Subversion de la démocratie

Écrit par Gary Feuerberg, La Grande Époque
16.06.2009

  • Copie d'écran de la page d'accueil de [underminingdemocracy.org]. (攝影: / 大紀元)

Un rapport étudie le travail de différents États qui luttent contre la démocratie chez eux et dans le monde

WASHINGTON, D.C. – Après l'effondrement de l'Union soviétique et du communisme en Europe de l'Est, il y avait cet espoir de voir se répandre les démocraties, les économies de marché et le respect des droits de la personne.

Ces attentes n'ont cependant pas abouti. Durant la première décennie du 21e siècle, dans plusieurs pays, les droits de l'homme et la démocratie ont été contrecarrés par une nouvelle forme d'autoritarisme. Sauf que les méthodes de contrôle, cette fois, sont plus sophistiquées qu'elles ne l'étaient sous les régimes totalitaires du passé, indique un récent rapport.

Ce rapport, Undermining Democracy: 21st Century Authoritarians (Saper la démocratie : les autoritaires du 21e siècle), a été rendu public le 4 juin 2009 à Washington, D.C., jour du 20e anniversaire du massacre de la place Tiananmen.

Le document de 80 pages affirme que quatre États autoritaires – la Chine, la Russie, l'Iran et le Venezuela – établissent des nouveaux modèles d'autoritarisme à suivre pour d'autres pays et qu'ils ont les ressources et la sophistication leur permettant d'exercer une influence considérable dans les pays en voie de développement de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine.

Freedom House, Radio Free Europe/Radio Liberty et Radio Free Asia sont derrière le rapport. Ces organisations, dont la mission est de promouvoir la démocratie et la liberté, ont étudié «les méthodes que ces régimes utilisent, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur de leurs frontières, pour entraver les droits de l'homme et le développement démocratique.

Le Pakistan est également inclus dans le rapport en raison de son importance géopolitique et parce que ses institutions démocratiques sont très chancelantes, permettant à l'extrémisme de prospérer dans certaines parties du pays et en Afghanistan. Cependant, le Pakistan ne fait pas la promotion active de politiques antidémocratiques comme les quatre autres pays étudiés, indique le rapport.

Selon l'échelle de Freedom House, qui évalue les pays du monde selon le degré de liberté d'expression et de religion, la primauté du droit, les institutions démocratiques, etc., le Pakistan et le Venezuela sont jugés «partiellement libres».

Le sens de la démocratie détourné

Les régimes autoritaires les plus puissants assurent qu’ils sont des «démocraties» et en détournent le sens pour confondre leurs citoyens. La Russie de Vladimir Poutine, par exemple, emploie le terme curieux de «démocratie souveraine», faisant appel à une renaissance nationale, à la nostalgie du pouvoir russe et à un ultranationalisme antioccidental.

Le Kremlin contrôle toutes les chaînes de télévision nationales, de même que de nombreux journaux et sites Internet, et dirige ainsi les plus importants médias du pays tel que mentionné dans le rapport. Les journalistes qui enquêtent sur la corruption ou les violations des droits de l'homme risquent des attaques physiques et même la mort.

Le Parti communiste chinois (PCC) usurpe le terme «démocratie», bien que l'État soit dirigé par un parti unique – dont les membres ne sont pas élus par la population – et dont le pouvoir n'est surveillé par aucun mécanisme. Néanmoins, le chef du PCC, le «président» Hu Jintao, a invoqué le mot 60 fois dans son rapport au 17e Congrès du Parti.

L'oligarchie cléricale iranienne affirme être une «démocratie islamique», dans laquelle les intérêts des classes inférieures sont protégés par des dirigeants possédant une intuition divine, écrit le rapport. Le régime contrôle tous les médias de diffusion et la majorité de la presse, interfère avec la diffusion des médias étrangers et emprisonne les dissidents cybernétiques.

Au Venezuela, le président Hugo Chavez et ses partisans, appelés chavistas, s'efforcent d'éliminer tous les mécanismes de supervision qui limitent leur pouvoir. «Le paysage médiatique du pays, autrefois effervescent, a été victime d'attaques continuelles des autorités...», mentionne le rapport.

Au Pakistan, où l'armée a longtemps dirigé, le rapport qualifie les gens au pouvoir d'oligarques, «alors que les partis politiques principaux sont encore dominés par une élite féodale».

Contrôle de l'Internet et de l'accès au monde extérieur

En appliquant des méthodes bien rodées de censure, la Chine et l'Iran contrôlent l'information qui serait normalement disponible en Occident. Ceux qui expriment leurs doléances en ligne sont punis et les autres apprennent à s'autocensurer, explique le rapport.

«Ces régimes ont engagé des commentateurs loyaux et des provocateurs comme les “propagandistes à 50 sous” [une rumeur veut que des Chinois sont payés 50 sous pour chaque message favorable au régime publié sur des sites de discussions] et les “brigades” en Russie qui submergent ou dérangent les discussions sensibles», poursuit le rapport.

Les organisations commanditaires du rapport Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) étaient censurées et bloquées en ex-Union soviétique. «Les autorités chinoises bloquent […] la diffusion de Radio Free Asia (RFA) en doublant le signal avec de l'opéra chinois, des gongs de musique funèbre et de la statique, de même qu'en supplantant le signal de RFA avec leur propre programmation», note le rapport.

Aide étrangère sans condition

Alors que les démocraties et les institutions comme la Banque mondiale fournissent de l'aide étrangère sous conditions, comme des obligations en matière de droits de l'homme et des garanties financières, les régimes autoritaires «travaillent» avec les régimes corrompus et leur font des prêts sans condition ou même des cadeaux. Selon Pékin, l'Occident tente d'imposer un «“agenda démocratique” étranger sur les pays en voie de développement», mentionne le rapport.

La stratégie fonctionne. Le rapport indique que la Chine est devenue le plus gros prêteur à l'Afrique, selon des estimations de la Banque mondiale. La Russie, l'Iran et le Venezuela utilisent leur manne pétrolière pour «forger des alliances étrangères» et conserver leurs amis au pouvoir.

Entrave au travail d'organisations légitimes

Les régimes autoritaires ont pris l'offensive pour affaiblir les standards de démocratie et droits de l'homme utilisés par les Nations Unies et autres organisations multilatérales. La Russie a fait pression sur l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour qu'elle cesse l'observation des élections et des droits de la personne. Le dirigeant vénézuélien, Hugo Chavez, s'oppose aux initiatives pour la démocratie et les droits de l'homme au sein de l'Organisation des États américains (OEA). Aussi, les régimes autoritaires s'activent pour bloquer les sanctions et défendre des mesures antidémocratiques aux Nations Unies.

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Hostiles à la démocratie

La partie la plus insidieuse des mécanismes des régimes autoritaires est probablement l'endoctrinement de la jeunesse, les rendant suspicieux du monde extérieur et des valeurs de la démocratie. En Chine, les droits de l'homme sont dépeints comme étant un instrument créé par l'Occident pour «rabaisser la Chine», affirme le rapport. Les cours d'histoire ne parlent pas ou déforment la vérité concernant le Grand bond en avant, la Révolution culturelle et le massacre de la place Tiananmen.

Pas seulement les manuels scolaires, mais «les documentaires, les musées et autres médias […] répandent une version sévèrement déformée de l'histoire chinoise».

«En Russie, des manuels introduits par le Kremlin dépeignent Staline comme un des plus grands dirigeants du pays et suggèrent que la Grande terreur n'était seulement qu'un produit de l'époque», explique le rapport.

En Iran, les manuels scolaires perpétuent une idéologie théocratique et «font la promotion d'une vision du monde intolérante et non libérale», alors que des milliers d'écoles religieuses au Pakistan, les madrassas, enseignent une forme d'islam qui condamne les autres croyances.

Le système chinois – autoritarisme sophistiqué et résistant

Le modèle chinois d'autoritarisme est probablement le plus efficace et dérangeant des quatre pays étudiés. En effet, les dirigeants chinois estiment que leur modèle peut être reproduit dans les pays en voie de développement. Ce système intéresse les régimes cambodgien et vietnamien entre autres.

Environ 7000 à 10 000 fonctionnaires africains par année suivent des formations offertes par le régime chinois. L'appareil de censure et de filtrage d'Internet sans égal de la Chine est transmis aux régimes de Birmanie, du Vietnam, d'Arabie saoudite, d'Ouzbékistan et de nombreux autres États, selon Perry Link et Joshua Kurlantzick, coauteurs du chapitre sur la Chine.

Aujourd'hui, le régime ne met plus de limites sur ce que ses citoyens peuvent explorer, à condition qu'il ne s'agisse pas d'un sujet sensible : le Falun Gong, la démocratie, la famine du Grand bond, le Tibet, l'autonomie des Ouïghours, estime MM. Link et Kurlantzick. La plupart des gens, s'ils sont assez scrupuleux pour s'autocensurer, peuvent éviter les camps de travail forcé, la torture et l'exécution, font remarquer les auteurs.

Mais ce genre de contrôle de la population signifie qu'aucune société réelle civile ne peut voir le jour sous le PCC, estiment Link et Kurlantzick. Les gens vivent un «grand mensonge». Des manuels aux médias, ils se font dire quoi croire au sujet du Tibet, du Dalaï-lama, de Taiwan et du PCC lui-même.

Des mensonges éhontés sont répétés sans questionnement jusqu'à ce qu'ils s'établissement comme des vérités. «Le pouvoir politique en Chine s'appuie sur le maintien d'une certaine position morale même si tout le monde sait, à un certain niveau, que cette position est hypocrite», mentionne les auteurs. Selon eux, le PCC est «plus effrayé par sa propre population que la plupart des observateurs étrangers se rendent compte».

Pour consulter le rapport Undermining Democracy : 21st Century Authoritarians