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Crise économique : les Français plébiscitent l’auto-entreprise

Écrit par Patrick C.Callewaert
08.06.2009
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  • Hervé Novelli, le secrétaire d’État chargé du Commerce, de l’Artisanat, des PME, du Tourisme et des Services.(Stéphane de Sakutin/ AFP/Getty Images)(Stringer: STEPHANE DE SAKUTIN / 2008 AFP)

Le nombre de chômeurs se maintenait à un plancher de 2 millions de mars à août 2008, mais il a fortement augmenté depuis 7 mois, et s’est encore accru en mars 2009 de 63.400 personnes. Le nombre de personnes inscrites à Pôle Emploi (organisme issu de la fusion entre l’ANPE et l’ASSEDIC) en catégorie A (chômeurs sans aucune activité sur la période considérée, et ayant fait preuve d’actes positifs de recherche d’emploi), s’établit à fin mars à 2.466.500 personnes, soit plus de 8,5 % de la population active.

Près de 4 millions de personnes en recherche d’emploi en France

La crise a tout d’abord frappé le secteur industriel, automobile en particulier, mais gagne maintenant ceux de la construction, de l’immobilier, de l’intérim et s’étend progressivement à l’ensemble du monde économique. Le besoin de main-d’œuvre est également en forte baisse : alors que 23,4 % des employeurs envisageaient de recruter il y a un an, ce taux est tombé à 16,9 % en mars 2009. La hausse du chômage est donc durable et la vague est telle qu’elle pourrait bien d’ici à la fin de cette année effacer d’un trait l’ensemble des gains obtenus depuis 2005.

Cependant, pour mieux se rendre compte de la réalité du phénomène en France, il est nécessaire de tenir compte des chômeurs inscrits en catégories B et C à Pôle Emploi (chômeurs tenus également de faire des actes positifs de recherche d’emploi, mais ayant exercé une activité partielle au cours de la période considérée), lesquels représentent 1.032.000 personnes à fin mars 2009. De même pour ceux inscrits à Pôle Emploi en catégories D (chômeurs en formation) et E (chômeurs bénéficiant de contrats aidés), dont le nombre se monte à 432.000. Ainsi, la France compte maintenant près de 4 millions de personnes en recherche d’emploi, toutes catégories confondues.

Hausse paradoxale des créations d’entreprises

Parallèlement cependant, les créations d’entreprises en France, qui se montaient à 200.000 seulement en 1998, sont en hausse constante depuis près de 10 ans et ont atteint le nombre record de 327.396 en 2008. Les dernières statistiques de l’INSEE, rendues publiques le 22 avril dernier, confirment ce décollage depuis le début de l’année, malgré les sombres pronostics pour 2009. Après des mois de janvier et février en très nette hausse, le nombre de nouvelles entreprises atteint un nouveau sommet de 47 121 en mars 2009. Par comparaison avec les trois premiers mois de 2008, c’est-à-dire avant la crise financière de l’automne dernier, les créations d’entreprises sont en hausse cumulée de 43 %, ce qui est pour le moins paradoxal.

Selon les commentaires de l’INSEE, l’origine de cette hausse est sans nul doute liée à la création des auto-entreprises, et les secteurs y contribuant le plus sont ceux de la communication, des activités de services et du commerce. Avec la récente Loi de Modernisation de l’Économie (dite loi LME) et l’institution le 1er janvier dernier du statut d’auto-entrepreneur, le gouvernement visait 200.000 auto-entrepreneurs en 2009, mais on en enregistre déjà 120.000 à fin mars, de sorte que l’objectif sera rapidement atteint. Parmi ces nouveaux entrepreneurs, 70 % sont des hommes, en moyenne âgés de 40 ans, mais on y trouve également 8 % de retraités et 21 % de moins de 30 ans. Et, fait nouveau depuis 2008, près de la moitié des créateurs d’entreprises sont des chômeurs.

Un profond changement de mentalité des Français

La satisfaction affichée par le gouvernement sur le front des créations d’entreprises et du statut d’auto-entrepreneur ne permet évidemment pas de contenir la hausse continue du chômage. Cependant, quelles que soient les raisons qui conduisent les Français à y adhérer, le nouveau statut d’auto-entrepreneur est incontestablement un succès. Lors du lancement de ce projet en janvier 2009, le secrétaire d’État chargé du Commerce, de l’Artisanat, des PME, du Tourisme et des Services, Hervé Novelli, avait misé sur l’idée suivante : «Les Français ont des projets et de l’énergie, le devoir du Gouvernement c’est de lever les freins qui pouvaient les empêcher d’entreprendre, car tous ces entrepreneurs en devenir sont de formidables réservoirs de croissance et d’emplois». Il a maintenant raison de pavoiser : le statut d’auto-entrepreneur représente en effet pour la plupart des gens un moyen simple de compléter son revenu, mais aussi celui de le maintenir partiellement en cas de chômage, voire de tenter l’aventure de l’entreprise avant de se retrouver au chômage, ou mieux encore de reprendre pied progressivement lorsqu’on est déjà au chômage. De plus, même si des interrogations subsistent quant aux aspects fiscaux ou si l’Union Professionnelle des Artisans exprime des inquiétudes quant aux risques de distorsion de la concurrence, la simplicité administrative qui l’accompagne est une des clés de son succès.

Par comparaison avec les années 1990, où la résignation et la recherche de protection de l’État étaient de mise face à un chômage qui paraissait insurmontable, les années 2000 témoignent d’un profond changement de comportement d’une partie des Français, notamment chez les jeunes et les chômeurs. Plébiscitant les nouveaux moyens mis à leur disposition par le Gouvernement, ils ont visiblement compris que l’ère de l’Etat-Providence était révolue et qu’il était indispensable d’accroître son autonomie personnelle pour préserver son emploi dans les années à venir.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.