Le coup du cavalier

Écrit par Patrice-Hans Perrier, La Grande Époque - Montréal
21.06.2009
  • Pierre Mainville(攝影: / 大紀元)

Après avoir fait cavalier seul, le conseiller Pierre Mainville se joint à l’équipe de Projet Montréal

Les pièces sur l’échiquier politique accélèrent leurs mouvements depuis peu à Montréal. C’est ainsi que Pierre Mainville, conseiller indépendant dans l’arrondissement de Ville-Marie, vient de prendre la décision de se joindre à l’équipe de Projet Montréal. Ayant quitté l’équipe de Benoit Labonté en décembre dernier, le principal intéressé faisait cavalier seul depuis. Ce nouveau coup porte le nombre des élus de Projet Montréal à trois.

Conseiller indépendant du district de Sainte-Marie-Saint-Jacques, dans l’arrondissement de Ville-Marie, Pierre Mainville est un joueur qui affirme se sentir solidaire des intérêts de ses concitoyens. Joint au téléphone, M. Mainville affirme qu’il a quitté l’équipe de Vision Montréal en raison du peu d’empressement de Benoit Labonté de se battre pour l’intégrité de l’arrondissement en juin 2008. À cette époque, le gouvernement Charest avait pris la décision d’abolir le poste de maire de cet arrondissement dans le cadre de sa loi 22, qui avait soulevé la controverse. Donc, à compter de novembre prochain, c’est le futur maire de la métropole qui présidera aux destinées du principal arrondissement du centre-ville de Montréal.

S’il admet que les postes de maire d’arrondissement sont des obstacles à l’efficacité de l’appareil municipal, Pierre Mainville estime que le gouvernement provincial aura «fait preuve d’un déni de démocratie en privant à coup de loi spéciale les citoyens de son arrondissement du droit d’élire une partie de leurs propres conseillers». Le conseiller Mainville demeure lui-même dans le secteur et dit bien connaître les problèmes qui sont propres à un arrondissement qui compte autour de 80 000 citoyens. Il estime que l’équipe de Projet Montréal est la seule à même d’attaquer les vrais problèmes de front.

Un centre-ville coupé en deux

Le centre-ville de Montréal semble souffrir d’un dédoublement de personnalité. En effet, plusieurs observateurs de la scène municipale constatent l’hiatus qui ne fait que s’amplifier entre le secteur des affaires et les quartiers plus populaires à l’est de l’arrondissement. Pierre Mainville tient, fort à propos, à nous rappeler qu’«à l’ouest de la rue Amherst c’est la ville centre qui s’occupe de l’entretien des voies artérielles. Dans la portion est, l’arrondissement doit compter sur un budget réduit pour s’occuper de la réfection et de l’entretien d’un grand nombre de petites rues qui ne paient pas de mine».

Par ailleurs, la portion est de l’arrondissement souffre d’une congestion autoroutière provoquée par une circulation de transit qui provient du pont Jacques-Cartier ou de l’autoroute Ville-Marie. Depuis quelques décennies, les pouvoirs publics ambitionnent de réhabiliter les zones en friche du centre-ville afin de ressouder le Vieux-Montréal (portion sud) avec le centre des affaires (plus au nord). Toutefois, l’autoroute Ville-Marie coupe toujours la métropole en deux, ce qui ne favorise pas la mise en place des nouvelles stratégies en faveur des transports alternatifs adoptés par l’administration Tremblay. Faisant cause commune avec les visées de Projet Montréal, Pierre Mainville soutient qu’«il est urgent de dégager la voie ferrée qui bloque l’accès vers le fleuve Saint-Laurent, à l’est du Vieux-Montréal».

Un secteur en déclin

Le district de Sainte-Marie-Saint-Jacques, selon plusieurs études en développement urbain, représente un des secteurs urbains les plus pauvres au Canada. C’est ce qui a amené la ville de Montréal à signer, en 1999, une entente cadre avec le gouvernement du Québec destinée à cibler les secteurs les plus pauvres de la métropole. Une approche de bonification du domaine et des équipements publics aura été proposée par la suite.

Finalement, en 2002, lors du Sommet de Montréal, les deux paliers de gouvernement se tendaient la main afin de mettre en branle des moyens d’action propres à combattre la pauvreté et l’exclusion dans ce secteur populaire. Pierre Mainville se désole d’habiter dans «un secteur qui était prospère avant et qui a subi un net déclin avec toutes les démolitions qui ont eu lieu au sud de la rue Notre-Dame».

Ayant fait pas mal de porte-à-porte l’été dernier, le conseiller Mainville dit avoir constaté l’intérêt des jeunes électeurs envers Projet Montréal et leur parti pris en faveur du développement durable. Il souhaite que cette élection municipale soit une première, ouvrant la porte du pouvoir à un mouvement de troupes nettement plus progressiste que ceux qui l’ont précédé. Se disant préoccupé par le sort de ses concitoyens, il souligne qu’«il faudra continuer à travailler au niveau des parcs et des espaces publics, sans oublier la sécurité des gens dans plusieurs secteurs. Ajoutant qu’il y a beaucoup trop de circulation de transit aux abords du pont Jacques-Cartier». En bref, ce n’est pas le travail qui manque en termes de mise à niveau des anciens faubourgs ouvriers qui composent le tissu urbain de la portion est de l’arrondissement Ville-Marie.

Une lutte sur le terrain

Pierre Mainville ne fait plus cavalier seul sur le terrain miné de la politique municipale. Il pourra compter sur une équipe qui possède des assises dans plusieurs arrondissements périphériques au centre-ville de Montréal. Notre interlocuteur est persuadé que «plus de gens iront voter en raison des enjeux en lice, dans un contexte où la génération montante en a plus qu’assez de l’incurie municipale».

Par ailleurs, le district de Sainte-Marie-Saint-Jacques sera coupé en deux lors des élections de novembre 2009. C’est ainsi que Benoit Labonté pourrait affronter Pierre Mainville dans le nouveau district de Sainte-Marie.

La situation pourrait se corser dans l’arrondissement Ville-Marie. En effet, deux gros canons de l’administration Tremblay, Catherine Sévigny et Sammy Forcillo, respectivement conseillers des districts de Peter-McGill et de Sainte-Marie-Saint-Jacques, veillent au grain dans leur fief respectif. L’actuel maire de l’arrondissement de Ville-Marie ne pourra plus compter seulement sur sa notoriété médiatique, il devra affronter les troupes adverses sur le terrain des luttes de quartier.