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Vingt ans après Tiananmen, le régime chinois cache toujours la vérité

Écrit par Gary Feuerberg, La Grande Époque
03.06.2009
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  • Des milliers d'étudiants font face à des soldats(Staff: CATHERINE HENRIETTE / 大紀元)

WASHINGTON – Le mouvement démocratique chinois et les espoirs de réformer le régime communiste ont volé en éclats le 4 juin 1989, lors du massacre de la place Tiananmen. L'information concernant cet évènement demeure cachée par les autorités, soucieuses de ne pas révéler l'ampleur du désastre.

Alors que le 20e anniversaire de ce drame arrive à grands pas, plusieurs individus en Chine et à l'extérieur qui ont été directement affectés par la tragédie sont allés de l'avant en demandant que lumière soit faite. Ils cherchent aussi à obtenir un appui de la nouvelle administration américaine.

«Je suis ici pour rappeler au gouvernement et au peuple américain que la dictature communiste qui a ruiné mes jambes et enlevé la vie de milliers de civils innocents, un certain matin de juin 1989, est le même régime qui est au pouvoir aujourd'hui», plaide Fang Zheng, qui, en tentant de quitter la place Tiananmen ce soir-là, s'était fait écraser les jambes par un tank.

M. Fang s'exprimait lors d’une conférence de presse le 18 mai 2009 au Capitole de Washington, commanditée par l'organisation des droits de l'homme, Initiatives for China. Fang Zheng est l'un des deux survivants du massacre de Tiananmen ayant été invités à partager leurs expériences et leurs opinions au sujet du régime communiste actuel.

En Chine, il est interdit de discuter librement avec les médias des évènements de Tiananmen et les médias chinois évitent le sujet. L'incident est également censuré sur Internet, l'un des plus contrôlés de la planète.

  • Des milliers d'étudiants participent à une manifestation(Staff: CATHERINE HENRIETTE / 大紀元)

M. Fang était accompagné du Dr Yang Jianli, qui à l'époque faisait carrière en mathématiques à l'université de Californie, Berkeley. Lorsque les manifestations pour la démocratie sur la place Tiananmen ont débuté, il a décidé de se rendre en Chine pour y participer. Il est arrivé à temps pour témoigner du massacre de «milliers, [par la bouche] des fusils et tanks de l'armée chinoise», selon sa biographie. Il a réussi à revenir aux États-Unis, évitant de peu l'arrestation. Plusieurs années plus tard, en 2002, alors qu'il visitait la Chine, le régime l'a mis en prison pour cinq ans. C'est suite à sa libération en 2007 qu'il a fondé l'ONG Initiatives for China.

4 juin : ordre de tuer

Le congressiste Chris Smith, participant à l'activité au Capitole, rappelle que des centaines de milliers de manifestants s'étaient rassemblés en mai 1989 – sur la place Tiananmen et ailleurs – pour exprimer leur souhait d'obtenir des réformes démocratiques pacifiques. Des cadres au sein du Parti communiste sympathisaient avec la cause. Ils s’étaient rendu compte que le règne communiste était une tragédie pour des millions de Chinois, dont les vies ont été détruites par les famines, les révolutions culturelles et le contrôle social totalitaire.

«Mais nous savons ce qui est arrivé. Jiang Zemin [haut cadre du Parti à l'époque et dirigeant par la suite] a tassé les réformistes, nettoyé la place Tiananmen avec des tanks et a fait feu et tué des milliers de manifestants pacifiques», affirme M. Smith.

Le congressiste Smith a cité le général Chi Haotian, ex-ministre de la Défense de la République populaire de Chine, qui a commandé les soldats qui ont tué et estropié les manifestants démocrates.

  • Des manifestants pro-démocratie(Staff: CATHERINE HENRIETTE / 大紀元)

Le général chinois a affirmé que «pas une seule personne n'a perdu la vie sur la place Tiananmen» et que l'armée chinoise n'a fait rien de plus que «pousser les gens».

Des témoins oculaires rendent une version bien différente des faits. Fang Zheng mentionne qu'il était sur la place lorsque la nouvelle s'est répandue vers 22 h.

Le 3 juin, les soldats tiraient sur la place de toutes directions. Une étudiante de son école qu'il a reconnue était près de lui et était très effrayée, particulièrement lorsqu'une bombe lacrymogène a explosé près d'eux. Il a senti qu’il devait la protéger et l'escorter en lieu sûr.

Les soldats avaient clôturé la zone et il n'y avait qu'une seule issue. Alors qu'ils s’éloignaient en marchant, il a aperçu du coin de l'œil un char d'assaut se dirigeant droit vers eux. Étant incapable de soulever l'étudiante par-dessus la clôture, il l'a rapidement poussée hors de danger, mais il a chuté au sol et le tank est passé sur ses jambes qui ont été sectionnées.

«Ceci est survenu à 800 mètres de la place Tiananmen», explique M. Fang. Les chars pourchassaient les gens qui tentaient de s'enfuir.

M. Fang était sur le point de mourir et saignait abondamment lorsqu'il a été amené d'urgence à l'hôpital. Ses deux jambes ont été amputées, la droite au niveau du haut de la cuisse et la gauche au genou. Il était sur le point d'obtenir son diplôme de l'Université des Sports de Pékin, mais après l'incident, on a refusé de lui remettre son diplôme et de lui assigner un emploi.

 

  • Utilisant un haut-parleur, un étudiant demande aux soldats de retourner chez eux (Staff: CATHERINE HENRIETTE / 大紀元)

Malgré sa condition, il est devenu un champion du lancement du disque et du javelot aux Jeux paralympiques, remportant plusieurs médailles d'or lors des compétitions nationales. Mais lorsque les autorités ont appris comment il est devenu handicapé, elles l'ont disqualifié de la compétition internationale.

Repoussant les tentatives du régime d'acheter son silence avec des offres d'emploi et autres compensations, il était régulièrement harcelé par les autorités communistes et il était difficile pour lui de trouver du travail. Il y a quelques années, M. Fang a émigré aux États-Unis et il habite maintenant San Francisco.

La tragédie de Tiananmen

Ce qui enrage Chris Smith c'est qu'en décembre 1996, le général Chi – qui a affirmé que personne n'a été tué sur la place Tiananmen – a été invité à la Maison-Blanche de Bill Clinton, où il a été accueilli par une salve de 19 coups de canon.

Après 20 ans, le régime chinois continue de répéter qu'il n'y a eu aucune victime alors qu'en réalité, des milliers sont morts et environ 7000 ont été blessés, selon M. Smith.

«Pour contrer ce mensonge monumental, j'ai rapidement mis sur pied et présidé une audience impliquant des témoins oculaires du massacre de la place Tiananmen... incluant un ex-rédacteur du Quotidien du peuple», raconte M. Smith.

  • Une femme blessée(Staff: MANUEL CENETA / 大紀元)

Il a également invité le général Chi et toute personne que le régime aimerait voir témoigner, mais «ils ne se sont pas présentés». Un des témoins ayant livré de nombreux détails est Jian-Ki Yang, vice-président de l'Alliance pour une Chine démocratique.

Jian-Ki Yang a décrit à Chris Smith les horreurs de Tiananmen.

«J'ai vu des soldats sortir des camions et commencer à tirer à l'arme automatique sur les gens. Chaque fois qu'ils tiraient, trois ou quatre personnes étaient touchées et, chaque fois, la foule se couchait au sol... J'ai vu treize personnes tuées. Nous avons vu quatre chars d'assaut venant de la place et ils roulaient très vite. Les deux chars du devant pourchassaient les étudiants. Ils ont écrasé les étudiants. Tout le monde criait. Nous avons compté onze corps.»

Le chef du bureau de Pékin de Time Magazine, David Aikman, a partagé à M. Smith : «Des enfants ont été tués alors qu'ils tenaient la main de leurs mères. Un garçon de neuf ans s'est fait tirer sept ou huit fois dans le dos.»

Au début des années 1990, le congressiste Chris Smith accompagné de son collègue, Frank Wolf, ont visité une prison de Pékin où ils ont vu 40 détenus de la place Tiananmen. Pour avoir «pacifiquement demandé la liberté au gouvernement», ils ont payé un gros prix. «Ils ressemblaient aux squelettes vivants d'Auschwitz», remarque M. Smith.

Répression en cours

  • Un résidant de Pékin(Staff: MANUEL CENETA / 大紀元)

On rapporte qu'à la veille de l'anniversaire du 4 juin 1989, les autorités chinoises ont resserré les contrôles et elles harcèlent davantage les dissidents.

L'un d'eux, Bao Tong, aurait été sorti de Pékin pour une «promenade» et devrait revenir chez lui le 7 juin. Il était l'assistant du secrétaire général du Parti communiste, Zhao Ziyang, en poste lors des évènements de Tiananmen. Le réformiste Zhao sympathisait avec les étudiants et, en raison de cela, lui et Bao Tong ont été placés en résidence surveillée. Zhao y est décédé en 2005.

Bao Tong a déclaré à l'AFP qu'il estime que le régime actuel ne rendra jamais justice aux victimes.

Tiananmen «a eu un impact vraiment négatif. La Chine est devenue un pays sans voix... un pays dans lequel personne ne peut demander l'équité», a-t-il dit.

Il pointe également du doigt la communauté internationale qui est, selon lui, incapable de faire pression sur la Chine.

«Un gouvernement qui n'est pas responsable envers sa propre population ne peut être responsable envers le reste du monde», estime-t-il.

Bao Tong vient tout juste de publier les mémoires secrètes de Zhao Ziyang, Prisoner of the State, soit une petite bombe pour Pékin.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.