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Projeter Montréal de l'avant

Écrit par Patrice-Hans Perrier, La Grande Époque - Montréal
06.05.2009
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Échos du congrès du parti municipal Projet Montréal

  • Ville de Montréal (攝影: / 大紀元)

Le parti Projet Montréal accueillait, les 23 et 24 mai derniers, ses instances dans le cadre d’un congrès porté par l’espoir. C’est ainsi que la jeune formation politique aura convoqué ses membres afin de voter les grandes lignes d’un programme qui promet, rien de moins, de remettre la métropole québécoise sur les rails du développement durable.

L’euphorie était palpable au Centre culturel Georges-Vanier, un très bel édifice municipal sis dans le quartier de la Petite-Bourgogne, à Montréal. Projet Montréal, une formation progressiste fondée en 2005, semble avoir le vent dans les voiles par les temps qui courent. Bien au-delà des intentions de vote décelées par les récents sondages (autour de 10 %), la formation dirigée par Richard Bergeron peut compter sur un solide capital d’appuis populaires acquis de haute lutte. Car, malgré une sous-exposition dans les grands médias, Projet Montréal aura profité de plusieurs luttes de quartier pour faire valoir ses positions dans des domaines concernant la sécurité publique, la préservation des espaces verts ou le réaménagement des artères de circulation routière.

Richard Bergeron ne se lasse pas de répéter que Montréal aura fait la preuve au monde entier de sa capacité à innover à l’époque de l’Exposition universelle de 1967. Le premier magistrat de la métropole, Jean Drapeau, n’ayant pas hésité à investir les sommes nécessaires à l’implantation d’un métro et ayant fait la démonstration qu’une métropole, digne de ce nom, doit se projeter dans l’avenir. Malheureusement, toujours selon M. Bergeron, les administrations subséquentes seraient demeurées prisonnières d’un modèle de gouvernance qui n’a pas évolué depuis.

Une métropole qui se vide de son sang

Encerclée par la couronne de ses banlieues, la métropole du Québec se vide inexorablement de son sang. C’est ainsi qu’entre 1971 et 1986, Montréal aura perdu pas moins de 225 000 habitants, si l’on se fie aux calculs de Projet Montréal. Dénonçant l’incapacité de l’administration actuelle à offrir des conditions de vie décentes aux jeunes familles, Richard Bergeron n’hésite pas à parler d’immobilisme dans un contexte où, pour la seule année 2007, 7,5 milliards de dollars ont été investis dans le développement immobilier des banlieues ceinturant la métropole.

Une culture du béton

Rien de concret n’aurait été fait en faveur du développement des transports alternatifs sur l’île de Montréal. Hormis les belles intentions inscrites dans le Plan de Transport adopté en juin 2008, les ténors de Projet Montréal n’hésitent pas à comparer les politiques de l’administration Tremblay à une «tardive campagne de publicité». Ils en ont pour preuve le fait que le parc automobile de la région métropolitaine a augmenté de 350 000 véhicules, cela depuis le début de la décennie. Ils en profitent aussi pour dénoncer les hausses à répétition des tarifs des transports collectifs, les velléités des politiques de transformer la rue Notre-Dame en véritable autoroute ou le projet de reconstruction de l’échangeur Turcot.

Face à ce qu’ils qualifient de «culture du béton et du pétrole», Bergeron et son équipe proposent de mettre Montréal sur les rails du développement durable. En bref, Projet Montréal rêve d’une ville de Montréal «recentrée sur l’humain, sur ses besoins, aussi bien immédiats – sécurité, logement, déplacements, approvisionnement en eau, assainissement – que sur les besoins plus élevés – expression et réalisation de soi, culture, vivre-ensemble, échange, solidarité». Sans vouloir tomber dans la pétition de principe, l’équipe derrière Richard Bergeron fait valoir qu’il est encore temps de réorienter nos modèles économiques.

De nouveaux pôles de développement

Le Québec ne produit pas de voitures et est contraint d’importer des produits pétroliers qui sont soumis à des fluctuations de prix impossibles à prévoir. Richard Bergeron constate que, pour la seule année 2007, «nos importations de produits pétroliers et d’automobiles ont atteint la somme astronomique de 25,3 milliards de dollars. Cette situation n’est pas sans affecter de façon dramatique la balance commerciale du Québec».

Poursuivant sur cette lancée, les analystes de Projet Montréal soulignent que le Québec aura perdu 150 000 emplois manufacturiers depuis 2002. Même si la métropole peut encore compter sur ses fleurons de l’industrie aéronautique, de la recherche médicale ou des nouvelles technologies de l’information, il n’en demeure pas moins que sa vitalité économique périclite depuis deux décennies.

Malgré tout, certains observateurs étrangers considèrent que Montréal fait encore partie du peloton des villes intermédiaires offrant une qualité de vie enviable. Toutefois, son centre-ville reste toujours en friche, avec des artères routières qui participent à son engorgement et une hausse prohibitive du coût des logements qui favorisent la détérioration de son tissu urbain.

Le nerf de la guerre urbaine

C’est dans ce contexte que le nouveau programme de Projet Montréal propose de nouvelles avenues. Chemin faisant, la jeune formation soutient que «les pouvoirs et responsabilités en transport et en aménagement du territoire sont les deux moyens principaux dont dispose une administration municipale pour soutenir les industries présentes sur son territoire». C’est probablement ici que se situe l’épine dorsale d’un programme qui ambitionne de mettre sur la table des mesures concrètes susceptibles de relancer l’ancien centre névralgique du Canada.

N’y allant pas par quatre chemins, les responsables du programme de Projet Montréal dénoncent la dilution des pouvoirs municipaux, alors que la Ville de Montréal a condamné son propre bureau d’urbanisme et délégué beaucoup trop de pouvoirs à ses arrondissements. C’est ce qui amène les stratèges du parti à affirmer que Montréal doit se réapproprier ses anciens pouvoirs en urbanisme. Cette approche ferait en sorte de consolider les pôles d’emploi existants au centre-ville, mais aussi dans les arrondissements limitrophes.

Une culture de l’imputabilité

Profitant d’une conjoncture qui ne favorise pas l’équipe en place, Richard Bergeron affirme qu’il faut mettre un terme à la faillite de la gouvernance et au désintéressement des citoyens pour la chose politique. Il faudrait dépasser la simple dénonciation de l’incurie municipale pour, enfin, «tourner le dos à l’ère de Gérald Tremblay et porter au pouvoir une équipe vivement engagée envers la transparence et la saine gestion des fonds publics».

Ce congrès aura permis de présenter certains candidats de poids qui devraient aider Projet Montréal à mener une chaude lutte à l’équipe en place. C’est ainsi que l’épouse d’Amir Khadir, premier débuté du parti Québec Solidaire à être élu à l’Assemblée nationale du Québec, se présentera dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Nimâ Nachouf fait partie de l’escadron de six candidats qui devraient, selon toute vraisemblance, permettre à Projet Montréal de se construire un château fort dans cet arrondissement central. Une transfuge d’Union Montréal, Josée Duplessis, sera aussi de la partie, accompagnée par Piper Huggins, ancienne membre du NPD, et de Carl Boileau, premier élu de la formation en 2005.

Comptant sur un programme bien ficelé, une équipe de militants et de candidats présents dans un grand nombre d’arrondissements, Projet Montréal pourrait bien modifier la carte électorale de la métropole en novembre prochain. Reste à voir si les médias, et autres relais de communication, donneront la parole à une formation qui, à défaut de compter sur une juteuse caisse électorale, jouit d’appuis tangibles au sein de la population montréalaise.

 

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