrick Leahy (D-Vt.), président du Comité judiciaire du Sénat, estime que sous le régime actuel, la capacité du pays de réagir avec autorité morale serait nulle si d'autres pays maltraitaient des soldats ou des civils américains.

«Seulement en fermant l'installation de Guantanamo et en rétablissant des procédures sévères mais équitables, pouvons-nous rectifier notre image dans le monde», affirme-t-il.

Leahy croit que le système judiciaire américain est en mesure de traiter les détenus de Guantanamo.

«Notre système de justice criminel traite des criminels extrêmement dangereux, et plus que quelques terroristes, et il le fait de manière sécuritaire et efficace», poursuit-il.

Le sénateur Richard Shelby (R-AL) juge pour sa part imprudente la libération de ces détenus en sol américain.

«Les détenus du centre de détention de Guantanamo Bay sont des terroristes», plaide-t-il. «Nous ne devrions pas laisser cette administration, ou quiconque, menacer notre sécurité nationale en les libérant aux États-Unis. Si cela est même pris en considération, la décision de relâcher ces terroristes dans notre pays est à la fois imprudente et clairement contraire à la volonté du peuple américain.»

Les commissions militaires critiquées

Obama affirme que l'établissement de la politique relative au traitement des détenus de Guantanamo est en cours. Le système de cours fédérales et les commissions militaires seront utilisés, tandis que d'autres procédures doivent être mises en place.

«Alors que nous prenons ces décisions, tenez compte du fait suivant : il n’y a jamais personne qui s’est évadé d'une de nos prisons fédérales à sécurité maximale qui détiennent des centaines de terroristes condamnés», affirme Obama.

L'utilisation des commissions militaires est critiquée sévèrement par les organisations des droits de l'homme. Larry Cox, directeur exécutif d'Amnesty International, estime qu'il s'agit d'une erreur que de remettre sur pied ces commissions.

«C'est un système tellement fini, tellement discrédité, qu'il ne peut être sauvé par quelconque quantité de duct tape administratif ou légal», assène-t-il.

Anthony D. Romero, directeur exécutif de American Civil Liberties Union, en convient.

«Ces commissions militaires sont, par nature, illégitimes, inconstitutionnelles et incapables de livrer des jugements dans lesquels nous pouvons avoir confiance. Ajuster les règles de ces tribunaux manqués afin que ceux-ci puissent fournir un meilleur processus est absurde.»

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