Tourisme en Guyane : «Où vivre une expérience unique ?» 2e partie

Écrit par Frédérique Privat, La Grande Époque
31.05.2009

  • Parc amazonien de Guyane (AFP PHOTO JODY AMIET)(PIG: JODY AMIET / ImageForum)

Le salon du Tourisme en Guyane a ouvert ses portes du 17 au 19 avril dernier à Matoury.  À cette occasion, nous avons rencontré le président du comité du tourisme guyanais, Jean-Elie Panelle qui nous a apporté quelques précisions sur le développement de l’activité touristique.

La Grande Époque : Au niveau des hébergements en Guyane, qu’en est-il  actuellement ?

Jean-Élie Panelle : Nous avons une hôtellerie moyenne, avec des hôtels 2 ou 3 étoiles. Cette hôtellerie familiale se situe à  80 % sur Cayenne et Kourou. On compte en plus un établissement important sur Sinnamary, puis le reste à Saint-Laurent et Saint-Georges.

Mais cette hôtellerie atteint aujourd’hui ses limites. Par exemple, si une période de congrès coïncide avec un lancement de la fusée Ariane, nous ne pouvons satisfaire tous les touristes. Nous souhaitons développer l’hôtellerie traditionnelle, tant en quantité qu’en qualité. Nous accueillons aujourd’hui beaucoup de touristes qui aiment l’aventure, mais quant à la catégorie socioprofessionnelle supérieure, elle ne s’intéresse pas encore vraiment à notre destination car nous ne disposons pas encore de structures 4 étoiles.

Par contre nous disposons de meublés, de gîtes ruraux et de chambres d’hôtes d’une qualité exceptionnelle. Ce créneau destiné plutôt au tourisme individuel ou familial se développe bien. Nous avons triplé nos capacités d’accueil. Ce sont des Guyanais qui investissent, ils sont propriétaires de maisons créoles ou ont créé des gites sur leurs terres.

En forêt – et cela s’adresse aux scientifiques ou aux randonneurs – il faut des lodges, comme cela existe en Afrique, en Australie et en Amérique du Sud… Une étude de faisabilité est menée avec le Conseil Régional afin de mettre en place un réseau de lodges. Il est prévu un maillage sur tout le territoire et des pôles de développement ont été définis sur l’Est et Ouest.

Mais pour en revenir à l’hôtellerie classique, il faut un hôtel 4 étoiles dans une ville-capitale comme Cayenne. Pour cela, des projets sont en cours et il ne reste qu’à trouver des financements. C’est indispensable si on veut franchir un palier supplémentaire. Nous avons commencé notre développement touristique il y a onze ans. Il y avait alors 50.000 touristes. Actuellement, sans une évolution notable de nos infrastructures, nous sommes à 120.000 et si on veut franchir le cap des 150.000 touristes, il est nécessaire de faire cet investissement. Le tourisme d’affaire est très recherché et cette clientèle qui a un pouvoir d’achat important doit pouvoir pleinement profiter de nos produits.

LGE : Une 2e compagnie aérienne vient récemment de s’implanter en Guyane. Que va-t-elle apporter au tourisme en Guyane ?

Jean-Élie Panelle : Nous sommes très heureux de l’arrivée de cette 2e compagnie. L’effet immédiat est la baisse du prix des billets. C’est donc bénéfique à la destination mais aussi aux Guyanais, notamment ceux qui vivent ailleurs et souhaitent revenir régulièrement.  Ceux-ci viennent en famille, font des excursions, consomment et cela a un poids non négligeable sur le tourisme en Guyane.

LGE : Avez-vous des objectifs de partenariat avec des compagnies aériennes étrangères ?

Jean-Élie Panelle : Nous privilégions d’abord les compagnies francophones, mais compte tenu de notre positionnement géographique avec nos voisins frontaliers du Suriname et du Brésil, nous avons créé un produit combiné Amazone avec les États de l’Amapa. Nous voyons donc arriver par ce biais des touristes des Pays-Bas et du Brésil. Il y a actuellement plus de 5.000 touristes néerlandais qui visitent Saint-Laurent et son bagne chaque année.

Quant à l’Amérique du Nord, nous n’avons pas encore développé d’actions sur ces marchés. Mais c’est une perspective d’avenir.

LGE : Le sud de la Guyane française, qui est couvert de forêt, n’est pas du tout ou peu connu des Guyanais et encore moins des touristes. Comment explique-t-on cela ?

Jean-Élie Panelle : La contrainte est bien sûr naturelle, puisque pour aller à Maripasoula, il n’y a que l’avion ou la pirogue. Pour se rendre à Camopi, c’est l’avion, tout cela a un coût…  Nous travaillons avec les transporteurs fluviaux et aériens pour obtenir des tarifs spéciaux pour les résidents.

L’autre contrainte est aussi administrative puisqu’il faut une autorisation préfectorale. Cette contrainte, qui date de plusieurs décennies et qui avait une raison sanitaire, est peut-être à remettre en question.

LGE : Qu’en est-il d’éventuels partenariats avec le tourisme antillais ?

Jean-Élie Panelle : Nous pensons développer des complémentarités de flux avec les représentants de Guadeloupe et  de Martinique afin de proposer des produits combinés. En effet, nous sommes toutes les trois sur le marché français, nous devons donc travailler en bonne intelligence sans pour autant développer de concurrence.

LGE : Pour finir, que répondrez-vous à ceux qui voient la Guyane comme l’« enfer vert » ?

Jean-Élie Panelle : La Guyane est une terre d’une beauté exceptionnelle, riche de sa diversité et extrêmement accueillante. Je terminerai en disant que c’est un pays qui se mérite !