Fausses couches liées aux maisons toxiques dans le Sichuan

Écrit par La Grande Époque
07.05.2009

 

  • Les maisons mobiles pour les victimes du séisme au Sichuan(Stringer: China Photos / 2008 China Photos)

Les médias en Chine ont reçu l’ordre de garder le silence lorsqu’on a découvert un taux très élevé de fausses couches parmi les femmes vivant dans les maisons temporaires installées après le tremblement de terre du Sichuan de mai 2008.

Le 17 avril 2009, le Département de la propagande du Comité provincial du Parti au Sichuan a émis l’ordre suivant aux médias de la province : «Aucune interview, aucun reportage, aucune citation» sur les centaines d’embryons morts parmi les femmes de Dujiangyan, région historique nichée sur les bords de la rivière Min.

D’après différentes sources, les femmes touchées vivent dans des maisons temporaires construites avec des panneaux de fibres de moyenne densité qui émettent jusqu’à cinq fois la dose de formaldéhyde maximale autorisée selon la réglementation chinoise.

D’après les médecins, l’exposition au formaldéhyde durant la grossesse peut provoquer une fausse couche.

Le 2 mars, un reportage d’un média du Sichuan titrait Les mères de Beichuan font des fausses couches, expliquant que les fausses couches n’étaient «pas des cas isolés mais un phénomène fréquent».

L’Hôpital populaire de Dujiangyan a, par exemple, enregistré plus de 100 fausses couches au sein de la petite communauté, rapporte la Radio Son de l'Espoir.

À la fois les médecins locaux et les familles touchées suspectent que le problème provient du taux élevé de formaldéhyde contenu dans les panneaux de fibres des maisons temporaires.

La plupart des femmes enceintes concernées sont des victimes du tremblement de terre du Sichuan qui ont perdu leurs enfants et qui tentent d’en avoir à nouveau.

D’après une étude réalisée par le programme d’assistance à la fertilité en janvier 2009, 1332 familles affectées par le tremblement de terre désirent un autre enfant.

Une femme de Dujiangyan, Mme Lee, qui a perdu son fils dans le séisme, explique à la Radio Son de l'Espoir qu’elle était ravie d’aller à l’hôpital pour effectuer un test de grossesse. Cependant, l’embryon était déjà mort.

«Sept autres femmes sont allées suivre le test, et cinq d’entre elles se sont fait dire la même chose», affirme-t-elle en ajoutant que «les médecins n’ont pas exclu la possibilité d’une intoxication au formaldéhyde.»

Elle poursuit : «Maintenant, nous habitons tous dans les maisons temporaires. L’été arrive et l’odeur de formaldéhyde est de plus en plus forte. Le gouvernement ne nous donne aucune réponse. Le maire prétend même que les maisons ont passé les tests sanitaires et qu’il n’y a pas de formaldéhyde. Nous sommes si déprimés à l’idée de continuer à vivre dans cet endroit et l’on n’ose plus avoir d’enfants. La souffrance est double.»

Selon un conseiller bénévole impliqué dans le soutien psychologique aux victimes du séisme, des dizaines de parents – dont l'enfant est décédé dans l'effondrement d'une école primaire – ont demandé de l'aide.

«Il y a encore beaucoup d’autres parents victimes que nous n’avons pas encore pu interroger» dit-il.

Le formaldéhyde est connu pour renforcer l’adhésion et la densité des matériaux de construction. Le formaldéhyde en excès est également connu pour être extrêmement dangereux et toxique.

Le président de l’Hôpital des femmes et des enfants de Shenyang, Chou Weiwei, a indiqué que le formaldéhyde augmente grandement le risque de malformations à la naissance. Le cœur du fœtus se développe dans les cinq premiers mois de la grossesse. Le fait d’être exposé au formaldéhyde durant cette période augmente la probabilité d’une maladie cardiaque congénitale.

Sur Internet, on trouve également des témoignages de victimes du séisme. D’après un test effectué par un individu, le taux de formaldéhyde dans une maison mobile était de 0,6 mg par mètre cube, ce qui est largement supérieur au maximum permis de 0,12 mg par mètre cube autorisé en Chine.