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L'ombre des censeurs chinois dans l'Internet de Mississauga

Écrit par Matthew Little, La Grande Époque
27.05.2009
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Des sites documentant la répression en Chine sont catégorisés comme «haineux»; la compagnie de filtrage promet des changements

  • Le résidant de Mississauga, M. Tu Long(攝影: / 大紀元)

Un usager d'une bibliothèque de Mississauga, sixième ville d'importance au Canada, a découvert que l'accès à Internet y était censuré comme sous un régime totalitaire. La technologie utilisée pour filtrer le contenu web est utilisée sur tous les réseaux informatiques de la ville.

Le résidant de Mississauga, M. Tu Long, a découvert le problème il y a plus de deux mois lorsqu'il a tenté d'accéder à des sites Internet abordant des sujets jugés sensibles par le régime communiste chinois, incluant la répression des Tibétains, les controverses entourant les Jeux de Pékin et la persécution du Falun Gong.

M. Tu affirme qu’il comprend le besoin de la bibliothèque de bloquer certains sites, mais il dit avoir été bouleversé de constater que des sites comme China21.org, qui documentent la répression des chrétiens en Chine, sont censurés. «Ça m'a vraiment surpris», remarque-t-il.

La Grande Muraille pare-feu de Chine

Dans les années 1990, les autorités chinoises ont sollicité l'aide des compagnies occidentales comme Cisco et Sun Microsystems pour développer l'Internet le plus contrôlé de la planète. Les résultats de recherche sont expurgés et la police Internet, appuyée par des systèmes de filtre, surveille et contrôle le contenu disponible aux internautes chinois. Le gouvernement peut bloquer les sites web jugés nuisibles et connaître ceux qui veulent y accéder.

Les organisations de défense des droits de l'homme partout dans le monde ont vilipendé les compagnies impliquées dans la création du « Bouclier d’or » chinois, qui devait aider la Chine à entrer dans une ère de libre circulation de l'information, mais qui a transformé l’Internet en un mécanisme hautement censuré et surveillé par l'État.

Tu Long, qui a déménagé à Mississauga en décembre dernier, est le coauteur d'un livre récemment publié qui raconte une histoire vécue par ses amis – la persécution d'une famille de pratiquants de Falun Gong en Chine. L'un d'eux, Bai Xiaojun, a été torturé à mort dans un camp de travail forcé.

Le frère de Xiaojun a également été emprisonné durant trois ans. Il en est sorti vivant, mais est disparu peu de temps après le début de 2008.

Après avoir remarqué que de nombreux sites Internet documentant le sort des opprimés en Chine étaient bloqués par la bibliothèque pour cause de contenu «intolérant et haineux», M. Tu est devenu très inquiet.

«J'ai vraiment été bouleversé. Jamais je n'aurais pensé qu'une telle chose puisse se produire au Canada, où il y a démocratie et liberté.»

Lancement de livre

M. Tu a soulevé le problème auprès du responsable de la bibliothèque et ce dernier a avisé le département informatique de la Ville. En peu de temps, certains sites web sont devenus accessibles, tandis que plusieurs autres sont demeurés bloqués. Au moment de mettre sous presse, des sites web documentant le sort des chrétiens chinois, des pratiquants de Falun Gong et des Tibétains, de même que des sites de nouvelles en chinois qui publient des informations censurées en Chine, étaient toujours bloqués à la bibliothèque de Mississauga.

«Le responsable fait de son mieux pour demander aux techniciens de résoudre le problème», mentionne M. Tu, ajoutant que les plaintes ne sont pas assez nombreuses pour que la question soit une priorité.

Tu Long organisera un évènement le 10 juin à la Bibliothèque centrale de Mississauga pour parler de son livre et des épreuves vécues par sa famille et ses amis en Chine. Lui et son épouse Yuan Meng, coauteure du livre, pratiquent le Falun Gong. Yuan a été emprisonnée durant 16 mois dans un camp de travail où son dos fut brisé. Le couple, qui habite maintenant Toronto, a écrit leur livre en l'honneur de leurs amis emprisonnés.

M. Tu explique que la première étape du régime chinois dans sa persécution du Falun Gong a été de bloquer toute information à son sujet. Cette censure a été rendue possible en interdisant les livres du Falun Gong et en bloquant les sites Internet qui contiennent de l'information sur la pratique spirituelle.

«Notre livre raconte des histoires vraies qui sont censurées en Chine», affirme Tu Long. «C'est troublant de venir au Canada et de retrouver ce genre de censure ici aussi.»

Service de filtrage

Steve Praggett est à la tête du département d'assistance technique et de sécurité informatique de la Ville de Mississauga. Il a la responsabilité de réviser les sites Internet qui pourraient être bloqués injustement. Les filtres appliqués à la bibliothèque sont les mêmes sur tous les ordinateurs de la ville.

M. Praggett indique qu'il reçoit fréquemment des plaintes concernant des sites qui seraient mal classés par les filtres de la ville. Il affirme ne pas avoir les ressources pour résoudre le problème, particulièrement pour les sites publiés en chinois.

«Nous allons sur ces sites et tout est en chinois, nous ne pouvons évaluer le contenu. Si je peux aller sur un site d’où je peux obtenir une traduction, que je peux la lire et que tout est bon, je vais le débloquer.»

M. Praggett affirme également que ce n'est pas lui ou d'autres employés municipaux qui ont classé les sites Internet de cette manière.

Mississauga obtient ses logiciels de filtrage de SurfControl, une compagnie reconnue pour avoir vendu sa technologie à des régimes répressifs comme la Chine et l'Iran. En 2007, SurfControl a été acheté par son compétiteur Websense.

En 2004, Amnesty International s'est dit préoccupé par le fait que Websense contribuait à violer les droits de l'homme en fournissant sa technologie au régime chinois.

Websense a fait parvenir à La Grande Époque un exemplaire de sa politique stipulant qu'il «ne vend pas à des gouvernements ou à des fournisseurs d'accès Internet qui sont impliqués dans quelconque censure imposée par le gouvernement». Il n'est pas clair depuis quel moment cette politique est en vigueur.

Promesse de Websense

Sarah Thornton, porte-parole de Websense, a déclaré à La Grande Époque qu'elle ne pouvait pas expliquer comment SurfControl avait catégorisé les sites chinois, disant seulement qu'ils ont été mal classés.

Websense, qui offre un service identique à SurfControl, permet d'accéder aux mêmes sites bloqués par SurfControl. Les sites chinois sont classés comme des sites de nouvelles, des sites défendant une cause, des sites religieux et des forums. Aucun des sites n'est étiqueté comme ayant du contenu haineux.

Cette information n'est pas suffisante pour M. Praggett, qui a dit qu'il continuerait à se fier aux définitions établies par SurfControl, plutôt que de les actualiser afin qu'elles concordent avec celles de Websense, la compagnie-mère.

Toutefois, alors que l'édition anglaise de La Grande Époque s'apprêtait à aller sous presse mercredi dernier, Mme Thornton a appelé à nouveau pour s'excuser des erreurs présentes dans la base de données de SurfControl. Elle a promis que les sites seraient reclassés dans les 72 heures.

 

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