Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

La mairesse Fotopulos quitte son fief du Plateau-Mont-Royal

Écrit par Patrice-Hans Perrier, La Grande Époque - Montréal
28.06.2009
| A-/A+
  • Richard Bergeron (gauche) et Luc Ferrandez (droite) de Projet Montréal(攝影: / 大紀元)

L’arrondissement du Plateau-Mont-Royal représente, peut-être, un cas d’espèce dans le domaine politique. C’est dans cet ancien secteur ouvrier que les troupes du Rassemblement des Citoyens de Montréal (RCM) avaient mis en branle un militantisme faisant grand cas de la défense du patrimoine et de la gestion participative. Trois décennies plus tard, le quartier s’est embourgeoisé au point que certains le comparent avec le chic SoHo de New York. Néanmoins, plus de 35 % de sa population doit survivre avec des revenus sous le seuil de la pauvreté. Un arrondissement hors norme qui suscite pas mal de convoitise chez la classe politicienne.

Fort curieusement, alors que l’évaluation foncière des immeubles demeure bien au-delà de la moyenne sur l’île de Montréal, l’arrondissement cumule un déficit de plus de quatre millions de dollars. Certains parlent d’une gestion erratique dans un contexte où sa directrice générale, Johanne Falcon, ferait preuve de dirigisme à telle enseigne que certains fonctionnaires ont porté plainte à l’ombudsman de Montréal.

Donnant raison à la partie plaignante, l’ombudsman, Me Johanne Savard, aurait constaté de graves problèmes de transparence dans la gestion des affaires courantes de l’arrondissement. Par ailleurs, toute une batterie de vérifications administratives ont été mises en branle par l’enquêteur de la ville centre, Me Alain Bond.

Pas les moyens de ses ambitions

Certaines sources de renseignement affirment que, hormis le manque de souplesse de la direction générale, c’est plutôt la mairesse Fotopulos qui devrait être montrée du doigt dans le contexte où les arrondissements du centre-ville feraient les frais d’une gestion de la dotation privilégiant certaines anciennes villes fusionnées en périphérie. C’est ainsi que Ville Saint-Laurent, devenue un arrondissement depuis juin 2004, recevrait une part plus que substantielle de l’argent des taxes collecté par la ville centre.

Or, étant membre du comité exécutif de la Ville de Montréal, Mme Fotopulos aurait fermé les yeux face à une redistribution du pactole qui défavorisait son fief. Le nouveau venu à la course à la mairie d’arrondissement, Luc Ferrandez, affirme que la récession a fait en sorte de faire fondre la généreuse réserve de la Ville de Montréal (estimée à environ 800 millions de dollars à la fin de l’été 2008). Cette situation serait responsable, en partie, des compressions qui ont frappé durement l’arrondissement de 100 000 âmes. Qui plus est, le nouveau candidat de Projet Montréal constate que l’équipe de Mme Fotopulos a gardé le silence chaque fois que la ville centre effectuait des compressions budgétaires.

Ici, il serait utile de rappeler que c’est la Ville de Montréal qui distribue aux arrondissements les sommes nécessaires à leurs opérations courantes et aux services de proximité. Une situation qui fait dire à plusieurs que les arrondissements agissent comme des mini-mairies disposant de budgets insuffisants eu égard aux ambitions de certains politiciens désireux de tirer leur épingle du jeu.

Crise qui fait tache d’huile

Il semblerait que les problèmes de gouvernance affectent cet arrondissement central depuis plusieurs années. En tous cas, au plus fort de la crise, en mai dernier, la conseillère Josée Duplessis quittait le parti de la mairesse Fotopulos pour se joindre à l’équipe de Projet Montréal. La conseillère transfuge aurait avisé le maire Tremblay des problèmes de gouvernance frappant l’arrondissement il y a belle lurette… le premier magistrat de la métropole ne sachant plus trop à quel saint se vouer. Outre le sous-financement récurent, une lutte de tous les instants opposerait les instances administratives aux représentants politiques qui siègent au conseil d’arrondissement.

Toujours est-il que la mairesse Fotopulos vient d’annoncer qu’elle ne se représentera pas pour un nouveau mandat en novembre. C’est le conseiller d’arrondissement Michel Labrecque qui prendra le relais pour le compte d’Union Montréal. Ce dernier, aussi président de la Société de Transport de Montréal (STM), aurait été pressenti pour succéder à Mme Fotopulos en raison de ses positions tranchées en faveur du développement durable et des transports alternatifs. Un choix stratégique pour contrer la montée du jeu de puissance de l’équipe de Projet Montréal dans l’arrondissement.

Arrondissement qui étouffe

Déjà, en 1999, le citoyen Ferrandez organisait une rencontre, dans le sous-sol d’un monastère du Plateau, afin de fédérer l’opinion publique autour de la problématique de la circulation automobile de transit. En effet, dans un document intitulé Portrait et diagnostic des déplacements, rendu public le 27 février 2008 et commandé par l’arrondissement, on reconnaissait que pas moins de 550 000 déplacements seraient le fait d’automobilistes en transit. Donc, un déplacement automobile sur deux. Un constat qui frappe l’imagination alors que les citoyens du Plateau possèderaient moins d’autos par personne (0,63 voiture par foyer) comparativement à l’ensemble de la région montréalaise (0,91 voiture par foyer).

La nouvelle recrue de Projet Montréal affirme que le temps n’est plus aux pétitions de principe. Il faudrait, s’il faut en croire M. Ferrandez, mettre en branle toute une batterie de mesures d’apaisement de la circulation. Reconnaissant les efforts de la mairesse Fotopulos – cette dernière ayant pris la courageuse décision d’aménager des dos d’âne sur la rue Hutchison ou de réaménager complètement l’avenue Bernard – il affirme que les responsables de la gestion des infrastructures viaires à la ville centre ne comprennent toujours pas la nouvelle donne. Spécialiste en gestion organisationnelle, Luc Ferrandez estime que l’actuel déficit ne devrait pas être un frein à l’implantation de mesures proactives en faveur des piétons et des transports alternatifs.

Ce dernier tient aussi à saluer les initiatives de l’équipe Fotopulos en faveur de la piétonisation graduelle de l’avenue Mont-Royal. Il faudrait rappeler qu’en mai 2008, l’arrondissement du Plateau Mont-Royal présentait aux citoyens un Plan de déplacement urbain (PDU) qui prévoyait réorganiser la circulation d’une artère commerciale qui fait vivre un nombre important de commerces et qui contribue à favoriser cette ambiance nocturne qui a fait la réputation du Plateau.

{mospagebreak}

Exode qui se poursuit

Dans un contexte où la location d’un simple appartement de quatre pièces et demie peut commander plus de 1200 $ par mois, plusieurs gagne-petit sont condamnés à un exil forcé. Ferrandez et son équipe n’hésitent pas à répéter que «la population de ce quartier souhaite depuis des années un Plateau plus humain, plus ouvert […] qui favorise le voisinage, la rencontre et la mixité […]». Mais il y aurait loin de la coupe aux lèvres, alors que la qualité de vie du quartier se détériore à la vitesse Grand V. Le principal intéressé fait remarquer qu’à l’époque du maire Doré, les édiles ne replantaient pas les arbres décimés en raison des coûts occasionnés par leur présence lors des opérations de déneigement. C’est ce qui explique que les îlots de chaleurs se seraient multipliés en l’espace de quelques décennies, alors que «même les cours d’école sont utilisées en guise de stationnements pour les automobiles», souligne-t-il.

Le premier plan d’urbanisme de la Ville de Montréal (1992) faisait, déjà, la lumière sur la problématique des îlots de chaleur, de la circulation de transit ou le manque de sécurité des piétons. Toutefois, s’il faut s’en fier aux membres de Projet Montréal, rien de substantiel n’aurait été entrepris. Le challenger Ferrandez dénonce une culture de la consultation publique et des études qui ne feraient que reporter aux calendes grecques les véritables solutions pour venir à bout d’une incurie qui hypothèque grandement la qualité de vie d’un arrondissement pourtant cité comme un «havre de quiétude».

Ferrandez estime qu’«il devient urgent de préserver le parc immobilier de la ville en vue de mettre en branle de nouvelles initiatives en termes de création de logement social». Par ailleurs, plusieurs organismes à but non lucratif (OBNL), tels que des coopératives de logement, pourraient être mis à contribution dans le cadre d’opérations de revitalisation des zones en friche qui bordent les limites nord et est de l’arrondissement.

Notre interlocuteur souligne que la Corporation de développement économique et communautaire (CDE) Centre-Sud/Plateau Mont-Royal met de l’avant une stratégie qui a identifié des pôles d’emploi à développer. «Nous aurions intérêt à nous inspirer du projet Angus, dans le quartier de Rosemont, histoire de préserver les dernières petites industries du secteur et de créer des milieux de vie propices aux familles», conclut-il.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.