Placements: prudence sur les actions, mais rendements attractifs sur les obligations

Écrit par Propos recueillis par Hanna Szmytko
20.07.2009

  • Philippe Richard, président de la société Finance Fi (Avec l’aimable autorisation de P.Richard)(攝影: / 大紀元)

Entretien avec Philippe Richard.

 

LGE: Pouvez-vous expliquer en quoi consiste votre métier de l’intermédiation financière?

Philippe Richard: Cette activité consiste à trouver un acheteur et un vendeur afin d’effectuer des opérations en bourse. Les valeurs du marché des actions sont cotées sur un marché électronique et les opérations s’effectuent durant toute la journée, par exemple à Paris entre 9h et 17h30. Sur d’autres marchés, comme les obligations par exemple, il n’existe pas de marché électronique. Aussi, lorsqu’il a un ordre d’achat, l’intermédiaire doit trouver un vendeur et les opérations correspondantes s’effectuent au téléphone. Les intermédiaires offrent des services d’analyse financière ou de conjoncture qui leur permettent de conseiller leurs clients.

 

LGE: La crise financière semble finie avec les bourses qui se portent mieux, le pétrole qui remonte… Comment percevez-vous cette situation de l’optimisme de la sphère financière et la réalité économique?

Philippe Richard: Dire que la crise est finie reste un vœu pieux qui n’est pas forcement réalisable. En fait, depuis mars 2007 les informations souvent trop optimistes ont été en règle générale démenties par la réalité. Au début de la crise les intervenants n’ont pas ressenti l’importance du choc. La crise prenant forme, certains l’ont même niée, et maintenant on pense qu’elle est finie ? Les marchés restent très volatils, ce qui traduit un manque de conviction de la part des intervenants. Le démarrage d’une reprise pourrait se faire par le dynamisme des pays émergents. La difficulté est de savoir si ces pays pourront tirer vers le haut les économies occidentales.

 

LGE: Depuis quelques semaines, les places boursières sont entrées dans une phase d’attentisme et de prudence. Quelles sont vos anticipations quant à leur évolution?

Philippe Richard: Nos anticipations restent prudentes sur le marché des actions. Cependant il est toujours possible d’investir sur le marché des obligations. Les obligations d’entreprises sur une période de 2 à 3 ans offrent des rendements attractifs de l’ordre de 6 % pour un risque limité.

 

LGE: Les entreprises sont venues massivement sur le marché obligataire, alors que celui-ci est surtout réservé aux investisseurs institutionnels. Comment un particulier peut-il participer à ce marché?

Philippe Richard: Depuis le début de l’année les émissions des grandes entreprises (Saint-Gobain, Lafarge, PPR, Schneider….) ont atteint un niveau historiquement élevé en termes de montant émis et procurent actuellement des taux de rentabilité attractifs. Ces obligations sont réservées en grande partie aux institutionnels. En fait le marché obligataire est un marché de «gros». Pour donner une échelle il est possible d’acheter une action comme Alstom pour un montant de 40 euros. Pour les obligations la taille se situe à tout autre niveau de l’ordre de 350.000 euros par ligne d’obligation. Aussi pour les particuliers il est possible de regrouper leurs ordres afin d’atteindre ce montant critique. Par exemple si 10 clients disposant de 30.000 euros chacun souhaitent investir sur une obligation par regroupement de leurs ordres, il sera possible d’accéder à ce marché. Enfin, il est toujours possible de souscrire des parts de fonds gérés par des établissements spécialisés (banques, sociétés de gestion de portefeuille). Dans ce cas l’investisseur devra veiller aux différents frais liés au fonds (droit d’entrée et de sortie, frais de gestion, pénalités en cas de sortie anticipée). Les produits collectifs procurent souvent une rentabilité inférieure à celle que l’on peut obtenir sur un portefeuille dont les actifs sont achetés en direct.

 

LGE: Avec la remontée des anticipations inflationnistes et la hausse des besoins de financement publics, pensez-vous que les taux monteront rapidement?

Philippe Richard: Pour ma part le concept d’inflation reste un mystère. Le mystère provient de l’indice choisi pour déterminer le niveau de l’inflation. A titre d’exemple, actuellement l’indice d’inflation est à un niveau bas alors que le prix des loyers, par exemple, a subi une augmentation de 10% en 2008. Cette augmentation des loyers est liée à la hausse de l’indice de la construction qui est le principal élément servant au calcul des loyers. Il est admis qu’un locataire reste solvable si son loyer n’excède pas 30% de ses revenus. Sur le seul poste du logement locatif l’inflation représente au moins 3%! D’un autre coté, en économie, il est admis que la création de monnaie qui s’est produite lors des injections massives de liquidités en 2008 et 2009 a eu pour effet de créer de l’inflation qui génère une remontée des taux. La question est de savoir quand une tension sur les taux interviendra. Pour ma part je n’ai pas de réponse.

 

LGE: Les obligations convertibles en actions ont également vu un regain d’intérêt cette année. Quelle est votre opinion en ce qui concerne cette classe d’actifs?

Philippe Richard: Le regain d’intérêt des obligations convertibles provient des nouvelles émissions qui contrastent avec un manque qui perdurait depuis de nombreuses années. La dernière émission sur les obligations convertibles françaises remontait à juin 2008 avec Vilmorin. En 2009 le spectre s’est élargi avec en particulier Maurel&Prom, Peugeot, Arcelor, Eurazeo (Danone), Nexans, Cap Gemini, Unibail et Publicis. Ces titres dits hybrides ont un intérêt et sont classés selon trois types : les obligations convertibles, dites à profil «actions», qui ont le même comportement qu’une action; les obligations «mixtes» qui rapportent un coupon souvent supérieur à celui du dividende de l’action et suivent en partie la hausse ou la baisse de l’action support; enfin, les obligations convertibles de type «taux» qui ont un comportement identique à celui d’une obligation. Les obligations convertibles nouvellement émises appartiennent à la classe «mixte». Selon l’évolution du titre support elles passent durant leur vie d’une classe à l’autre. Par exemple si le cours monte fortement elles deviennent de type action et si le cours de l’action baisse fortement elles passent dans la classe taux.

 

LGE: Quels conseils en matière de placement donnez-vous aux épargnants?

Philippe Richard: Nous ne formulons pas de conseils généraux, car chaque investisseur est un cas particulier. Cette particularité se manifeste sur son horizon de placement, son goût ou son aversion au risque et bien sûr la répartition de son capital. Ne jamais oublier que les marchés sont ouverts tous les jours et que la précipitation n’est pas un acte raisonnable de gestion.

 

Pour en savoir plus :

Finance Fi, intermédiaire financier indépendant, tél. : 01 44 79 94 80

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