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La Méditerranée, un refuge pour les espèces

Écrit par Denis Delbecq - CNRS
11.06.2009
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  • A l’instar des autres écosystèmes de type méditerranéen, le bassin méditerranéen comporte des taux élevés de diversité végétale et d’endémisme. Les refuges sont souvent des zones montagneuses.(攝影: / 大紀元)

Lorsque le climat change, les espèces végétales cherchent des refuges pour survivre. Des chercheurs viennent de montrer qu’une cinquantaine de sites méditerranéens, connus pour leur biodiversité actuelle, jouaient ce rôle d’abri depuis plusieurs centaines de milliers d’années.

 

Le bassin méditerranéen accueille de nombreuses espèces végétales

Quand on évoque les points chauds (hotspots) de la biodiversité, ces zones riches en espèces mais menacées par l’activité humaine, les regards se tournent souvent vers les forêts tropicales humides. Mais plus près de chez nous, le bassin méditerranéen accueille entre vingt-cinq mille et trente mille espèces végétales! Frédéric Médail, de l’Institut méditerranéen d’écologie et de paléoécologie (Imep), et sa collègue Katia Diadema, du Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles, ont examiné les lieux privilégiés où persiste la biodiversité méditerranéenne. Et ils révèlent dans le Journal of Biogeography qu’une cinquantaine de ces sites ont été de véritables refuges pour la flore au fil des aléas climatiques des derniers millénaires.

 

La moitié des végétaux méditerranéens ne se trouve nulle part ailleurs

Depuis l’ère tertiaire, le climat terrestre a plus d’une fois basculé. On relève notamment quatre époques de forte glaciation depuis sept cent mille ans, entrecoupées de périodes interglaciaires. Avec pour conséquences d’intenses variations de température (une quinzaine de degrés) et de pluviométrie (du simple au double) en Méditerranée, qui auraient pu entraîner la disparition d’une forte proportion de la flore, si les plantes n’avaient pu se trouver des abris. «Les refuges sont souvent des zones montagneuses, insulaires, des gorges, où la topographie locale a amorti les variations climatiques depuis la fin du tertiaire», explique Frédéric Médail. Ces refuges ont ensuite permis une reconquête géographique pour les espèces les plus aptes à la dispersion, ou sont devenus des réservoirs pour les espèces endémiques. Ceci explique en partie que la moitié des végétaux méditerranéens ne se trouve nulle part ailleurs.

 

Les végétaux trouvent des niches écologiques favorables en altitude

Pour cartographier les zones refuges, Frédéric Médail et Katia Diadema ont analysé quinze années de travaux scientifiques (une centaine de publications scientifiques) portant sur la «phylogéographie» du bassin méditerranéen, une discipline qui étudie la distribution géographique des espèces, en lien avec leur diversité et leur originalité génétique. C’est ainsi qu’ils ont révélé 52 «refuges»: 33 à l’ouest et 19 à l’est du bassin. Ces derniers, moins nombreux, sont aussi moins fragmentés. « Sans doute parce que l’impact des aléas climatiques a été plus sévère à l’ouest, ce qui a morcelé les refuges », explique le chercheur. Bien souvent, ce sont des régions montagneuses littorales qui ont permis aux espèces de résister, la proximité de la mer atténuant l’aridité liée aux baisses de pluviométrie au cours des glaciations. «La montagne permet des migrations en altitude à de courtes distances, et donc les végétaux peuvent plus facilement retrouver des niches écologiques favorables à leur survie.» Ces régions sont situées pour la plupart dans la péninsule Ibérique, en Italie, dans les Balkans, et au Maghreb.

 

Ces plantes ont résisté à d’importantes baisses et montées de températures

Ces études sont essentielles pour dessiner de nouvelles stratégies de conservation de la biodiversité, notamment face à la croissance démographique. «La connaissance des refuges est indispensable aussi pour imaginer ce que pourrait être la flore dans un climat réchauffé», explique Frédéric Médail. En effet, ces plantes ont déjà résisté à d’importantes baisses et montées de températures. «Le nombre et la diversité de ces zones semblent assez rassurants pour l’avenir. Elles ont joué ce rôle de refuge plusieurs fois depuis la fin de l’ère tertiaire. Et elles devraient faciliter la persistance locale des espèces au fur et à mesure que le climat se modifie.» L’existence de ces refuges casse l’idée d’un impact global du climat sur la biodiversité. «J’ai du mal à croire que la moitié de la biodiversité végétale méditerranéenne pourrait disparaître en cinquante ans, comme on l’entend parfois.»  

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