Risque d’inflation ou de stagflation ?

Écrit par Patrick C. Callewaert, La Grande Époque
26.06.2009
  • Avec une hausse des prix de 1 % sur les quatre derniers mois, l’inflation est repartie sur un rythme annuel supérieur à 2 %.(Patrick C.Callewaert/La Grande Époque)(攝影: / 大紀元)

L’indice des prix annuel pour le mois de mai 2009 est pour la première fois depuis longtemps négatif à - 0,3 %. Autrement dit, sur les 12 mois écoulés, les prix en France ont baissé en moyenne de 0,3 %. Cette annonce vient à point nommé pour redonner un peu de moral aux ménages français, qui depuis maintenant un an assistent aux destructions massives d’emploi et voient leur pouvoir d’achat s’éroder durablement. La cause majeure de cette baisse des prix de 0,3 % en glissement annuel vient cependant de la chute vertigineuse des prix des matières premières sur le second semestre 2008, et du pétrole en particulier, qui s’est petit à petit répercuté dans les produits finis.

Hausse des prix de 1 % sur les quatre derniers mois

Cette annonce ne doit cependant pas occulter le fait que les prix des matières premières sont repartis progressivement à la hausse depuis maintenant plusieurs mois. Le pétrole en particulier, qui avait atteint un point haut à 150 dollars le baril en juillet 2008 pour s’effondrer à 35 dollars en février 2009, est déjà remonté à 71 dollars le 12 juin 2009. Ceci se traduit par une reprise de la hausse des prix dès le mois de février, avec un total de + 1 % sur les quatre derniers mois. L’inflation est donc déjà repartie sur un rythme annuel supérieur à 2 %, rythme qui correspond aux anticipations actuelles sur les marchés financiers. Comme les entreprises font actuellement un maximum d’efforts pour retrouver leurs marges en limitant la hausse des salaires, on peut déjà imaginer que la brève reprise de la consommation enregistrée fin 2008 ne reprendra pas de sitôt. Cette tendance à la hausse des prix est identique dans la plupart des pays occidentaux, au point que de nombreux économistes commencent à s’inquiéter d’un retour de l’inflation.

L’inflation, une arme indolore pour alléger le poids de la dette

Plusieurs facteurs en effet se conjuguent à l’augmentation des prix des matières premières et concourent à renforcer l’inflation. Tout d’abord, pour éviter une chute du système bancaire, les banques centrales ont été contraintes d’injecter des liquidités énormes sur les marchés financiers, et n’ont pu y parvenir qu’en créant massivement de la monnaie. Ainsi, la banque centrale européenne a augmenté son bilan de 50 % et la banque centrale américaine l’a plus que doublé. Par ailleurs, les plans de relance des pays industrialisés, américain en particulier et européen dans une moindre mesure, ont entraîné d’énormes déficits budgétaires des États, à un niveau compris entre 7 et 9 % du produit intérieur brut (PIB). Le financement de ces dépenses entraîne inéluctablement une augmentation des dettes gouvernementales, qui passent en moyenne de 75 % du PIB à plus de 100 %, c’est à dire à un niveau difficilement supportable à long terme.

Les États très endettés comme les Etats-Unis, la France ou la Grande-Bretagne seront donc contraints à brève échéance d’alléger le poids de leur dette. La façon la plus simple d’y parvenir est de laisser l’inflation s’installer, en la contrôlant pour éviter qu’elle ne se transforme en hyperinflation. En effet, avec une inflation annuelle à 3 % pendant cinq ans, on allège mathématiquement le poids de la dette de près de 16 %. Comme de surcroît l’inflation touche toute la population proportionnellement à son mode de consommation, elle peut passer pour une mesure à caractère plus indolore et plus égalitaire qu’une augmentation des impôts. Les prochaines élections présidentielles françaises auront lieu dans trois ans à peine. Le Gouvernement sera donc fortement tenté de choisir l’inflation pour alléger sa dette.   

Sans croissance, risque de stagflation

Cette politique ne pourra réussir que si la croissance économique reprend, à un rythme supérieur à l’inflation. Or le PIB de très nombreux pays qui était négatif en 2008 le restera en 2009, alors que l’inflation aura déjà repris. Par ailleurs, beaucoup d’économistes pensent actuellement que la croissance ne repartira pas au mieux avant 2010, et il n’est pas certain qu’elle profite d’abord aux salariés des pays développés. En d’autres termes, si la croissance n’est pas au rendez-vous ou bien si elle n’est pas suffisamment vigoureuse, nous entrerons très certainement dans une période de stagflation, ce qui n’est pas bon pour l’emploi, car l’absence de croissance est synonyme de destruction d’emplois. Malheureusement, le chômage qui s’accroît au rythme de 3.000 personnes par jour en France est déjà remonté à un niveau difficilement acceptable par la population.

  • Avec une hausse des prix de 1 % sur les quatre derniers mois, l’inflation est repartie sur un rythme annuel supérieur à 2 %.(Patrick C.Callewaert/La Grande Époque)(攝影: / 大紀元)