Persécutée dès son enfance

Écrit par Rémi Bleibtreu, La Grande Époque - Paris
19.07.2009

  • Liang Yan est née en 1986. Elle n’avait que 13 ans quand la persécution a commencé en 1999.(攝影: / 大紀元)

Liang Yan est née en 1986. Son père, Liang Lijin et sa mère Yang Xiuqin sont pratiquants de Falun Gong. Avant la persécution, elle accompagnait sa mère avec joie pour pratiquer les exercices.

 

LGE: Comment a commencé la persécution ? 

Liang: En avril 1999, de nombreux policiers ont soudain fait irruption chez nous. Ils m’ont questionnée mais peu après, quelques compagnons de pratique sont arrivés. Les policiers ont commencé à enregistrer leurs noms. Ils ont fait de même sur notre site de pratique. En juin, les policiers nous ont interdit d’aller sur le site de pratique. Quelques jours plus tard, de nombreux policiers sont venus chez nous pour nous harceler. Comme ma mère amenait le lecteur de cassettes chaque matin sur le site de pratique, les policiers l’ont accusée d’être la coordinatrice et ont commencé à la surveiller.  

 

LGE: Comment avez-vous réagi?

Liang:  Le 20 juillet 1999, le PCC a commencé la répression de tous les côtés. Ils ont arrêté les pratiquants à grande échelle. Ma mère est allée faire appel pour le Falun Gong au gouvernement de Fushun et voulait dénoncer la persécution et expliquer que la pratique est bénéfique aussi bien pour les gens que pour le pays. Elle voulait les persuader de libérer nos compagnons de pratique qui étaient détenus là-bas. Les policiers ont arrêté ma mère et l’ont libérée après minuit. Le jour suivant, ils ont fouillé notre maison. Ils ont emmené tout le matériel. Je ne savais pas ce qui se passait et j’avais si peur que je me suis réfugiée dans les bras de ma mère. 

 

LGE: Le Falun Gong était connu, comment le peuple a-t-il pu accepter cette persécution?

Liang: Le gouvernement a utilisé une propagande calomnieuse pour que les gens rejettent le Falun Gong. Par exemple, ma mère me disait que la chaîne CCTV avait rapporté qu’un mineur de Fushun, dans la province de Liaoning, avait refusé de prendre des médicaments parce qu’il pratiquait Falun Gong et est ensuite décédé. Ma mère et un autre compagnon de pratique pensaient que ce rapport était faux, que c’était pour calomnier Falun Dafa. Ils ont décidé de vérifier les faits de cette histoire et ont découvert que ce n’était pas vrai. L’épouse de la personne décédée a montré à ma mère un reçu de l’hôpital, qui disait que le jeune frère de la personne décédée avait monté l’affaire pour calomnier Falun Gong, parce qu’il voulait soutenir les dirigeants du parti communiste chinois. À cause de cette découverte ma mère a été de nouveau arrêtée et interrogée pendant une journée. Lorsqu’ils l’ont relâchée, ils lui ont dit qu’il lui était interdit de contacter ou de rencontrer d’autres pratiquants. Après cela, ils sont souvent venus à notre domicile et nous ont harcelées. Chaque jour, ils envoyaient quelqu’un pour nous surveiller. 

 

LGE: Votre mère s’est-elle alors résignée?

Liang: non, en septembre 1999, ma mère est allée à Pékin faire appel au nom du Falun Gong et clarifier la vérité. Elle m’a ramené deux cartons de nouilles, m’a laissé 300 yuans et m’a dit qu’elle ne savait pas quand elle pourrait revenir. J’ai pleuré pendant toute une journée et toute une nuit. Je savais qu’elle était en train de faire une bonne chose. Dafa était diffamé. Notre Maître était illégalement listé comme personne ‘recherchée’. Nous devions sauvegarder Dafa et clarifier les faits pour que tous ceux qui le souhaitent puissent en bénéficier. Je devais soutenir ma mère, je l’ai donc accompagnée à la gare. Je pleurais en marchant, ignorant quand elle reviendrait.

 

LGE: Que vous est-il arrivé?

Liang: Je ne comprenais pas pourquoi être bon nous valait d’être arrêtés et surveillés. Depuis le jour où la persécution de Falun Dafa a commencé, la paix a quitté notre foyer. Le commissariat a entraîné les voisins à raconter des histoires derrière notre dos et à nous regarder de haut. Les dirigeants et les enseignants de mon école me faisaient souvent venir pour parler avec eux. Je passais chaque pause entre les cours dans le bureau d’un professeur. Mes copains de classe, qui étaient jusque là de bons amis, ont commencé à m’éviter. Moi qui étais d’habitude joyeuse et optimiste, je suis devenue déprimée et ne voulais plus parler à personne. Je n’avais plus que des larmes et la solitude dans ma vie. 

 

Après que ma mère soit partie à Pékin, mon père a dû trouver un deuxième emploi pour faire vivre la famille. Je pleurais souvent jusque tard dans la nuit avant de m’endormir. Un mois plus tard, j’ai finalement reçu des nouvelles de ma mère. Elle avait été arrêtée et envoyée en prison. Ma grand-mère, mon oncle, ma tante, quelques autres proches, et moi-même, sommes allés lui rendre visite. Nous avons vu qu’elle avait beaucoup maigri et je l’ai à peine reconnue. Je ne pouvais pas m’arrêter de pleurer. 

 

Je ne voulais pas voir les regards froids et étranges de mes compagnons de classe. Je ne voulais plus entendre les dirigeants de l’école me demander de couper les liens avec ma mère. Je détestais aller à l’école. Je détestais voir les visages froids de mes copains et de mes professeurs. Je ne pouvais plus supporter une telle pression mentale et je me suis presque effondrée. Ma seule option était d’arrêter d’aller à l’école. Pendant ces journées, à part me rendre au camp de travaux forcés Masanjia pour rendre visite à ma mère, je ne faisais presque rien.

 

LGE:Votre mère a encore été arrêtée à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’elle puisse quitter le pays. À ce moment, votre père a aussi été arrêté et toute la famille a eu des problèmes car la police cherchait votre mère, qu’est-ce que vous avez fait?

Liang: Les policiers venaient constamment chez nous pour nous harceler et disaient qu’ils allaient m’arrêter. Je n’osais pas rentrer à la maison. Je ne pouvais aller nulle part et je devais errer dans les rues. Je ne pouvais pas voir mes proches ni rentrer à la maison. J’ai dû trouver un emploi pour survivre. J’ai dû vivre sans abri alors que je n’avais que 16 ans. À cause des mensonges du gouvernement, de nombreux Chinois ne connaissaient pas la vérité. Dans certains endroits, les gérants de magasins étaient très méchants. Lorsqu’ils ont vu que je cherchais un emploi à un si jeune âge et ont compris que j’étais une pratiquante de Falun Gong, ils ne m’ont pas donné d’argent pour le travail que j’avais effectué et m’ont chassée. 

 

L’histoire se termine bien pour Liang et sa famille car ils ont tous pu quitter le pays mais beaucoup n’ont pas cette chance et sont toujours les victimes de cette persécution absurde.